N. 4 – 2005 – Tradizione Romana

 

 

Ivan Biliarsky

Université de Varna

 

 

 

Contribution à l’étude du culte de Saint Constantin en Valachie au XVIIème siècle. Le service de BAR, Mss. Sl. 778

 

 

 

Lors de mes recherches dans le Département des manuscrits de la Bibliothèque de l’Académie Roumaine, j’étais impressionné par un petit code qui était assez bien illuminé et décoré. Sans doute, ce seul fait, témoigne-t-il que le manuscrit fut objet d’un intérêt à part ce qui a attiré mon attention autant plus qu’il n’était pas décrit, restant inconnu en tant qu’une nouvelle acquisition dans la collection. Un motif supplémentaire de mon attention était son contenu: un canon de prière des saints Constantin et Hélène. Evidemment le manuscrit présente un nouveau témoignage de l’importance de leur culte dans les pays roumains en apportant du matériel supplémentaire pour l’étude de la Communauté Orthodoxe dite «Byzantine» et sa continuation au temps après la conquête ottomane des Balkans.

Avant de passer à l’étude sur le texte, je voudrais présenter une description du manuscrit, restant pour le moment inconnue pour les milieux académiques.

 

BAR, Mss. sl. 778

MOLEBEN CANON DE SAINTS CONSTANTIN ET HELENE

1671

 

Petit code du papier solide et bien conservé de 12 feuilles. Dimensions: 155x110 mm. 24 lignes par page. Filigranes: trois lunes et lettres avec un trèfle. Le code comprend une tétrade plus quelques feuilles supplémentaires. Il n’y a pas de pagination originelle mais les feuilles avec le texte écrit ont été paginées postérieurement.

Reliure ancienne, probablement originelle faite en cuir – plaques brunes et molles. Sur le frontispice il y a une inscription en roumain en caractères cyrilliques:

паракли‘суM луJ стыJ костаOдиO

Décoration: Sur les ff. 1r et 1v il y a une décoration assez riche. Sur la f. 1r on trouve le titre du manuscrit et la note du métropolite Théodose dans un cadre baroco. Deux anges sont présentés au-dessus tenant chacun un bâton pastoral et supportant une mitre épiscopale sur le texte de la note du créateur du manuscrit. Sous les anges, des deux côtés du texte mentionné, il y a présentés des être fantastiques dans cadres carrés. Sur la f. 1v il y a une image en couleurs des saints empereurs Constantin et Hélène, situés des deux côtés de la Sainte Croix.

Ecriture: sémi-onciale belle et bien lisible. Ecrit en encre noir, les rubriques en rouge. Orthographe: avec « ъ » et « ь » et seulement une lettre nasale (« ­ »). Rédaction russe.

Notes:

1. Sur la f. 1r

чтTныи // параклисъ // СтzыN ра‘в°ноа„по‘//стwMныN бzговý//н°члJныN црzемъ, // кwTтаOи‘ну и„ е„ле‘//нý. // Повеле‘нiемъ и„ блzгослове‘нiемъ // Преw‘свzще‘н°наго Митропwли‘//ты в°се‘­ земл­’ Угровлахi-//и‘скi­, ГдTна, §цzа, // кvR. Œеwдо‘сi­, // Т°ща‘нiемъ же смýре‘н°наго. // iе‘ромона‘ха тара‘сi­ у„чzтел­ // в° то’ вре‘м­ су‘ща // написа‘с­, // ро‘ку #ахzоа // МцTа, гена‘в°рiа, аz,

         Honorable paraclise des saints empereurs égaux aux apôtres et couronnés par Dieu Constantin et Hélène. (Faite) par l’ordonnance et la bénédiction du très saint métropolite de tout le pays d’Ougrovalachie notre seigneur et père monsieur Théodose et par les efforts du

1.     Sur la f. 1v, avant le texte du service divin et immédiatement après la représentation des Saints Constantin et Hélène:

Ва‘мъ црzемъ, ахRiере‘и… млzбенъ проно‘ситъ .

   Услыша‘тъ и„ и„споMнитъ проше‘нiа про‘ситъ .

Ва‘ю добродýтелеи… стро‘тель собра‘въ плодъ .

   Во ва‘шеN полага‘етъ хра‘мý во вý‘чныи… ро‘дъ .

Дре‘во крTта дер°жа‘ще вы’ си‘мъ w„градý‘те .

