ds_gen N. 8 – 2009 – Memorie//Africa-Romana

 

Yann Le Bohec

Université de Paris IV-Sorbonne

 

L'expédition de Curion en Afrique: étude d'histoire militaire

 

 

 

(pubblicato in L’Africa romana. Ai confini dell’Impero: contatti, scambi conflitti. Atti del XV convegno di studio. Tozeur, 11-15 dicembre 2002, a cura di M. Khanoussi, P. Ruggeri, C. Vismara, Roma, Carocci editore, 2004, III, pp. 1603-1615)

 

 

Marquée par un succès sur les pompéiens et un échec devant les Numides de Juba I, l'expédition du césarien Curion en Afrique a retenu l’attention des chercheurs pour des raisons diverses[1]. Les uns ont été amenés à la traiter parce qu'elle s'insérait dans une histoire plus générale, de César ou de l'Afrique; dans ce cas, 1'épisode est souvent vu de manière superficielle et plus ou moins rapide[2]. D'autres, plus attachés à l’étude de cette province, ont essayé de reconstituer son itinéraire, de faire de la topographie; faute d'éléments matériels nouveaux, il est impossible de dépasser les connaissances actuelles en ce domaine, ce qui de toute façon n'a pas grande importance pour l'historien[3]. Mais tous ont été gênés par l'insaisissable personnalité de Curion, un personnage controversé qui se voulait "soldat de César", que ce dernier a accusé de présomption[4] et que Lucain a vivement critiqué.

Une étude d'histoire militaire pourrait permettre de sortir de ces .multiples impasses et d'aborder le sujet de manière plus distante[5]. Elle [p. 1604] impose en effet d'appliquer une stricte méthodologie, d'analyser les causes et le prétexte du conflit, de comptabiliser les forces en présence, d'examiner les stratégies et les tactiques et de décrire les conséquences de la guerre.

César, Dion Cassius, Lucain et Appien ont rassemblé l'essentiel des informations disponibles[6]. Mais plusieurs autres auteurs ont livré des détails de l'entreprise. Les historiens utilisent surtout César, qui insère cet épisode dans le IIe livre de la Guerre civile. Il a été renseigné par un témoin oculaire[7] qui n'est pas Curion, puisqu'il décrit la mort de ce dernier; mais son représentant lui a certainement envoyé des rapports avant de disparaître[8]. Il le décrit comme un bomme fidèle mais présomptueux. Le récit de César a peut-être inspiré Florus. Il aurait été utilisé par Tite-Live, dont le texte ne nous a pas été transmis et n'est connu que par un résumé aussi bref que sec[9]. Malgré la perte du texte de Tite-Live, plusieurs auteurs[10] ont écrit que ce dernier avait inspiré à la fois Dion Cassius, au ton relativement neutre, et Lucain, qui se montre aussi critique et virulent à l'égard de Curion qu'à l’égard de César, ce qu'il est difficile d'admettre. Lucain, par ailleurs donne beaucoup de vie à son personnage, et il paraît difficile de réduire son portrait à un stéréotype, celui du traître à la patrie[11].

Il existe une autre source primaire, Asinius Pollion, un officier qui a combattu sous les ordres de Curion. Mais ses écrits sont perdus, ce qui fait sans doute qu'on lui a beaucoup prêté. Il aurait été utilisé par un Grec anonyme qui aurait lui-même été utilisé par Appien[12]. Et Pollion aurait directement inspiré Suétone. Quant à Orose, il aurait lu et comparé, ce qui ne parait pas banal, à la fois César et Suétone[13]. Ajoutons deux auteurs mineurs pour notre propos, Cicéron qui, dans sa correspondance, est ici une autre source primaire, et Frontin, qui donne des précisions empruntées à César et à un témoin oculaire, peut-être Asinius Pollion.

[p. 1605] La question des causes et du prétexte de l'expédition menée par Curion ne se pose pas. Le personnage est intervenu dans un contexte de guerre civile entre César et Pompée, un conflit qui a éclaté le 12 janvier 49 avant J.-C., quand César a franchi le Rubicon. La stratégie de César dans la guerre civile comme dans la guerre des Gaules, consiste à frapper d'abord au cœur du dispositif de l'ennemi et ensuite a détruire ses forces placées à la périphérie. En 58, il ne chercha que des prétextes pour provoquer un grand conflit; dès 57, il s'attaqua aux Belges, de son propre aveu «de tous les peuples de la Gaule les plus courageux». En 49, il envahit l'Italie, où se trouvait Pompée. Tout de suite après l'en avoir chassé, il partit pour les Espagnes.

