médiévale: Carta de Logu de Arborea et droit romain
Sommaire: 1. Introduction. – 2. La Carta de Logu de Arborea dans
l’histoire et dans les traditions juridiques du Peuple sarde. – 3. Carta de Logu
de Arborea et droit romain dans l’historiographie
juridique contemporaine: études et recherches au siècle dernier. – 4. Références textuelles au
droit romain dans la Carta de Logu de Arborea: le chapitre III (Qui ochirit homini). – 5. Salvu si su dictu homini hochirit deffendendo asi: la légitime défense dans la Carta de Logu et dans le droit romain. – 6. Improvisa(da)mente
et non cum animu deliberadu et non pensadamente: l’homicide involontaire. – 7. La Carta de Logu entre droit romain et droit canon:
le principe agentes et consentientes pari
poena puniuntur. – 8. Conscii et ministri. A propos de D. 48.9.6 et C.I.
1.3.53(54).5. – 9. Les
chapitres LXXVII (De chertos dubitosos)
et LXXVIII (De appellationibus).
– 10. Les chapitres XCVII (De deseredari) et XCVIII (De coyamentos). – 11. Suggestions romanistes: «su bene dessa re plubigha sardischa», «su utili cummoni» et autres idées
inspiratrices de la législation des Seigneurs d’Arborea.
Cet article est consacré à l’étude des
influences du droit romain sur la Carta
de Logu de Arborea[1]:
c’est l’ouvrage législatif le plus significatif de la tradition juridique sarde,
promulgué par la “giudicessa” Eleonora Bas-Serra[2] au
cours de la dernière décennie du XIVe siècle[3].
Même si le lien profond de la Carta de Logu[4] avec
le droit romain est perceptible dans la plupart de ses 198 chapitres, il est
explicite dans les chapitres iii, lxxvii, lxxviii,
xcvii et xcviii; dans ces chapitres, les compilateurs d’Arborea
modelèrent les solutions juridiques proposées sur le droit romain grâce à des
références explicites et des renvois à un autre système normatif, s’identifiant
à sa lege ou sa ragione[5].
Ainsi dans le chapitre III, la peine capitale prévue pour l’homicide volontaire
est fondée sur le caractère impératif du droit romain: «secundu quessu ordini dessa rag(i)oni comandat»[6]. Dans
les chapitres lxxvii et lxxviii,
les délais légaux de recours, qui sont de 10 jours maximum, se
rapportent de façon explicite au droit romain: «si appellado non est infra tempus legittimu de dies deghi comenti
comandat sa lege». En outre, le chapitre xcviii
renvoie au droit romain lorsqu’il désigne la portion légitime de l’héritage
avec «sa parti sua secundu ragione».
Dans les chapitres de la Carta de Logu que nous venons de citer, d’autres
éléments, très significatifs, prouvent que le droit romain était en vigueur
dans la Sardaigne médiévale; en effet, l’utilisation de verbes ayant une valeur
impérative (comandare / ordinare) et l’emploi de ces mêmes
verbes au présent de l’indicatif (comandat)
attestent de façon incontestable que les compilateurs de la Carta de Logu considéraient que ce système normatif
(sa lege, sa ragione), objet d’un renvoi dans le «code» du Giudicato di
Arborea, était encore en vigueur.
Je tiens à présent à préciser l’objet et les
limites de mon exposé. Je n’exposera pas ici tous les éléments romanistes que
l’on peut trouver dans la Carta de Logu.
J’examinerai les chapitres de la Carta
dans lesquels la législatrice d’Arborea se réfère de façon explicite au droit
romain avec des termes qui lui sont propres comme sa lege ou sa ragione, en
les comparant ensuite avec des textes juridiques romains. Pour prouver
l’influence du droit romain de Justinien sur la Carta de Logu il suffira de vérifier de manière
incontestable, à travers une lecture synoptique et une analyse exégétique des
fragments du Corpus Iuris Civilis
concernés, dans quelle mesure les chapitres sus-cités de la Carta de Logu adhèrent au Corpus Iuris Civilis, qui a presque
certainement constitué le modèle de référence pour la législatrice et pour ses
compilateurs cultivés[7].