   ГдTтво гра‘дъ хра‘мъ мzлиN мiр°но сохрани‘те.

 

Sans doute ce texte de la fin du troisième quart du XVIIe siècle est-il intéressant pour le développement de la poésie parmi les Slaves orthodoxes.

 

CONTENU:

1.                                                                 Les deux feuilles premières sont sans numéros et vides.

Le service divin des Saints Constantin et Hélène qui couvre pratiquement toutes les pages portant de numéros. Inc.: Iере‘и… начина‘етъ. Блzгослове‘нъ Бгz на‘шъ ...

2.                                                                 Les dernières trois feuilles sont vides aussi.

Une feuille à part, portant certains tampons, est attachée au code. On ne trouve aucune liaison avec celui-ci.

 

Le manuscrit est inconnu. Il n’est pas présenté dans les catalogues publiés de P. P. Panaitescu (Catalogul manuscriselor slavo-române şi slave din Biblioteca Academiei române) ni dans le troisième volume qui n’est pas encore publié. Malheureusement nous ne pouvons pas identifier ses origines et sa voie à la Bibliothèque de l’Académie roumaine. A ma question, posée au Département des manuscrits, on m’a répondu qu’il était acheté d’un antiquaire.

 

*    *    *

La vénération des saints empereurs Constantin et Hélène, proclamés égaux aux apôtres, est un des fondements de l’idéologie étatique dans le monde Orthodoxe. La dévotion du premier souverain chrétien, de l’Evangélisateur de l’Empire, qui le transforma du persécuteur des croyants au propagateur de la foi chrétienne, est essentielle à Constantinople ainsi que dans les autres pays de la périphérie de la culture dite Byzantine. Le saint empereur Constantin devient un modèle idéal pour chaque régnant chrétien. Son culte ne reste pas un domaine exclusif pour la vénération à l’Eglise officielle. Il envahit la foi populaire par  la fête traditionnelle des anastenari en Grèce et en Bulgarie où l’on retrouve beaucoup des traits du culte solaire impérial de l’époque païenne. La dévotion de l’Evangélisateur de l’Empire et de sa mère est étroitement lié à celle de la Sainte Croix qui possède, elle également, son application politique ou «impériale».

Evidemment, il s’agit d’un système idéologique férié qui était très bien connu parmi les Slaves orthodoxe des Balkans. On trouve les images visuelles et les textes représentant les saints empereurs en Bulgarie ainsi qu’en Serbie médiévales. Due à la conservation des certains éléments de l’idéologie et des tradition de Constantinople, leur culte continue durant l’époque post-byzantine dans les pays roumains et plus spécialement en Valachie. C’est justement cette vénération qui sera l’objet de notre actuelle recherche et plus spécialement le texte du service du manuscrit BAR Mss. sl. 778 – ses origines et sa relation avec un livre imprimé à Snagov en 1696.

Le manuscrit en question et le texte s’y trouvant se situent dans une riche tradition «constantinienne», développée en Valachie et en Moldavie durant tout le Moyen Age et à l’aube de l’époque moderne. Elle pourrait être bien poursuivie par la voie de la diffusion, l’utilisation et l’élaboration des textes principaux du culte – les vies, les éloges et les canon et les autres texte hymnographiques.

Une source principale pour l’étude sur la vénération des saints empereurs est l’éloge, préparée par le patriarche Euthymius de Târnovgrade. Sans doute, occupe-t-elle une place à part dans son œuvre – c’est l’unique ouvrage du saint prélat, consacré aux saints qui n’ont aucune liaison formelle avec Bulgarie: ni par leur origine, ni par la présence de leurs reliques. Ce fait même souligne l’attitude spéciale de l’auteur à leur vénération. Elle, liée à la vénération de la Croix, est un des signes témoignant la consolidation des Orthodoxes autour de Constantinople, aussi caractéristique pour le hésychastes du XIVe siècle. Cela signifie non seulement raffermissement sur le fonds des dogmes de l’Orthodoxie mais aussi sur l’héritage impérial de Nouvelle Rome. Après l’accomplissement de la conquête ottomane des Balkans, les deux principautés de Valachie et de Moldavie restent continuateurs des traditions constantinopolitaines non seulement dans la sphère ecclésiastique et confessionnelle mais aussi celle étatique.

