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Le développement du droit
privé européen
LE RôLe DE
— Table des
matières —
Préface
Introduction
Partie I
Les origines du droit privé
européen
§
1. Le droit romain en Europe occidentale jusqu’à la codification
de Justinien
1.
Les Leges Romanae Barbarorum
2.
3.
4. L’Edictum Theodorici
§
2. La codification (compilation) de Justinien
§ 3. Le
droit romain et la science juridique en Europe au Moyen Âge
1.
La survivance du
droit romain en général
2.
Le droit romain dans
les territoires grecs
3.
Le droit romain et la
science juridique en Italie
4.
Le ius commune
§ 4. Le
droit canonique (ius canonicum)
Partie II
La survivance du droit romain en Europe
§ 1.
1.
Aperçu
général
2.
Les Glossateurs
3.
Le droit commun (ius commune)
§ 2. La
péninsule ibérique
1.
Aperçu
général
2.
L’Espagne
3.
Le Portugal
§ 3. Les
îles britanniques
1.
Aperçu
général
2.
L’Angleterre
3.
L’Écosse
4.
L’Irlande
§ 4. Le
Saint Empire romain,
1.
Le Saint Empire
romain
2.
Les Pays-Bas
3.
4.
Les territoires
héréditaires autrichiens (l’Empire autrichien)
5.
§ 5.
L’Europe du Nord
1.
Aperçu
général
2.
Les territoires
danois
3.
Suède
4.
Finlande
5.
L’unification
du droit privé
§ 6.
1.
Aperçu
général
2.
3.
§ 7.
1.
Le droit romain au Moyen Âge
a. Aperçu
général
b. Les lois (decreta) du roi
Saint-Étienne
c.
L’époque de la pénétration du droit romain
d. Le Tripartitum de Werbőczy
2.
Le droit romain depuis 1514 jusqu’au XIXe siècle
3.
La présence des institutions du droit romain
4.
La science du droit romain (du droit privé) au XIXe
siècle
5.
Le processus de la codification du droit privé hongrois
6.
L’enseignement du droit romain (du droit privé) en
Hongrie
§ 8. Les États balkaniques et les
principautés danubiennes (
1.
Aperçu général
2.
3.
4.
Le Monténégro
5.
Les principautés danubiennes (
6.
§ 9.
1.
Les traditions
juridiques byzantines
2.
La consolidation
(codification) du droit
3.
La codification du
droit privé au XXe siècle
4.
Les pays baltes
Partie III
La science juridique fondée sur la
tradition romaniste et celle comparative des droits de l’Antiquité
en Europe
§ 1. Les
Humanistes
1.
Aperçu
général
2.
L’École
Humaniste et l’Antiquité gréco-romaine
3.
4.
L’Espagne
5.
L’Allemagne
6.
Les Pays-Bas
§ 2. Le
développement de la science juridique en Allemagne
1.
Aperçu
général
2.
L’usus modernus pandectarum
3.
L’École
du Droit naturel
4.
L’École
historique du droit (Historische Rechtsschule)
§ 3.
L’influence de la science juridique allemande sur le plan européen
1.
2.
L’Autriche
3.
L’Italie
4.
5.
L’Europe du
Nord
6.
Les États
balkaniques et
7.
§ 4. La
science juridique basée sur l’analyse des droits de
l’Antiquité et les recherches comparatives
1.
La tendance générale de l’histoire du droit et
le droit comparé
2.
Le rapport du droit romain avec les autres droits antiques et
l’orientalisme émergeant
3.
L’influence de l’élargissement de la source-base sur les recherches comparées
4.
La tendance de la science juridique comparée et la recherche
relative aux droits antiques
5.
Le courant de l’« antike Rechtsgeschichte »
6.
Les courants et tendances de la comparaison juridique antique dans
la littérature des dernières décennies
§ 5. La
science juridique européenne et les tendances modernes de la recherche
du droit romain
1.