La Carta
de Logu d’Arborea, monument législatif extraordinaire rédigé en «sarde
ancien»[8],
fournit à l’historien du droit l’outil le plus précieux et le plus stimulant
pour la redécouverte des caractères originaux et des caractéristiques des
structures juridiques de la Sardaigne médiévale, moderne, contemporaine. En
effet, n’oublions pas que la Carta de
Logu, a forgé pendant des siècles, et presque jusqu’à nos jours, de
nombreux aspects des institutions juridiques du Peuple sarde. Après
l’affirmation définitive de la souveraineté aragonaise en 1421, la Carta de Logu fut étendue à tout le Regnum Sardiniae. Elle ne cessa
formellement d’être en vigueur qu’en 1828, date à laquelle entrèrent en vigueur
les Leggi civili e criminali édictées
par le roi de Sardaigne Charles-Félix de Savoie en 1827[9].
Il faut chercher les raisons d’une durée
aussi longue surtout dans les qualités intrinsèques et dans l’épaisseur
juridique de la compilation[10],
dont les chapitres, bien que rédigés en “termes cultivés”[11],
représentaient les instances fondamentales d’expériences populaires et de
coutumes mûries dans les communautés sardes pastorales et paysannes dans
lesquelles la Carta a continué à être
utilisée bien après son abandon[12].
Ainsi, aujourd’hui encore, certaines institutions et coutumes typiques de la
Sardaigne paysanne et pastorale ont leurs racines, souvent sans la conscience
historique du fait, dans la Carta
antique voulue par Eleonora d’Arborea.
C’est certainement le cas des
compagnies de “barracelli”, qui dans de nombreux villages de la Sardaigne
s’occupent, comme les anciens Jurados de
padru[13],
de la protection des cultures, du bétail et du territoire[14].
Que peut-on dire également de la persistance tenace dans la Sardaigne paysanne
du juargiu[15]
et du contrat de société partiaire pour la culture de la terre ou des baux à
cheptel, habituels entre bergers et propriétaires (des troupeaux ou des
pâturages), stipulés dans les campagnes sardes dans des formes et avec des
contenus ressemblant beaucoup, dans les faits, aux anciens Ordinamentos de cumonis[16], qui
réglaient ces aspects dans la Carta de
Logu d’Arborea.
Enfin, il faudrait examiner
très attentivement les réflexions stimulantes sur la Carta de Logu que nous pouvons lire dans la monographie d’Antonio
Pigliaru, consacrée à la plus caractéristique des «consuetudini giuridiche
sarde»: la vengeance de la Barbagia[17].
Dans certaines pages de son ouvrage, cet éminent philosophe du droit, après
avoir mis clairement en évidence l’influence de l’«expérience romaniste» sur le
code d’Arborea et le lien très étroit de celui-ci avec les «consuetudini
giuridiche sarde»[18], a
formulé, avec l’originalité et la finesse qui lui étaient propres, une
hypothèse très suggestive: le fait que la communauté de la Barbagia, à un
moment indéterminé de son histoire, «sia pervenuta al concetto che la vendetta
è un dovere»[19]
peut être attribué à l’influence de la législation pénale de la Carta de Logu, même si c’était en une
dialectique souvent conflictuelle entre «coutume et loi».
Pour ce qui est du problème de la continuité
et de l’influence du droit romain, des opinions très différentes entre elles,
mais présentant souvent des éléments de crédibilité, ont fini par coexister
dans la doctrine: alors que Francesco Brandileone, dans ses Lezioni di storia del diritto, affirmait
que les “Giudicati” sardes «fino al secolo XIV, erano stati regolati assai più
dalla consuetudine che dalle leggi scritte»[20],
Arrigo Solmi, dans la “préface” à Testi e
documenti per la storia del Diritto agrario in Sardegna, soutenait
fermement qu’en réalité, dans la Sardaigne médiévale, les formes du droit
romain étaient restées intactes[21].