C’est dans le même temps qu'il envoya Curion en Afrique. S'il ne se rendit pas en personne dans cette province, c'est sans doute parce que les forces pompéiennes qui s'y trouvaient lui paraissaient moins dangereuses que celles qui défendaient la péninsule Ibérique. S'il n'attendit pas pour s'assurer le contrôle de cette région, c'est parce qu'elle possédait beaucoup de blé. Or elle était passée sous le contrôle des pompéiens depuis 55 avant J. -C.[14]. Ces mêmes ennemis avaient pris le contrôle de la mer. Ils pouvaient couper les approvisionnements de Rome, et ainsi provoquer dans la ville des émeutes qui auraient été dirigées contre César.

Curion reçut, en réalité, une double mission: s'emparer de la Sicile d’abord, de l'Afrique ensuite. César avait utilisé ses services avec bonheur dès le déclenchement de la guerre civile. Pendant que lui-même, à l'est, longeait le littoral de l'Adriatique, traversant le Picenum, fief de Pompée, il envoyait Marc Antoine vers l'ouest, à Arezzo, et Curion au centre, à Iguvium, avec trois cohortes. Et ce dernier s'acquitta parfaitement de cette première mission. Il connut également le succès dans la suivante. La Sicile, aux mains des pompéiens, représentait une menace sur le flanc de l'Italie devenue césarienne. Elle constituait un obstacle sur la route qui menait à l'Afrique et à son blé[15]. Et Lilybée que se trouvait la principale base navale de Rome, celle qui permettrait de traverser la Méditerranée. Il est vrai que Curion ne rencontra pas beaucoup de difficultés dans son entreprise: à l'annonce de sa venue, le gouverneur de la Sicile, Caton, prit la fuite, lui abandonnant sa province[16].

[p. 1606] La date de cette entreprise est connue avec une relative précision. Jérôme Carcopino[17] avait proposé le mois d'août 49 du calendrier officiel (soit juillet du calendrier julien). Stéphane Gsell[18], pour sa part, avançait une chronologie plus précise: il attribuait l'entreprise à la période qui va du 5 au 20 août du calendrier officiel (ce qui, pour lui, faisait du 13 au 28 juin du calendrier solaire). Des travaux récents confortent ces points de vue pour l'un, en reprenant la thèse du mois d'août[19], ou proposent une datation plus tardive, en septembre, pour l'autre[20].

Un tableau des forces en présence donne l'avantage aux pompéiens, au demeurant en raison d'un choix fait par Curion.

Le Sénat avait envoyé Tubéron comme proconsul. Mais Pompée ne s'en était pas soucié et il avait envoyé son propre représentant, P. Attius Varus, non pas comme proconsul ainsi qu'on l'écrit parfois, mais avec le titre de légat propréteur[21]. C'est ce que dit une inscription de Curubis (Korba), qui mentionne des travaux de fortifications portant notamment sur le mur, sur des tours et sur le fossé[22]. Il avait pour second C. Considius Longus, auquel le même texte donne également le titre de Varus, mais la suite des événements montre que l'un des deux légats l'emportait sur l'autre en autorité[23]. Varus disposait de deux légions[24]. Il en envoya une à Utique et l'autre à Hadrumète; cette dernière fut placée sous les ordres de Longus. En outre, il trouva dix navires à Clupea (Kelibia) qu'il confia à L. César, un autre de ses subordonnés[25].

Le parti pompéien possédait en Afrique un autre soutien en la personne de Juba I, roi de Numidie[26]. À l'est de la province romaine, [p. 1607] 1'Afrique était divisée en quatre royaumes[27]. La Maurétanie occidentale était séparée de la Maurétanie orientale par la Moulouya; la première avait pour roi Bogud et la seconde Bocchus II. La Numidie était également divisée en deux, scindée à la hauteur de Cirta; la partie ouest était administrée par un Massinissa et la partie est par Juba I. Fils de Hiempsal, ce dernier avait peu de raisons d'hésiter dans le choix de ses alliances. D'une part, il était lié avec Pompée par des liens d'hospitalité[28]; d'autre part, César et Curion l'avaient copieusement insulté. En 64, César lui avait tiré la barbe en public; en 62, il lui avait retiré le prince Masintha; et en 50, Curion avait proposé d'annexer ses états[29].