L’éloge pour les saints Constantin et Hélène est connu en Moldavie dés le XVe siècle[1]. Les uniques copies en rédaction bulgare de ce texte qui nous sont parvenues furent préparées dans ce pays. Ce fait même témoigne pour une continuation des traditions de Second Empire bulgare ce qui est caractéristique pour la culture de la principauté. La copie la plus ancienne date de la fin du siècle mais on peut accepter l’affirmation d’E. Turdeanu visant que le texte y diffusait antérieurement et était présenté dans les cours d’Etienne le Grand et de Pierre Rareş bien séduits par les idées d’une croisade anti-ottomane[2]. En Valachie les copies les plus anciennes de l’éloge sont liées aux «Renseignements» de Neagoe Basarab où l’ouvrage entrait comme une partie intégrale[3]. En tenant compte de son importance on peut comprendre l’attitude spéciale vers ce texte du patriarche Euthymius et sa signification pour l’idéologie politique de la principauté.

Ce n’est pas l’unique témoignage pour diffusion de l’éloge en Valachie. Une attention particulière il faudrait consacrer à sa traduction, réalisé au temps de Constantin Basarab Brancovan voïévode. Elle était préparée dès le début du XVIIIe siècle par un lettré, pour nous inconnu mais évidemment lié au cercle du souverain et du monastère Hurez. On le trouve dans un manuscrit de la collection de l’Académie roumaine No 2518, daté de l’an 1704 où la paternité du patriarche Euthymius était expressément soulignée[4]. Cette traduction entre dans le courrant d’un intérêt particulier vers le culte de l’Evangélisateur de l’Empire au temps du règne de Constantin Brancovan. Il se démontre en élaboration de quelques panégyriques à la préparation desquels participaient les plus important homes politiques et intellectuels en Valachie de l’époque. Au premier lieu il faut citer le panégyrique, écrit en Grec par le hiéromoine Anthyme Ivireanu, le futur métropolite d’Ougrovalachie[5]. Le texte originel de l’ouvrage fut imprimé à Snagov en 1697[6] ce qui soulignait encore une fois la signification de la culture de l’imprimer pour la diffusion des idées politiques en Europe de Sud-Est à l’aube de l’Epoque moderne. Dédié au souverain de la Principauté, dont l’éponyme était le saint empereur, cet éloge faisait passer justement les idées du clergé pour les relations entre l’Eglise et le pouvoir laïc. Une direction contraire prenait l’autre ouvrage de l’époque – l’éloge de Saint Constantin, dédié au souverain et prononcé en grec par son fils Radu mais préparé par l’autre fils – Etienne. Ce texte reflétait les idées de la cour princière sur le caractère du pouvoir et ses origines[7]. A la fin de cette liste d’ouvrages, tous écrits en grec, se situe le panégyrique envoyé à Valachie de Gérasimos, le patriarche d’Alexandrie. Son texte originel grec, accompagné par une traduction roumaine et une lettre patriarcale se trouve dans un manuscrit du monastère Hurez qui fait maintenant partie de la collection de la Bibliothèque de l’Académie roumaine (Mss. Rom. 766)[8].

Les vies synaxaires des Saints Constantin et Hélène ont, elle également, une diffusion considérable dans les principautés roumaines. On retrouve ces textes en slavon dans quelques synaxaires de XVe-XVIIe siècles qui étaient en usage dans la pratique de l’Eglise orthodoxe dans les pays roumaine[9]. La première version roumaine du texte, publiée en roumaine pendant la seconde moitié du XVIIe siècle par le métropolite Dosithée de Moldavie, est une traduction directe du grec[10]. Elle fut élaborée et republiée par Radu Greceanu dans le minée du mois de mai[11] et plus tard encore une fois par Damascène, évêque de Râmnic[12]. Une nouvelle traduction de la vie brève de Saint Constantin selon l’édition de Constantinople de l’an 1843 fut préparée et publiée à Neamţ en 1846[13]. Durant les XVIIIe-XIXe siècles dans les pays roumains était publiée aussi la vie de saint Constantin du minée de Démétrius, archevêque de Rostov[14].

Le service des saints empereurs gagne, lui aussi, une diffusion considérable dans les deux principautés de Valachie et de Moldavie.