Bien sûr, il apparaît
aujourd’hui impossible d’adhérer, dans ses lignes générales, à la vieille
position formulée, je crois, par Giovanni Dexart, juriste sarde du XVIIe siècle
(1590-1646)[22],
d’après qui, en Sardaigne, le ius commune
ou Romanorum aurait été en vigueur depuis des temps immémoriaux
«mediante veteri consuetudini et continua observantia»[23].
Cette position est encore présente dans le célèbre manuel
d’Antonio Pertile, surtout lorsqu’il définit la Carta de Logu comme un «diritto locale modificante il diritto
generale o comune; onde quel nome corrisponde a quello di statuti dato alle
proprie norme dai principi di Savoia e dalle nostre città»[24].
Entre la dernière décennie du XIXe siècle et la première du XXe, d’autres
ouvrages généraux d’histoire du droit parlent plus ou moins brièvement de la Carta de Logu. Dans son Manuale di storia
del diritto italiano, Francesco Schupfer expose, presque avec admiration,
le contenu de la Carta d’Arborea:
«una legge, che ebbe il vanto di essere tenuta per segno di un grande
perfezionamento sociale, da cui altre e più vaste contrade del continente
italiano erano ancora lontane»; il soutient entre autre que ce n’est qu’à la
suite de la codification d’Eleonora d’Arborea en Sardaigne que «ebbero stabili
norme i riti giudiziari, la ragione civile e criminale e la pubblica economia»[25].
En 1901, à la demande d’Enrico Besta, Vittorio Finzi publia, sous le titre Questioni giuridiche esplicative della Carta de Logu[26],
une édition critique des Exposiciones de
sa ‘llege: c’est un petit ouvrage qui suit le texte de la Carta de Logu aussi bien dans le code des
miscellanées de la Bibliothèque Universitaire de Cagliari que dans les
premières éditions imprimées; toutefois, dans ces dernières il est présenté
sous le titre Sequuntur infra Sas leges
pro cales si regint in Sardigna[27].
L’auteur était convaincu que les Exposiciones
devaient être considérées comme des questioni
giuridiche esplicative de la Carta de
Logu; il les présenta donc comme une preuve incontestable de l’influence du
droit romain dans la législation d’Arborea[28].
La thèse selon laquelle la Carta de Logu, avec les termes lege ou ragioni, rappelle expressément l’autorité du droit romain eut parmi
ses partisans les plus convaincus Enrico Besta, auteur d’un essai magistral: La Carta de Logu quale monumento
storico-giuridico, publié comme préface à la première édition imprimée du
manuscrit de la Carta de Logu de Arborea
(Sassari 1905). Parmi les éléments qui prouvent «l’autorità generale del
diritto romano», Besta attribue une importance fondamentale au fait que la Carta de Logu en fasse mention dans plusieurs
chapitres. Il estime que ces citations ne pouvaient être purement formelles
mais qu’elles répondaient aux conditions réelles de la pratique juridique de
l’époque[29];
c’est dans cette optique qu’il affirma également le caractère romain de
nombreuses institutions de la Sardaigne médiévale, en commençant par la
«costituzione della famiglia» qui, d’après lui, «restò pur essa
fondamentalmente romana»[30].
Raffaele di Tucci voyait au contraire les «Carte de Logu come
espressione di diritto consuetudinario». Abordant l’examen de quelques-unes des institutions les plus importantes du
droit public (coutume sarde, groupement territoriaux, classes sociales et
origine des seigneuries, assemblées, crimes et peines, procès), il affirma la
thèse de l’existence d’une uniformité régionale de la coutume sarde[31]
avec comme conséquence la négation de toute influence du droit romain sur la
formation des institutions et de la coutume juridique de l’Ile[32].