Juba I représentait une force non négligeable. Il possédait des domaines immenses[30], ce qui lui assurait dans une guerre l'essentiel, c’est-à-dire des hommes, du blé et de l'or. En ce qui concerne les effectifs, nous ne possédons pas de chiffres précis pour 49. Mais il est possible de faire un rapide tableau de l'armée numide. Le roi possédait une garde de deux mille cavaliers espagnols et gaulois[31], des mercenaires sans doute. Il disposait d'une infanterie et d'une cavalerie nombreuse, non chiffrée; la suite de la guerre civile incite à penser 'il pouvait aligner l'équivalent de deux légions sans difficultés. Le récit de la bataille qui les a opposés à Curion montre en outre que ces soldats avaient reçu une solide formation, qu'ils étaient bien disciplinés et que les fantassins savaient manœuvrer comme des légionnaires. Il pouvait également compter sur cent vingt éléphants. Il utilisait en plus le concours de clients et d'alliés. Florus parle de la cavalerie maure[32]. Lucain, dans un passage très littéraire qui reprend quelques lieux communs de l'exotisme des Romains[33], propose un catalogue succinct mais coloré de ces auxiliaires, les Gétules qui montent des chevaux sans équipement, à peu près comme les Massyles qui ignorent le frein, et les Marmarides qui combattent avec l'arc[34]. Dans la tradition littéraire, le recours à l'arc désigne les lâches qui combattent de loin, alors que les peuples courageux se battent avec l'épée au corps à corps. C'est Eschyle, dans Les Perses, qui a le plus joliment illustré ce topos.

[p. 1608] Utique se trouvait prise entre césariens et pompéiens[35]. C'était la principale ville de la province et sa capitale, la résidence du gouverneur, et également un centre économique actif et un grand port. La ville était protégée par de puissants remparts. A mille pas d'Utique à vol d'oiseau, mais six mille par la route, se trouvaient les castra Cornelia, un camp installé par Scipion l'Africain[36] (la distance était donc respectivement de 1,479 km et de 8,874 km); la distance est réduite à 3,5 km si on adopte les propositions de localisation de G. Veith. Un port avait été aménagé ici aussi. Varus avait établi son camp à Utique, hors des murs, contre le rempart et le théâtre[37]. Des fouilles archéologiques effectuées vers le milieu du XXe siècle ont montré qu'il y avait deux théâtres à Utique et que le camp de Varus avait du être installé non à l'est mais au sud-ouest de la ville[38]. L'attitude des habitants d'Utique parait assez difficile a estimer. César dit qu'ils lui étaient très favorables[39]. Mais Appien rapporte qu'ils ont empoisonné les puits des castra Cornelia, pour gêner les hommes de Curion[40].

Du coté des césariens, il faut d'abord compter avec Curion, que César avait investi du titre de propréteur[41]. Agé de 35 ans, et fils de consul, Curion passait pour séduisant et intelligent. Les modernes lui reconnaissent des qualités politiques[42], mais sont plus partagés sur ses talents militaires[43]. Ils oublient la prise d'Iguvium, la conquête de la Sicile et des succès remportés au détriment de Varus pour ne voir que la défaite finale face à Juba I.

Curion avait reçu quatre légions, mais César les mésestime: les soldats de ces unités n'auraient pas inspiré confiance[44]. Ils avaient en effet servi sous Pompée et, à l'issue du siège de Corfinium, ils s’étaient [p. 1609] à César qui les avait épargnés, manifestant sa clementia. Il appuie son argumentation sur la défection de deux centurions et de vingt-deux hommes[45]. En fait, les déserteurs furent très peu nombreux et l'on remarque que ces hommes ont très bien combattu contre les pompéiens au point de les vaincre et qu'ils n'ont été eux-mêmes contre vaincus que par les Numides de Juba I. César cherche donc des excuses à cet échec là où il n'y a pas lieu d'en chercher.

Curion avait laissé deux légions en Sicile, soit parce qu'il pensait qu’il lui fallait assurer ses arrières soit parce qu'il estimait qu'il pourrait venir à bout de ses ennemis sans difficulté. Il partit pour l'Afrique avec deux légions, cinq cents cavaliers, de l'infanterie légère en nombre inconnu[46], douze navires de guerre[47] et de nombreux navires de transport, également en quantité non chiffrée[48]. Il était aidé par Marcius Rufus (et pas "Marcus Rufus", comme on l'écrit parfois), son questeur auquel il avait confié le commandement de la flotte[49]. On connaît deux autres de ses officiers, C. Caninius Rebilus[50] et Cn. Domitius[51]. Curion avait donc des effectifs comparables à ceux de Varus, mais les forces de Juba I créaient un vrai déséquilibre; en était-il conscient ?

Pour faire le récit de la campagne de Curion en Afrique, il convient de distinguer trois étapes: des opérations préliminaires, les succès de Curion face aux pompéiens et son échec final face aux troupes de Juba I.