Habituellement le fait que le culte du Saint Constantin subit un développement et une propagation très intensifs au temps du règne de Constantin Brancovan (1689-1714) s’explique avec le fait qu’il est son éponyme mais aussi par les ambitions politiques du seigneur de Valachie pour lesquelles la vénération du saint empereur pourrait être assez utile en sens idéologique. Ses activités sont liées comme à la politique internationale aussi bien qu’à celle intérieure. La première direction concerne les combinaisons des forces chrétiennes de l’Europe Centrale et Orientale auxquelles les dirigeants de Bucarest n’étaient pas lointains et qui devenaient en effet la cause de la mort tragique du prince. Dans son gouvernement intérieur il mit en pratique une politique formelle visant la prédominance des pouvoirs laïcs sur ceux ecclésiastiques en utilisant l’image de Saint Constantin. C’était le souverain, l’empereur qui évangélisa l’Empire et non pas les prélats. Voila pourquoi c’est lui qui est le titulaire non seulement du pouvoir et des obligations liées à la vie en ce siècle mais aussi de la mission salvatrice pour l’Humanité. Le souverain orthodoxe est le protecteur de l’Eglise universelle et de tous les Chrétiens en suivant l’exemple de Saint Constantin – prédécesseur et étalon de tous les régnants pieux[15]. C’est l’essence de l’éloge, préparé par Etienne Brancovan et publié en 1701 où il insiste que tous les grands hommes dans le monde sont descendants de Constantin le Grand[16]. Comme on a déjà noté ce texte était une démonstration claire des idées politiques du prince et père de l’auteur qui s’opposaient à la thèse de la priorité de l’Eglise et des obligations particulières des leaders spirituels, supportée par Anthyme Ivireanu[17].

On peut poursuivre l’éclatement du culte du Saint Constantin en Valachie durant le XVIIe siècle par les églises, dédiées à eux. Elles sont très nombreuses en XVIIIe ainsi qu’en XIXe siècle. Nous trouvons une douzaine d’elles édifiées en XVIIe ou bien pendant les premières années du XVIIIe siècle, liées au règne de Constantin Barancovan[18]. D’autre part, en suivant la table, préparée par Voica Puşcaşu on voit qu’il n’y a que deux églises, dédiées aux saints Constantin et Hélène à l’époque d’avant l’an 1600. Toutes les deux se trouvent en Olténie (principauté de Valachie) – celle de Scoarţa, département de Gorj, de l’an 1512[19] et celle de Şuşani, département de Râmnicul Vâlcea, de l’an 1524-1525[20]. Elles sont faites en bois et les donateurs sont inconnus.

Cette importance exceptionnelle de la vénération de Saint Constantin à la cour princière de Valachie vers la fin du XVIIe siècle amena à la création de monastère Hurez. Cette fondation de Constantin Brancovan devient un grand centre du culte du premier empereur chrétien dont l’importance dépasse non seulement les frontières de la principauté mais des pays roumains en général.

Le monastère Hurez est un des dons les plus considérables légués par Brancovan à la culture roumaine[21]. Consacré aux saints Constantin et Hélène, il comprend une fraternité monacale, certainement liée à leurs adorations et très engagée avec sa propagation. C’est la raison d’y retrouver un nouveau centre de rayonnement et de création de la littérature constantinienne. Une de ces œuvres est un livre imprimé apparu au milieu de la dernière décennie du XVIIe siècle. Il a une relation directe avec le manuscrit en recherche ce qui provoque certes notre attention.

 

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En 1696 à Snagov fut réalise la publication dun livre contenant le canon et dautre service pour Saints Constantin et Hélène. Il porte le titre: Wрьндуяла службеи… . ън[22] кzа а луи… ма‘и…, Ла зиwа Сфиzнцилор± слъви‘ци, Ши де а„сýмен­ ку а„пTтолiи… Мари ъмпрzъци Кwнстантi‘нь ши’ Еле‘на. Акум ънт©‘ю w„се‘би тyпъри‘тъ словýнеще, Ку во‘­ прэ лумина‘тулуи…, ши’ ънълца‘тулуи… Дw‘мнь, А тоатъ цара Румънýскъ. Iwа‘н Кwнстандин Б. Басара‘б Воевод, ЪН врý‘мý Пъсторiеи… Прý сфинци‘тулуи… Кyр Œеwдо‘сiе, Митрополитул цър©и…. Ши’ Еїа‘р±ху ла‘турилорь. Ла’ аˆнул± дела Хс, #ахzчs, Февруа‘рiе, sz  ЪН СНÝГОВЬ[23].