Ce contexte permet de mieux préciser la singularité de la thèse de Di Tucci sur
les caractères de la Carta de Logu:
ce n’est pas une loi «mais la confirmation, à travers un document public de
l’autorité la plus élevé de la seigneurie, de normes provenant de des us et
coutumes régionaux»; elle ne devrait donc pas «essere ritenuta come una
codificazione, ma come una sanzione»[33].
Quelques décennies après, Vittorio Devilla[34] indiquait une tout autre orientation dans son étude consacrée à
l’importance romaniste des cas de droit agraire contenus dans les Questioni giuridiche esplicative della Carta
de Logu[35]: «L’espressione “sa lege” che ricorre frequentemente sia nella
rubrica che nel testo, come ad esempio nella frase continuamente ripetuta: “sa
lege narat”, deve intendersi nel senso di norma attinta dal diritto romano.
Tale è il significato di “lege” nelle fonti giuridiche della Sardegna e tale
risulta dalla lettura del testo il quale dopo avere invocato la legge, cita
subito fr. del Digesto e del Codice»[36].
Vers la fin des années trente, Antonio Marongiu étudia certains aspects de
la vie juridique de la Sardaigne médiévale[37].
Dans son essai sur «Delitto e pena nella Carta
de Logu», il analyse la présence du droit romain dans la législation du
droit pénal, en rapport avec l’élément subjectif du délit[38]
et avec la définition des concepts de dol, faute et cas fortuit[39].
Dans un long essai publié en
1939 et consacré à l’étude des Questioni
giuridiche esplicative della Carta de Logu[40],
Antonio Era[41]
adopte une position tout à fait différente. D’après lui, il n’était pas
possible de soutenir les thèses selon lesquelles, à une époque précédant ou
suivant immédiatement la rédaction de la Carta
de Logu de Arborea il y aurait eu dans la pratique juridique sarde des
situations réglées sur la base de la législation de Justinien[42].
Dans cette optique, Era critique sévèrement les rappels au droit romain dans la
Carta de Logu: il nie notamment que
l’on ait pu utiliser pour la Sardaigne, avant le XVIe siècle, l’équivalence
loi/droit romain, car «con la “legge” non si indicò soltanto il diritto romano,
nè questo fu indicato con la sola parola “legge”»[43].
Les observations d’Antonio
Era nous semblent aujourd’hui dépassées grâce également à la réflexion critique
d’Ennio Cortese[44].
Ce dernier abordait le problème en partant de la question
suivante: «Perché non chiedersi quale importanza ha avuto nella prassi quel
diritto comune che – in temporalibus
– i contemporanei identificavano proprio nelle “leggi” romane raccolte nella
compilazione giustinianea? Era un sistema vigente, quindi attivo: e non
soltanto un fossile sepolto nel terreno della vita, e dalla vita ormai del
tutto assimilato»[45]. Pour Ennio Cortese, ce qui avait été relevé à propos de la
législation en vigueur pendant la même période sur le continent italien était
aussi valable pour la Carta de Logu:
«il legislatore tendeva soprattutto a emanare norme che noi diremmo di diritto
singolare o speciale – e qui la materia penalistica urgeva per la pretesa più
vivace di adeguarsi ai tempi e ai siti –, mentre per tutto il resto era
implicito il rinvio, nonché a talune consuetudini locali, principalmente al
sistema ampio e minuzioso del diritto comune»[46]. C’est ainsi que
pourrait s’expliquer la faiblesse des normes de droit privé dans la législation
d’Arborea, faiblesse qui est encore plus évidente lorsqu’elle est comparée à la
procédure pénale, caractérisée par une plus grande complexité et par un système
de sanctions relativement modérées[47].
Ennio Cortese pense aussi qu’il existe un lien très probable entre le terme ragione, utilisé dans la Carta de Logu pour indiquer le droit
romain, et la définition ratio scripta,
souvent employée pour le ius commune[48].