Le transport par bateaux se fit en deux jours et demi depuis Lilybée[52]. Le débarquement eut lieu en un site non identifié et appelé Anquillaria[53], qui se trouve entre Clupea (Kelibia) et Carthage[54], à 22000 [p. 1610] pas de Clupea d'après César, à 17000 si on accepte une correction du texte due à S. Gsell, ce qui réduirait la distance de 32,538 km à 25,143 km. L. César qui se trouvait à Clupea (également appelée Aspis) quitta alors son port; ce fut une simple manœuvre pour Dion Cassius[55], une fuite pour César qui indique que son ennemi, perdit une trirème dans la précipitation[56]. Curion envoya à Utique la flotte qui était aux ordres de Rufus[57]. Lui-même partit avec l'armée par la route dans la même direction. Au bout de deux jours de marche, il arriva au Bagrada, la Medjerda des modernes[58]. Il installa un premier camp, sous la responsabilité de C. Caninius Rebilus, près du fleuve[59]. Il choisit les castra Cornelia pour y établir un deuxième camp dont il prit le commandement[60]. Il estimait le site très propice pour assurer sa sécurité. Et, pour renforcer cette sécurité, il fit installer un poste d'observation une statio[61]. Dans le même temps, C. Considius Longus prit lui aussi le chemin d'Utique pour mettre la légion d'Hadrumète aux ordres de Varus[62].

Avant d'engager les opérations, Curion prit une sage mesure en assurant la logistique de sa troupe. Conformément au droit de la guerre dans l'Antiquité, il pilla, en particulier les convois qu'il rencontrait en chemin[63]. Ayant appris que deux cents navires de commerce se trouvaient dans le port d'Utique, il fit savoir aux commandants de ces bateaux qu'ils devaient se rendre dans le port des castra Cornelia, où leurs marchandises seraient achetées et payées, mais qu'ils seraient considérés comme ennemis s'ils restaient en rade d'Utique et donc qu'ils s'exposaient à devenir victimes de pillages. Ils obtempérèrent à la menace[64].

En un second temps, Curion remporta des succès militaires aux dépens des pompéiens.

[p. 1611] Varus avait fait sortir des troupes pour protéger les convois attaqués par les césariens. Quatre cents fantassins et six cents cavaliers numides s'avancèrent hors du camp; c'étaient des soldats prêtés par Juba I, et ils étaient donc placés sous commandement romain. Ils perdirent cent vingt hommes lors d'un choc de cavalerie et abandonnèrent le terrain[65].

Comme il leur avait procuré du butin, ses hommes furent particulièrement satisfaits de Curion et l'acclamèrent en lui donnant le titre d’imperator[66]. Pour le porter, il lui fallait cependant attendre que le Sénat et sans doute aussi son chef César, confirment cette décision.

Curion décida alors de s'emparer d'Utique et, à cette fin, il installa un nouveau camp près de la ville[67]. Varus, un pompéien rescapé de Corfinium, qui s'appelait en réalité Sex. Quinctilius Varus et que les modernes ont parfois confondu avec son supérieur, P. Attius Varus, s'adressa aux soldats de Curion en essayant de les ramener dans son camp[68]. César n'insiste pas sur l'échec de cette harangue. Au contraire, il dramatise un conseil de guerre qui suivit[69]. Après avoir entendu des avis opposés, les uns proposant d'attaquer tout de suite, les autres de faire retraite vers les castra Cornelia, Curion décida de temporiser. Il voulait d'abord s'adresser à ses hommes, ce qu'il fit et qui leur redonna bon moral[70]. Dans l'Antiquité, les discours ont toujours pris le grande importance, notamment quand un général s'adressait à ses hommes.

Encouragés par le discours de Curion[71], par leur première victoire et par l'annonce des succès de César dans les Espagnes, les soldats étaient prêts pour une bataille que chacun espérait décisive. Aucun auteur ne donne de précisions sur l'ordre de bataille adopté[72]. César indique seulement que Varus renforça son aile gauche, où il plaça toute sa cavalerie et beaucoup d'infanterie légère, pour lui faire porter le [p. 1612] poids du premier assaut[73]. Curion, qui avait mis la cavalerie et deux cohortes de Marrucins à sa droite, leur ordonna de repousser les assaillants, ce qui fut fait[74]. Chez les pompéiens, le signal de la retraite fut donné par les cavaliers; l'infanterie légère suivit; puis toute l'armée prit la fuite. Ce fut la débandade et le massacre[75]. Le bilan traduit la supériorité des césariens, même s'ils étaient d'anciens pompéiens de Corfinium, sur leurs adversaires. Curion n'avait perdu qu'un centurion, un homme qui s'était trop avancé pour tuer Varus et qui avait failli réussir[76]. Du côté de Varus, on compta six cents morts et mille blessés[77].