Le livre est bien orné avec quelques images graphiques présentant de blason de Brancovan aussi bien que les deux saints empereurs. Leurs services y sont accompagnés par des ouvrages poétiques de l’époque qui présentent les idées politiques liées au culte du premier souverain chrétien. Sur le dos de la première page (f. 1v) on trouve «8 vers politiques sur la Croix Juste et sur la couronne de l’illustre et élut par Dieu Jean Constantin Basarab voïévode» écrits par son «petit et fidèle esclave Mihai». Ils présentent la Croix de Seigneur comme une arme du souverain pour sa lutte contre les ennemis. La dédicace introductive au prince est encore plus intéressante.

Le livre contient aussi quelques textes qui présentent des exemples intéressants pour la poésie en langue roumaine de la fin du XVIIe siècle.

Il est très important pour notre recherche actuelle que le texte du canon de prière du manuscrit BAR, Mss. sl. 778 est publié dans ce livre imprimé et se situe à sa fin. Il est pratiquement identique et l’unique différence que dans l’édition de Snagov les rubriques sont en roumaine tandis que le texte des prières mêmes reste en slavon.

Le livre imprimé de l’an 1696 est préparé par le lettré Mihai Stefanovici évidemment pour le prince et visant à marquer la création du monastère Hurez. Ce n’est pas expressément signalé mais l’auteur de la note mentionne l’édifice d’un temple («Maison de Dieu») en honneur des saints empereurs. C’est la raison de l’opinion que le service est préparé spécialement à cette occasion qui existe dans l’historiographie.

Dans la description des documents et des livres du monastère, faite justement durant cette époque, on trouve deux manuscrits qui pourraient concerner notre actuelle étude. Ce sont une «livret: service des saints empereurs, écrit en main en roumain et en serbe» ainsi qu’un «livret: la vie des saints empereurs»[24]. Dans une note, l’auteur de l’article a lancé son opinion que les deux manuscrits cités devraient être élaboré dans le monastère de Hurez qui possédait une église consacrée aux saints empereurs en les liant au livre avec leurs canon. Publié en 1696[25]. C’est assez vraisemblable et on pourrait ajouter que le premier des deux manuscrits pourrait avoir été la base pour l’édition. Ils contiennent le service divin pour saints Constantin et Hélène en slavon (appelé «serbe ») et en roumain. Quand même on ne peut pas identifier le manuscrit de Hurez avec celui de la Bibliothèque de l’Académie car le texte de ce dernier est entièrement en slavon. Nous ne savons rien du texte du canon mentionné ce qui rends impossible d’affirmer ou de nier l’identification avec celui du manuscrit de l’an 1671. Ce qui est évident c’est que notre manuscrit en considération ne provient pas de Hurez car il dérive d’une époque antérieure de la création du monastère.

 

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Ces observations posent la question des origines du canon. Le manuscrit BAR mss. sl. 778 contient un canon de prière pour les saints empereurs Constantin et Hélène étant daté en 1671. Durant cette année il fut préparé par le hiéromoine Tarase sous l’ordonnance du métropolite Théodose de Valachie. Ces données on obtient de la note citée qui ne contient malheureusement pas des renseignements sur l’origine du texte. Un peu plus nous dit une autre note se trouvant dans le livre imprimé. Je la cite ici en entier : « tu devrais savoir que l’on ne trouve pas ce service dans les sources grecques, quand on fête la mémoire de ces saints. Voilà pourquoi il fut écrit en slavon sous l’ordre du très saint seigneur Théodose, métropolite de toute Ougrovalachie et était préparé à être chanté au jour des saints là où leur nom est vénéré et partout dans d’autres églises selon le désir de l’ecclésiarche ou bien lors des services ecclésiastiques et aussi lors des vêpres »[26]. Ce texte veut dire que le texte n’était pas traduit du grec. On retrouve aussi une assertion qu’il était préparé spécialement pour la vénération des saints empereurs en Valachie par l’ordre du le métropolite Théodose. Il faut noter aussi que dans les stichères sur le f. 7r nous trouvons une mention bien qu’elle ne soit pas assez claire. Nous y lisons que l’élaboration du manuscrit était peut-être liée à l’édifice d’une église consacrée aux saints empereurs et se trouvant dans la ville, protégée par eux. Dans les vers, situés sous l’image des saints sur la f. 1v il y a une suggestion là aussi d’un temple et sa protection par eux. Tout cela nous mène à la conclusion qu’il faut chercher une église, bâtie vers 1671 par la donation du métropolite Théodose.