Pour terminer ce compte-rendu des idées d’Ennio Cortese, il faut parler de la
position de synthèse qu’il exprime dans le second volume de son manuel
d’histoire du droit[49],
publié plus récemment, dans la partie consacrée à la Carta de Logu et aux «ispirazioni esterne» de la législation
d’Eleonora[50].
Passons, à
présent, à l’analyse des chapitres de la Carta
de Logu dans lesquels les compilateurs d’Arborea se sont référés
textuellement au droit romain, avec des termes tels que sa lege ou sa ragione.
Commençons l’examen du
chapitre III, intitulé Qui ochirit homini,
dans lequel la législatrice d’Arborea réunit en un seul chapitre plusieurs
dispositions concernant différentes cas d’homicide[51].
Comme nous le verrons dans le texte, le dispositif de la Carta de Logu laisse entrevoir clairement que son organisation
dérive du droit romain; c’est ce qui nous intéresse ici, avant tout parce la Carta fonde expressément la ratio de la peine capitale infligée à
l’homicide volontaire sur le caractère impératif du droit romain: «secundu quessu ordini dessa rag(i)oni
cumandat»
Carta de Logu, chap. III (Qui ochirit homini):
Volemus et ordinamus que si alcuna persona ochirit homini: et est indi confesso
in su iudiciu: o ver convinto, secundu quessu ordini dessa rag(i)oni comendat, siat illi segada sa
testa in su loghu dessa iusticia per modu quindi morgiat et pro dinari alcuno
non campit. Salvu si su dictu homini hochirit deffendendo asi, sa quali
deffenssa deppiat provari et mostrare legittimamente per bonos hominis infra
dies XV da essa die qui lat esser comandado per issu armentargiu nostru de
loghu; o ver per atero officiali nostru at qui sa dicta causa esseret
comissida. Et in casu qui provarit aver mortu su dictu homini deffendendo assi
comente est naradu desupra, non siat mortu et pena alcuna non patischat et non
paghit. Et si perventura avenerit qui plus hominis esserent in compagnia de
pari et unu de cussos hochirit alcuno atero homini. Et issos ateros qui non
esserent in culpa assa dicta morte non benerent assa corte et non si
ischulparint legittimamente que issus non furunt culpabilis nen consentivilis[52] assa morte de cussu tali homini, infra tres dies, qui issos
siant ponidos et condenpnados a morte comente et issu qui avirit mortu su dictu
homini pro qui nara(n)t sas leges: agentes
et consentientes pari pena puniuntur[53]. Et in casu qui alcuno homini hochirit alcuno attero homini
improvisa(da)mente et non cum animu
deliberadu et non pensadamente ma pro causa fortunabili[54] secundu qui solint a venne(r)
multos desastros. Volemus qui in
tali casu istet et istari depiat at arbitriu et correctione nostra[55].
Dans ce long chapitre de la Carta de Logu, on retrouve facilement
les différents blocs normatifs correspondant aux différentes cas d’homicide
considérés comme importants du point de vue juridique même par le droit
criminel romain[56].
Nous avons d’abord l’énoncé
de la peine pour l’homicide volontaire, prévue – comme je l’ai déjà dit – sur
la base d’un rappel précis à l’observation du droit romain («si alcuna persona ochirit homini et est indi
confesso in su iudiciu, o ver convinto, secundu quessu ordini dessa rag(i)oni
comendat». Cette peine prévoyait la
décapitation en un lieu public («Siat
illi segada sa testa in su loghu dessa iusticia per modu quindi morgiat»),
et le condamné ne pouvait proposer aucun arrangement pécuniaire («et pro dinari alcuno non campit»).