Curion fit donc entreprendre les travaux nécessaires pour le siège d'Utique. La prise de la capitale mettrait fin au conflit en Afrique, du moins semble-t-il l'avoir cru, parce que Varus avait abandonné son camp et s'était réfugié dans la ville avec ses hommes[78]. Si César a eu raison quand il a écrit que les habitants de cette cité lui étaient favorables, la situation de Varus pouvait passer pour très difficile voire désespérée. Pourtant, une nouvelle changea profondément la situation: l'arrivée des Numides de Juba I fut annoncée[79]. Curion ne semble pas avoir pris cette information à la légère. Il abandonna ses travaux de poliorcétique, se replia vers les castra Cornelia[80], en renforça les défenses et demanda aux deux légions et à la cavalerie qu'il avait laissées en Sicile de venir le renforcer[81].

Vainqueur des Romains de Varus, Curion fut battu par les Numides de Juba I. Ce fut la bataille du Bagrada[82]. Curion fit avancer sa cavalerie en début de nuit[83]. Il remporta un premier succès devant le camp de Saburra, le général de Juba I; quelques Numides furent massacrés; puis les Romains se replièrent sur une colline avant de redescendre [p. 1613] en plaine[84]. Ensuite il poursuivit sa progression vers les troupes que Juba I avait envoyées, et qu'il croyait peu nombreuses

Après i6 milles de marche[85], soit 23,664 km, les Romains trouvèrent en face d'eux les hommes de Saburra disposes en ordre de ha taille en un site discuté[86]. D'une part ils étaient fatigués par leurs mouvements longs et effectués de nuit D autre part, Juba i recourut à une ruse, à un stratagème. Il avait donne un conseil a Saburra Ce dernier devait faire croire qu'il était seul, que le roi était retenu aux frontières par une attaque d'autres ennemis[87]. Dans la mentalité des Romains, le stratagème possède une valeur ambiguë[88]. Il prouve l'intelligence de son auteur s'il a été conçu par un des leurs; il est au contraire un acte déloyal s'il est inventé par un ennemi.

Dès que l'engagement commença, Saburra recourut à un deuxième stratagème qui devait renforcer les effets du premier. Il donna a ses troupes un ordre de repli lent qui fut parfaitement exécuté[89], ce qui montre que l'infanterie numide avait acquis une grande maîtrise dans l'art de la guerre. Ces soldats se conduisaient en vrais professionnels. Sur un ordre, quand les renforts conduits par Juba I furent arrivés a portée, ils repartirent vers l'avant, isolèrent 1’avant garde de Curion[90] puis tournèrent ses deux ailes; la cavalerie numide prit a revers le dispositif du césarien[91]. Les Romains désespérèrent pour deux raisons[92]. D'une part, ils étaient recrus de fatigue, d’autre part ils furent surpris par l'arrivée d'ennemis nombreux au point qu'ils pensèrent que ces derniers possédaient une énorme supériorité numérique[93]. Alors commença une fuite générale[94] qui se transforma en désastre quand Juba I mit dans la bataille toutes les forces qui l'avaient accompagné, sa garde, soixante éléphants et le reste de son armée[95].

[p. 1614] Sur le plan militaire, le bilan fut lourd pour les césariens[96]. Quinze cohortes et la cavalerie de Curion avaient été anéanties Curion mourut au combat et sa tète coupée fut apportée à Juba I[97]. Beaucoup de soldats avaient été tués. Quelques-uns se rendirent à Varus[98]. Refusant de pratiquer la clementia chère à César, il les livra au roi de Numidie qui les fit mettre à mort[99]. D'autres cherchèrent à fuir, surtout des cavaliers[100]. Ils surchargèrent des navires qui, ne pouvant manœuvrer, se heurtèrent ou, étant trop chargés, sombrèrent[101], et ces hommes qui avaient échappé aux coups des Numides périrent noyés. Seuls quelques-uns réussirent à gagner la Sicile, notamment Flamma et Asinius Pollion[102].

Sur le plan politique[103], le Sénat pompéien, qui se trouvait en Macédoine, reconnut le titre de roi que portait Juba I, ce qui ne portait pas à conséquence. César, qui ne pouvait rester sans rien faire, honora Bocchus et Bogud du même titre de rois. Il jouait sur les rivalités internes aux Africains, cherchant l'appui des Maures contre les Numides. Et il proclama Juba i ennemi public, ce qui n'avait pas grande signification dans ce contexte.