Aperçu
général
2.
La recherche
d’interpolations
3.
La papyrologie
juridique
4.
D’autres
tendances
5.
La science du droit
romain contemporaine
Partie IV
L’influence du droit romain et de la
tradition romaniste en dehors de l’Europe
§ 1.
L’Amérique du Nord
1.
Les États-Unis
2.
Le Canada — Le
Québec
§ 2.
L’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud
1.
Aperçu
général
2.
L’Amérique
Centrale
3.
L’Amérique
du Sud
§ 3.
L’Afrique du Sud
§ 4. Les
pays de l’Asie
1.
Aperçu
général
2.
Le Ceylan (Sri Lanka)
3.
L’Indonésie
4.
Le Japon
5.
6.
7.
8.
Les Philippines
Liste des abréviations
Littérature générale
Index des noms et titres
Cet ouvrage, comme
son titre l’indique, décrit le développement du droit
privé européen, et en particulier le rôle joué par
la tradition romaniste dans la formation du droit privé moderne. Ce
livre est une variante abrégée du livre « Le
développement du droit privé européen. Le rôle de la
tradition romaniste dans la formation du droit privé
moderne », publié en hongrois en 2002. L’ouvrage puise
de plus dans le manuel d’András Földi et Gábor Hamza
intitulé « Histoire et institutes du droit
romain », publié en hongrois en premiėre
édition en 1996. La structure de l’ouvrage est la suivante : 1)
les origines du droit privé européen ; 2) la survivance du
droit romain en Europe ; 3) la science juridique fondée sur la
tradition romaniste des Temps modernes en Europe ; 4) l’influence du
droit romain et de la tradition romaniste en dehors de l’Europe.
Les travaux traitant de l’histoire
du droit privé, que cela soit vue par des
problématiques particulières ou par des présentations
d’ensemble, suivent en général des modèles
très différents. Certains auteurs, en présentant
l’évolution de la réglementation de droit privé,
s’efforcent à embrasser l’ensemble du droit,
indépendamment du fait de savoir à quel groupe ou système
juridique les normes étudiées appartiennent (c’est ce
qu’ont tenté par exemple Koschaker, Schlosser et Wesenberg), alors
que d’autres se sont concentrés sur certains systèmes ou
familles juridiques prédéfinis (notamment Brauneder
et Wesener). De même, l’histoire externe
du droit privé peut aussi être exposée par
l’étude de l’histoire de ses institutions et de la science
du droit privé. Dans cet ouvrage, j’ai également pris en
compte – évidemment seulement dans la mesure où les limites
de cette étude me l’ont permis – le droit canonique, partie
organique du ius commune, et dont
l’importance effective se retrouve pourtant chez certains auteurs
recalée à l'arrière-plan – ainsi par exemple chez Koschaker.
La plupart des études
s’occupant de l’histoire du droit privé se contentent de
présenter l’ « historia
externa » du droit privé, en n’apportant tout au plus les
exemples dogmatiques qu’en vue d’illustrer leurs propos. Il est
vrai que Wieacker en particulier consacre
également une place relativement importante à l’histoire de
la science du droit, mais pour le moment, Coing reste le seul à avoir
entrepris une présentation d’ensemble de l’histoire des
institutions du droit privé.
Dans cet ouvrage,
j’ai tenté d’appliquer une méthode nouvelle sous
plusieurs aspects, par rapport aux modèles ci-dessus mentionnés.