Eleonora d’Arborea dicte
ensuite la norme absolutoire en cas d’homicide par légitime défense («Salvu si su dictu homini hochirit
deffendendo asi»); elle continue par la liste des cas de concours en
homicide, qui comprend aussi la simple participation passive (c’est-à-dire si
ceux qui «non esserent in culpa assa
dicta morte non benerent assa corte et non si ischulparint legittimamente que
issos non furunt culpabilis nen consentivilis assa morte de cussu tali homini
infra tres dies»), pour laquelle est prévue la peine de mort sur la base du
principe que «nara(n)t sas leges: agentes
et consentientes pari pena puniuntur». Elle établit enfin que l’homicide
involontaire, c’est-à-dire celui qui a tué «alcuno
attero homini improvisa(da)mente et non cum animu deliberadu et non
pensadamente, ma pro causa fortunabili (anti
pro casu fortuitu, Ms.)»[57], ne
soit pas soumis à la peine ordinaire.
Nous ne discuterons pas ici
des problèmes plus généraux posés par le chapitres III, surtout en ce qui
concerne les caractéristiques des lois pénales d’Arborea; il faut toutefois
rappeler à ce propos l’opinion d’un éminent historien du droit, Francesco
Brandileone selon lequel, «avuto riguardo alle condizioni dei tempi», ces lois
devaient être considérées comme «assai notevoli»[58]. En effet, non seulement la Carta
de Logu codifiait le principe selon lequel, face à la peine capitale, le
coupable (quelle que soit sa condition sociale) ne pouvait racheter sa condamnation
par une compensation pécuniaire: «et pro
dinari alcuno non campit», mais elle considérait «altresì attentamente
all’elemento soggettivo del reato, sul quale fondava la affermazione o la
esclusione della responsabilità e (naturalmente in relazione anche alle
circostanze dei singoli delitti) la commisurazione della pena»[59].
La Carta
de Logu permettait donc la légitime défense; elle y était considérée comme
cause exempte de toute peine même en cas d’homicide: «Et in casu qui provarit aver mortu su dictu homini deffendendo assi
comente est naradu desupra, non siat mortu et pena alcuna non patischat et non
paghit». Bien entendu, la légitime défense devait être prouvée par le
responsable de l’homicide qui devait exhiber des témoins de réputation
indiscutable en raison de leur rôle social (bonos
homines)[60],
dans les quinze jours suivant la date fixée par l’armentargiu de loghu[61]
ou par tout autre fonctionnaire du “Giudicato” chargé de l’instruction et du
jugement: «sa quali deffenssa deppiat
provari et mostrare legittimamente per bonos hominis infra dies XV da essa die
qui lat esser comandado per issu armentargiu nostru de loghu; o ver per atero
officiali nostru at qui sa dicta causa esseret comissida».
Passons à présent au droit
romain. A propos de ce genre d’homicide[62], il
est important de rappeler que les juristes romains de l’époque impériale théorisèrent
que la légitime défense n’était pas punissable arguant qu’elle était licite sur
la base du ius naturale[63].
En d’autres termes, la jurisprudence romaine considérait la légitime défense
comme une application juridique des facultés naturelles de l’homme; une action
extrême, mais nécessaire, pour la protection de son intégrité physique, face à
la violation de la part de tiers des principes généraux du ius naturale, universellement reconnus, selon lesquels l’homicide
et tout autre acte portant atteinte à la personne sont interdits.
Les trois fragments des Digesta de l’empereur Justinien, que
nous citons ci-dessous, en sont un excellent exemple. Le premier est un célèbre
fragment des institutiones du juriste
Florentinus[64].
D. 1.1.3 (Florentinus libro primo institutionum): ut vim atque iniuriam propulsemus: nam
iure hoc evenit, ut quod quisque ob tutelam corporis sui fecerit, iure fecisse
existimetur, et cum inter nos cognationem quandam natura constituit, consequens
est hominem homini insidiari nefas esse.
L’enseignement de Florentinus
était donc que rien de ce qui aurait été fait ob tutelam corporis sui ne pouvait être considéré comme illégal (iure fecisse existimetur) car, sur la
base de la cognatio que la nature a
constitué entre tous les êtres humains, consequens
est hominem homini insidiari nefas esse[65].