Du point de vue des Romains, qui vivaient une guerre civile, César venait d'essuyer un échec. Curion avait commis deux erreurs: il avait mené au combat des hommes fatigués et il n'avait pas assez bien fait fonctionner son service de renseignements. Mais, avant la bataille du Bagrada, il avait remporté des succès.

En ce qui concerne l'Afrique, trois enseignements sont à tirer de cet épisode. D'abord, la richesse de cette région, et en particulier son blé, lui donnaient une grande importance. Ensuite, la Numidie prenait part aux jeux politiques des Romains; elle devenait un élément de leur guerre civile. Ces deux premiers points sont assez bien connus. En [p. 1615] revanche, le troisième mérite d'être souligné. En effet, un examen attentif des textes montre que l'armée de Juba I était organisée sur le modèle général de l'époque hellénistique: le roi possédait une garde un corps de bataille professionnel et des auxiliaires. Il savait utiliser des stratagèmes, parce qu'il les avait appris; il possédait une culture militaire.

 

 



 

[1] Il faut partir du mémoire d'A. MOINIER, Une expédition en Afrique en 49 avant J.-C. : épisode de la guerre civile, «RAfr», XLIV, 1900, p. 6-43, souvent oublié mais précieux. Voir aussi A. FERRABINO, Curione in Africa: 49 a. C., «Atti Accademia di Scienze di Torino», XLVIII, 1912-13, p. 419-513; A. LA PENNA, La campagna di Curione in Africa, dans L’ultimo Cesare, Atti del convegno internazionale (Cividale del Friuli, 16-18 sett. 1999), Roma 2000, p. 175-210.

 

[2] G. VEITH, dans J. KROMAYER, Antike Schlachtfeldern in Italien und Afrika, III, 2, Berlin 1912, p. 730-60; J. CARCOPINO, Jules Cesar, Paris 1968 p 439 43; H, OPPERMANN, Julius Caesar, Reinbek-bei-H. 1968, p. 113, E. HORST, César, Paris 1981, p. 267, 276 et 423, note 17, C. Meier, César, Paris 1989, p. 368 et 377; R. Etienne, Jules Cesar, Paris 1997, p. 143-4; L. CANFORA, César, le dictateur démocrate, Paris 2001, p 173 et 394 note 51; Y LE BOHEC, César, chef de guerre, Paris-Monaco 2001 p 354-60.

 

[3] ST. GSELL, Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, VIII, Paris 1930, p. 1-24; P. ROMANELLI, Storia delle province romane dell’Africa, Roma 1959, p 111-7; Ch.-A. Julien, Histoire de l’Afrique du Nord, I, Des origines à la conquête arabe, Paris 1968, p. 119.

 

[4] CAES., civ., II, 37, 2 et 38, 2.

 

[5] Sur le contexte général, voir G. BRIZZI, Storia di Roma, Bologna 1997, p. 397-425.

 

[6] GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 9; ROMANELLI, Storia delle province romane dell'Africa, cit., p. 114; H. Gesche, Caesar, Darmstadt 1976, p. 121-6; H. Strasburger, Caesars Eintritt in die Geschichte, Darmstadt 1966, p. 24-44.

 

[7] ROMANELLI, Storia delle province romane dell'Africa, cit., p. 114, note 2.

 

[8] CANFORA, César, cit. p. 394, note 51.

 

[9] LIV. perioch., 110. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 9.

 

[10] GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 9.

 

[11] P. ESPOSITO, La fine di Curione in Lucano (Phars. IV 581-824), «Vichiana», 4e s., 11, 1, 2000, p. 37-54.

 

[12] E. GABBA, Appiano e la storia delle guerre civili, Firenze 1956, VIII-266 p.; E. Hohl, «Hermes», LXXX, 1952, p. 246-9; GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 9.

 

 

[13] T. HIRSCHBERG, «Hermes», 119, 1, 1991, p. 84-93.

 

[14] GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 1-2.

 

[15] MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 9; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 439.

 

[16] Dio Cass., XLI, 41; Oros., VI, 15, 7. ROMANELLI, Storia delle province romane dell’Africa, cit., p. 114; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 339-40 et 381.

 

[17] CARCOPINO, Jules César, cit., p. 440.

 

 

[18] GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 7-8.

 

[19] E. WISTRAND, The date of Curio's Campaign, «Eranos», LXI, 1963, p. 38-44.