A ce propos, je voudrais tout d’abord souligner que dans le cadre de l’histoire
du droit privé, j’ai essentiellement mis l’accent, non pas
de manière exclusive, mais cependant déterminante, sur la
présentation de la survivance du droit romain, ainsi que de son
influence sur les systèmes juridiques postérieurs. La raison de
ce choix ne se trouve pas uniquement dans le fait que la tradition juridique
romaine est l’une des pierres angulaires de l’identité
culturelle européenne. En effet, j’ ai
été guidé aussi par la considération que, dans le
cadre de l’histoire universelle du droit privé, le « courant
romaniste » détient, sans aucun doute, une importance particuliėre. Je dois ajouter que cet aspect assure
tout autant, dans la présentation de notre matière, un suivi de
la continuité historique de l’Antiquité à nos jours,
qu’une approche de l’évolution des différents
systèmes juridiques du monde à partir d’un point de vue
commun. Il semble évident que l’on ne peut pas se former une image
adéquate des systèmes juridiques actuels sans la connaissance du
passé juridique commun. Dans l’ouvrage de René David,
désormais considéré comme un classique, les traditions
historiques sont ainsi fortement remises au second-plan,
ce dont il résulte, de mon avis, un classement beaucoup trop
accentué et artificiel des différents systèmes de droit
dans différentes familles juridiques. C’est également le
refus de considérer les traditions enracinées dans le droit
romain qui a entraîné l’accentuation de l’autonomie de
la famille juridique dite socialiste, dont le caractère artificiel en
Europe est devenu évident dans les années 1950, comme le
résultat de la division juridique et politique de l’Europe,
scindée en deux.
Durant la rédaction de cet
ouvrage, d'une part, c'est l’abondance, quasi inextricable, de la
littérature spécialisée qui a posé la plus grande
difficulté, puis d’autre part, l’accès, souvent
difficile, à certains ouvrages ou périodiques. Certes, il peut
paraître dès le départ illusoire de présenter de
manière exhaustive rien qu’un seul aspect
du thème global dont il est question, dans un ouvrage aux volumes finalement
limités, relativement tout du moins à l’ampleur du sujet
soulevé. Il reviendra au lecteur de décider dans quelles mesures
j’ai réussi. Dans tous les cas, pour chaque État
étudié je me suis efforcé à utiliser la
bibliographie la plus moderne et authentique, bien que cela n’ait
certainement pas pu être systématiquement réalisé.
J’ai
présenté le droit romain, assumant une tâche fondamentale
dans la création d’un droit privé européen, comme
base des systèmes juridiques contemporains. Allant de
l’époque byzantine jusqu’à nos jours, ce livre
analyse l’influence du droit romain sur la plupart des pays
européens et d’outre-mer, y compris les États-Unis
d’Amérique. Sont déployés, de façon
succincte, les résultats d’une longue décade de recherche.
C’est la première fois, même au niveau international, que le
développement du droit privé des différents pays, toujours
sur la base du droit romain, est décrit de façon concise mais en
même temps bien documentée. Ce livre retrace la survivance ainsi
que le développement d’un certain nombre d’institutions
juridiques d’importance fondamentale, afin que le lecteur puisse y
trouver une analyse de leur continuité.
Le droit romain joue en tant que
« dénominateur commun » le rôle principal
dans la présentation du développement du droit privé des
différents États. Ce rôle est dû au phénomėne de la réception du ius Romanum en
Europe. Cette réception du droit romain a pris des formes
différentes selon les cas, et son ampleur variait naturellement suivant
des besoins particuliers. Dans une partie des pays, comme en Allemagne par
exemple, on peut parler d’une réception globale,
c’est-à-dire d’une réception in complexu. Dans d’autres, cette
réception n’était pas tellement intense, ce qui n’a
pas exclu pour autant la pénétration ou l’infiltration des
différents éléments du droit romain. Le droit romain est,
sur le terrain du droit privé de la plupart des pays, un instrument
fondamental d’intégration – cela est vrai également
pour les pays où la réception du droit romain ne s’est pas réalisée
in globo –
et joue un rôle sérieux même aujourd’hui dans la
création du ius commune Europaeum. Un
intérêt spécial est prêté au droit canonique
qui a également joué, en tant que partie intégrante du ius commune, dans le développement du droit
privé en Europe.