Bien que l’on dispose de données assez pauvres et non pas très claires, on peut généraliser certaines conclusions. Le canon de prière est une forme liturgique fort influencée par les traditions locales. C’est une prière que peut être effectuée à cause des événements concrets assez librement sans des périodes fixées. Cela pourrait avoir lieu non seulement dans l’église mais aussi en dehors, lors des célébrations et rassemblement populaires, des processions visant obtention de sauvegarde, etc. Dans notre cas il s’agit d’un canon de prière pour saints Constantin et Hélène qui reflète leur vénération dans la principauté de Valachie où on en retrouve deux directions déjà mentionnées – laïque et ecclésiastique. Dans ce sens il faut noter certaines différences entre le livre imprimé et le manuscrit. C’est avant tout la citation formelle du métropolite qui est cité sur la page frontispice (f. 1r) tandis que le souverain reste toujours ansent. Dans les vers sous l’image des saints il s’agit seulement pour les prières du prélat et non pas du prince laïc malgré qu’elles visent le bien du pays, de la ville et du temple. Le voïévode n’est jamais mentionné.

Tous cela nous présente les idées ecclésiastiques sur l’importance du culte de saint empereur Constantin en Valachie. La raison est claire - le métropolite Théodose est le donateurs du manuscrit et probablement de l’église y mentionnée. Pour situer le texte dans les circonstances de l’époque il faut identifier cette fondation.

Les fondations du métropolite Théodose sont connues et parmi elles nous ne savons pas telles portant le nom des saints empereurs Constantin et Hélène. Ce sont trois églises dont deux se trouvent en Olténie et une en Munténie[27]. Nous savons seulement qu’une d’elle (celle de Râmnicul Vâlcea de l’an 1680 - No 3557) était dédiée aux saints archanges Michel et Gabriel. Les saints desquels étaient les deux autres restent inconnus. Je ne croix pas que l’on peux présumer une dédicace à saints Constantin et Hélène. Au moins une telle hypothèse ne nous aide pas beaucoup et nos conclusions seraient trop douteuses.

En cet état de la recherche nous ne pouvons proposer qu’une seule idée pour identification de l’église en question bien qu’elle ne soit point sûre – ce soit l’église métropolitaine de Bucarest[28]. Ce temple correspond à certaines des conditions pour une telle indentification. Il est dédié aux saints empereurs Constantin et Hélène. Il faut spécialement souligner qu’un de ses donateurs est le métropolite Théodose qui était enterré à côté de ses murs[29]. L’église est formellement mentionnée dans son testament[30]. C’est également lui qui a bâti le palais métropolitain, lié à l’église[31]. Tout cela nous présente une possibilité à conclure que c’est le temple dont on parle dans les prières du manuscrit. Quand même, il faut noter que il y a des arguments contraires: l’édification de l’église ne coïncide pas avec l’an 1671. Elle est commencé au temps du prince Constantin Şerban (1654-1658), elle est achevée sous Mihai Radu (1658-1659) et les peintures murales ont été faites sous le gouvernement de Radu Léon (*1664-1668)[32]. Il faut aussi noter que habituellement son édification est liée surtout avec les noms des souverains de la principauté et non pas avec les prélats comme le métropolite Théodose. Malgré tout l’identification que on a lancée semble la plus vraisemblable à cet état des recherches et reste en effet l’unique pour le moment.

Quand même dès maintenant on peut voir dans le manuscrit de la Bibliothèque de l’Académie roumains un monument très important témoignant pour la signification de la vénération du premier empereur chrétien dans les pays roumains à l’aube de l’époque moderne.

 

 



 

[1] E. Turdeanu, La literature bulgare du XIVe siècle et sa diffusion dans les pays roumains, Paris 1947, 103-105.

 

[2] Turdeanu, La literature bulgare…, 104.

 

[3] Turdeanu, La literature bulgare…, 105-108.

 

[4] Turdeanu, La literature bulgare…, 108-110.

 

[5] I. Bianu, N. Hodoş, Bibliografia românescă veche, t. I (1508-1716), Bucureşti 1903, 350-351; Turdeanu, La literature bulgare…, 109; A. Duţu, «Constantin le Grand dans l’imaginaire de la cour de Constantin Brâncoveanu», Revue des études Sud-Est européennes, XXVII, 1-2, 1989.