 

[20] K. BARWICK, Caesars Bellum Civile, Berlin 1951, p. 99.

 

[21] Luc., IV, 666-667. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., 1930, p. 3; Romanelli, Storia delle province romane dell'Africa, cit., p. 114. Oros., VI, 15, 7, en fait un césarien, évidemment par erreur.

 

[22] A. DEGRASSI, Inscriptiones Latinae Liberae Rei Publicae, Firenze 1965, n° 394 = CIL VIII, 24099.

 

[23] Inscription citée ci-dessus. CARCOPINO, Jules César, cit., p. 439.

 

[24] Caes., civ., II, 24, 1. CARCOPINO, Jules César, cit., p. 439; GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 4, place une légion à Hadrumète et deux à Utique; E. Horst et C. Meier, passages cités, lui attribuent également trois légions, manifestement par erreur.

 

[25] Caes., civ., II, 23, 3. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 15; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 439.

 

[26] Luc., IV, 670.

 

[27] CARCOPINO, Jules César, cit., p. 439.

 

[28] CAES., civ., II, 25, 4.

 

[29] CAES., civ., II, 25, 4; Luc., IV, 689-691; Dio Cass., XLI, 41.

 

[30] LUC., IV, 671-673.

 

[31] CAES., civ., II, 40,1. Moinier, Une expédition en Afrique, cit., p. 35.

 

[32] FLOR., II, 13, 34.

 

[33] LUC., IV, 677-683.

 

[34] LUC., IV, 773-776.

 

[35] MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 10-1 et 23. A. Lézine, Utique, Tunis 1970, 113 p., surtout utilisable pour l'époque impériale.

 

[36] MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 12-13.

 

[37] CAES., civ., II, 25, 1. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 23-4; LE BOHEC, César, cit., p. 357.

 

[38] A. LÉZINE, Précisions topographiques sur un épisode de la guerre civile, «Karthago», VII, 1956, p. 129-38.

 

[39] Caes., civ., II, 36, 1. ROMANELLI, Storia delle province romane dell'Africa, cit., p. 111.

 

[40] App., II, 7, 44.

 

[41] RE, s.v. Scribonius Curio [F. Münzer], II A, 1, 1921, col. 867-876; GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 5; ROMANELLI, Storia delle province romane dell'Africa, cit., p. 114; Der Neue Pauly, s.v. Scribonius Curio [J. Bartels], I, 4, Xl, 2001, col. 302-303; Le Bohec, César, cit., p. 355.

 

[42] H. HOFFERMANN, Curio, miles Caesaris?, «Hermes», 195, 1977, p. 351-68.

 

[43] MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 20.

 

[44] CAES., civ., II, 27, 2; 29; Luc., IV, 695-699.

 

[45] CAES., civ., II, 27,1. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 26.

 

 

[46] CAES., civ., II, 23,1 (ne parle pas de l'infanterie légère); App., II, 7, 46. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 17 (8.000 fantassins et 500 cavaliers); Gsell, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 10; Le Bohec, César, cit., p. 355.

 

[47] CAES., civ., II, 23, 5. CARCOPINO, Jules César, cit., p. 440.

 

[48] App., lI, 7, 44 et 46 (quarante-quatre navires de transport d'après Moinier, Une expédition en Afrique, cit., p. 18).

 

[49] CAES., civ., II, 23,5. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 20.

 

[50] CAES., civ., II, 34, 4. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 20.

 

[51] CAES., civ., II, 42, 3-4.

 

[52] CAES., civ., II, 23,1; Luc., IV, 583. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 21; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 440.

 

[53] CAES., civ., II, 23,1 (et pas Utique: App., II, 7, 44, par erreur). MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 22; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 440; S. AOUNALLAH, Le Cape Bon, jardin de Carthage. Recherches d'épigraphie et d'histoire romano-africains (146 a.C. – 235 p.C.), Bordeaux 2001, p. 332-4.

 

[54] LUC., IV, 585-586. Anquillaria est au nord de Clupea pour beaucoup d'auteurs qui se fient absolument à Lucain; ce site pourrait se trouver au sud: Le Bohec, César, cit., p. 355.

 

[55] DIO CASS., XLI, 41.

 

[56] CAES., civ., II, 23,3. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 22; LE BOHEC, César, cit., p. 355.

 

[57] CAES., civ., II, 24, 1.

 

[58] CAES., civ., II, 24, 1. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 22; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 440; LE BOHEC, César, cit., p. 355.

 

[59] CAES., civ., II, 24, 2 Luc., IV, 587.