Comme autre
innovation de mon ouvrage, je voudrais souligner le fait que je n’ai pas
limité mon étude aux systèmes juridiques
traditionnellement traités dans le cadre des manuels d’histoire du
droit privé, mais j’ai porté mon regard également sur
l’évolution juridique de certains pays, négligés,
voire pas même mentionnés, par la plupart des travaux
généraux sur la question. D’une part, comme
nouveauté de cet ouvrage, l’histoire du droit privé des
États d’Europe centrale et orientale – y compris les
États baltes – a ainsi été présentée,
au même titre que celle de l’Irlande par exemple. Dans ces pays,
les traditions romanistes avaient aussi joué un rôle
considérable. Dans quelques pays, ces traditions se présentaient
à travers le droit (ius Graeco-Romanum) de l’Empire byzantin (Empire
romain d’Orient). Le développement du droit privé hongrois
est décrit par rapport aux autres pays d’une manière plus
détaillée. Cela s’explique par le rayonnement tout a fait
considérable du systėme juridique
hongrois en Europe centrale. La présentation du développement du
droit privé des pays de l’Europe centrale et orientale a une
actualité extraordinaire, étant donné la période
d’harmonisation et d’unification des droits privés en
Europe. Cette actualité s’explique tout particulièrement
par l’élargissement de l’Union européenne. Le ius commune Europeaum
s’enracinant dans le droit romain s’étendra dans le futur
proche aussi aux pays adhérents de l’Union européenne. Ce
type de présentation des différents systèmes juridiques
pourra donc contribuer au rapprochement des législations nationales.
D’autre part, l’histoire de
l’influence du droit romain, compris au sens large – y sont donc
également inclus les influences exercées par la tradition du
droit romain par l’intermédiaire, entre autres, du droit
privé allemand ou français – a permis de donner une image
également de l’histoire du droit privé de nombreux
États des continents américain et asiatique. L’angle du
droit romain, par lequel j’ai mené mon étude, lui assure
donc une direction et des contours bien définis, sans jamais se perdre
dans la longueur des périodes historiques évoquées, ni la
multitude d’États, européens et autres, qui y sont
traités.
Les innovations
substantielles ne sont cependant pas limitées à la description de
la continuité du droit romain. J’ai considéré,
comme un de mes objectifs principaux, la description de la doctrine du droit
romain dans un système moderne. L’ouvrage constitue un outil utile
et de valeur pour les étudiants en droit qui souhaitent se
préparer aux disciplines telles que l’histoire du droit
privé et du droit comparé. Les destinataires pourraient
être aussi les juristes et praticiens du droit, désireux
d’avoir une idée d’emblée sur le droit romain et son
influence sur le développement de notre civilisation. Finalement,
il peut être offert en général à toute personne qui
porte un intérêt quelconque pour l’histoire, afin
d’étudier l’histoire du droit romain.
L’ouvrage
est complété par une bibliographie exhaustive suivant une
classification thématique, contenant plusieurs centaines de mots clefs
ainsi qu’un index des matières et des noms. En plus, à la
tête de la première partie qui traite des origines du droit
privé européen, se trouve une bibliographie
générale contenant des ouvrages de références.
Si, malgré tout, j’ai
réussi à collecter des informations et connaissances
difficilement accessibles et en rendre compte sous une forme claire, tout en
prélevant et présentant l’essentiel d’une matière
immense, alors les nombreuses années de travail consacrées
à la réalisation de cet ouvrage auront déjà eu un
sens. Enfin, je tiens à ajouter encore, qu’au cours de mes
efforts, à côté d'objectifs théoriques, j’avais
également devant les yeux des buts pratiques pour la réalisation
de ce travail.
L’auteur
tient à remercier M. Tamás
MOLNÁR et M. István GASS de leur aide
pendant les travaux préparatoires de l’ouvrage. Il tient
également remercier Mlle Júlia NAGY de
son aide linguistique.
Gábor HAMZA