 

[6] Pour plus d’information sur cette édition v. Bianu, Hodoş, Bibliografia românescă veche, I, 350-351.

 

[7] Bianu, Hodoş, Bibliografia românescă veche, I, 419-421; Turdeanu, La litérature bulgare…, 109; Duţu, «Constantin le Grand dans l’imaginaire de la cour de Constantin Brâncoveanu».

 

[8] Ghenadie, “Douĕ manuscrise românesci”, AnaleleAcademiei Române, s. II, t. XII, 1892, Mem. secţ. lit , 175 sq.; I. Ştefanescu, “Legende despre Sf. Constantin in literatura română”, Revista istorică română vol. I, fasc. 3, 1931, 293-294; Turdeanu, La literature bulgare…, 109.

 

[9] Ştefanescu, “Legende despre Sf. Constantin in literatura română”, 257-258.

 

[10] Mitr. Dosoftei, Viaţa şi petreacerea svinţilor, tom III, Iaşi, (1682-1686), f. 138v-139v; Ştefanescu, “Legende despre Sf. Constantin in literatura română”, 260.

 

[11] Mineiul lunii lui Mai, Buzău, 1698, f. 66v-67; Ştefanescu, “Legende despre Sf. Constantin in literatura română”, 267 sq.

 

[12] Antologhiul dela Râmnic, (1737), f. 456v-457v; Ştefanescu, “Legende despre Sf. Constantin in literatura română”, 270 sq.

 

[13] Ştefanescu, “Legende despre Sf. Constantin in literatura română”, 273 sq.

 

[14] Ştefanescu, “Legende despre Sf. Constantin in literatura română”, 284-285.

 

[15] Duţu, «Constantin le Grand dans l’imaginaire de la cour de Constantin Brâncoveanu», 28.

 

[16] Duţu, «Constantin le Grand dans l’imaginaire de la cour de Constantin Brâncoveanu», 29-30.

 

[17] Antim Ivireanu, Opere, Bucureşti 1972, 117; Al. Duţu, «Antim Ivireanul st les solidarités modernes», Revue roumaine d’histoire 2, 1976, 313 sq.; Duţu, «Constantin le Grand dans l’imaginaire de la cour de Constantin Brâncoveanu», 30.

 

[18] V. V. Puşcaşu, Actul de ctitorire ca fenomen istoric în Ţara românescă şi Moldova până la sfârşitul secolului al XVIII-lea, Bucureşti 2001, v. annex 1, No 173, 703, 1811, 2295, 2744, 2770, 3268, 3400, 3500, 3547, 3975, 4284.

 

[19] Puşcaşu, Actul de ctitorire, No 3769.

 

[20] Puşcaşu, Actul de ctitorire, No 4164.

 

[21] I. Ionaşcu, “Istoricul mânăstirii Hurez după documentele inedited din arhiva Eforiei Spitalelor Civile”, Arhivele Olteniei, anul XIV, No 79-82, mai-dec. 1935, 295-299.

 

[22] En paléographie cyrillique roumaine il y a un signe spécial pour cette syllable que je ne possède pas dans la police j’utilise.

 

[23] Bianu, Hodoş, Bibliografia românescă veche, I, 341 sq. No 102.

 

[24] Ionaşcu, “Istoricul mânăstirii Hurez după documentele inedited din arhiva Eforiei Spitalelor Civile”, 429.

 

[25] Ionaşcu, “Istoricul mânăstirii Hurez după documentele inedited din arhiva Eforiei Spitalelor Civile”, 429 note 94.

 

[26] Bianu, Hodoş, Bibliografia românescă veche, I, No 102, 343.

 

[27] Puşcaşu, Actul de ctitorire, No 1055, 1524, 3557.

 

[28] N. Stoicescu, Repertoriul bibliographic al monumentelor feudale din Bucureşti, Bucureşti 1961, No 76, 241 sq.

 

[29] Le tombeau, du métropolite Théodose avec le monument-colonne portent une inscription se trouve près du mur de l’église du côté oriental tout près de l’abside de l’autel.

 

[30] J’ai essayé à trouver le testament du métropolite Théodose mais je n’ai pas pu découvrir une publication du text. V. Stoicescu, Repertoriul bibliographic, 241.

 

[31] Stoicescu, Repertoriul bibliographic, 246.

 

[32] Stoicescu, Repertoriul bibliographic, 241.