 

[60] CAES., civ., II, 24, 2-3. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 11.

 

[61] Caes., civ., II, 26, 2.

 

[62] MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 22.

 

[63] CAES., civ., II, 25, 3; 7; 33, 12. Episode mal compris par MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 24.

 

[64] Voir note précédente. CARCOPINO, Jules César, cit., p. 440.

 

[65] CAES., civ., II, 25,3-5; App., II, 7, 44. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 25-6;

GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 12; LE BOHEC, César, cit., p. 357.

 

[66] CAES., civ., II, 26, 1; App., II, 7, 44.

 

[67] CAES., civ., II, 26, 1. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 14.

 

[68] CAES., civ., II, 28,1-3, qui accorde beaucoup de place a ce discours. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 15; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 440; LE BOHEC, César, cit., p. 357.

 

[69] CAES., civ., II, 30-31. LE BOHEC, César, cit., p. 358.

 

[70] CAES., civ., II, 32, 2-14.

 

[71] CAES., civ., II, 33, 1.

 

[72] Sur ces événements, outre Caes., civ., II, 33, 2-3, et références données ci-dessous, Flor., II, 13, 34. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 17-8.

 

[73] CAES., civ., II, 34,1.

 

[74] CAES., civ., II, 34, 3.

 

[75] CAES., civ., II, 34, 3 et 6.

 

[76] CAES., civ., II, 35,1-2.

 

[77] CAES., civ., II, 35,5; App., II, 7, 44; DIO. CASS., XLI, 41. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 32 et 33; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 442; LE BOHEC, César, cit., p. 358.

 

[78] CAES., civ., II, 35, 6 et 36, 1. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 33; GSELL, Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, cit., p. 18.

 

[79] CAES., civ., II, 36, 3.

 

[80] CAES., civ., II, 37, 3. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 33.

 

[81] CAES., civ., II, 37, 4.

 

[82] Voir César, cité ci-dessous; App., lI, 7, 46. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 20-2; ROMANELLI, Storia delle province romane dell'Africa, cit., p. 115; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 442-3; LE BOHEC, César, cit., p. 359.

 

[83] CAES., civ., II, 38, 3-4; Luc., IV, 732-733 et 741.

 

[84] CAES., civ., II, 38, 4-5; App., II, 7, 45.

 

[85] CAES., civ., II, 39, 1 (d'abord 6 milles) 39, 6, et 41 5 (16 milles en tout).

 

[86] Au Koudiat Touba pour MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 38-9 ; à 1,5 km au nord de Djedeida pour G. VEITH, dans J. KROMAYER, Antike Schlachtfeldern, cit.

 

[87] LUC., IV, 720 et 744-745; Front., Str., II, 5; App., II, 7, 43; DIO CASS, XLI, 41; GSELL, Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, cit., p. 19; LE BOHEC, César, cit., p. 358.

 

[88] E. L. WHEELER, Stratagem and the Vocabulary of Military Trickery, «Mnemosyne», 108, 1988, XVII-124 p.

 

[89] CAES., civ., II, 40, 2.

 

[90] CAES., civ., II, 41, 2 et 6.

 

[91] CAES., civ., II, 41,5; App., II, 7, 45.

 

[92] CAES., civ., II, 41, 8.

 

[93] CAES., civ., II, 41, 7.

 

[94] CAES., civ., II, 42, 3-4.

 

[95] CAES., civ., II, 40, 1.

 

[96] CAES., civ., II, 39, 1; App. II, 7, 45; Dio Cass., XLI, 41; Oros, VI, 15, 9. MOINIER, Une expédition en Afrique, cit., p. 37; ROMANELLI, Storia delle province romane dell'Africa, cit., p. 115; CARCOPINO, Jules César, cit., p. 443; LE BOHEC, César, cit., p. 359-60.

 

[97] CAES., civ., II, 42, 4 et 43, 1-4; Luc., IV, 798-799; Svet., Caes., XXXVI, 1; App., II, 7, 46; Hier., chr., Il, 137 h, édit. Schöne. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 23. Les sources disent que Curion a été tué ou qu'il s'est suicidé; les deux versions ne sont pas incompatibles: sur le point d'être pris et tué, il a pu préférer le suicide.

 

[98] CAES., civ., II, 44, 2; Dio Cass., XLI, 42.

 

[99] CAES., civ., II, 44, 2; App., II, 7, 46. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 24.

 

[100] CAES., civ., II, 42, 5.

 

[101] App., II, 7, 46.

 

[102] App., II, 7, 45 et 46. GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, cit., p. 23-4.

 

[103] Dio Cass., XLI, 42.