Il existe, sur ce fragment
une vaste littérature et une élaboration doctrinaire très complexe; ceci nous
permet de ne pas entamer ici une discussion approfondie; il faut toutefois
remarquer que la plupart des auteurs soulignent l’importance juridique de la cognatio naturalis[66]
alors que d’autres, au contraire, mettent également en évidence la valeur
constitutive du nefas[67].
En ce qui concerne les composantes culturelles de ce fragment,
Max Pohlenz pensait à une forte influence philosophique stoïcienne: «In modo
ancor più preciso Florentino, riallacciandosi direttamente alla teoria stoica
del primo istinto naturale, fa derivare il diritto naturale dal diritto
all’autoconservazione e dalla parentela che lega tra loro tutti gli uomini»[68]; Biondo Biondi au contraire souligne surtout la partie du texte
qui situe dans le ius naturale les
racines de «la fratellanza umana». Il estimait que ce fragment était un exemple de l’influence de la
«conception chrétienne» sur le droit de Justinien[69].
Le deuxième fragment, très souvent objet de
discussion de la part de la doctrine romaniste récente, consiste en un texte du
juriste Gaius. Les compilateurs des Digesta
l’ont placé au titre II (Ad legem
Aquiliam) du livre IX:
D. 9.2.4.pr. (Gaius libro septimo ad edictum provinciale): Itaque si servum tuum
latronem insidiantem mihi occidero, securus ero: nam adversus periculum
naturalis ratio permittit se defendere.
Dans ce fragment, Gaius insiste très
clairement sur un principe fondamental du droit romain, selon lequel le
caractère licite de la légitime défense est lié à la nature (naturalis ratio): nam adversus periculum naturalis ratio permittit se defendere[70].
La doctrine romaniste récente ne remet plus en question l’authenticité de la
référence de Gaius à la naturalis ratio[71];
on peut donc partager pleinement les arguments de G. Longo: «“Nam adversus periculum naturalis ratio
permittit se defendere”, a mio modo di vedere, è una frase infondatamente
sospettata. Nulla – se non un preconcetto illogico – può
farne attribuire la paternità ai compilatori. Il giurista romano affermò essere
una esigenza insita nell’ordine naturale dei rapporti umani la legittimità
della difesa a quelle condizioni; ed è, invero, questa l’accezione filosofico-giuridica
classica della naturalis ratio»[72].
Il est intéressant également de rappeler l’interprétation
proposée par M. Bartošek qui voit dans ce fragment de Gaius la preuve du fait
que dans les théorisations des juristes romains «la conoscenza dei rapporti
fondamentali della vita materiale e delle circostanze sociali della convivenza
umana in generale conduceva anche alla formulazione di massime giuridiche
generali»[73].
Rappelons enfin le troisième fragment, un
texte du juriste Ulpien dans lequel est rapportée une maxime tirée d’un ouvrage
de Caius Cassius Longinus[74]:
D. 43.16.1.27 (Ulpianus libro
sexagensimo nono ad edictum): Vim vi repellere licere Cassius scribit idque
ius natura comparatur: apparet autem, inquit, ex eo arma armis repellere
licere.
D’après Ulpien, Cassius avait théorisé que la légitimité du vim vi repellere[75]
était fondée sur le ius natura. Parmi
les positions exprimées par la doctrine la plus récente à propos du fragment
d’Ulpien, je pense que deux d’entre elles sont à partager tout particulièrement.
La première est celle d’Antonio Mantello qui affirme que le contenu du passage
constitue une preuve de l’attention que l’école des sabiniens, mais surtout
Cassius, portait au «concetto che la realtà delle cose potesse giustificare
certe regole giuridiche»[76],
alors qu’en ce qui concerne le texte, pour Mantello «è fuor di dubbio che idque – comparatur potrebbe essere o una
glossa o un’interpolazione o una specificazione ulpianea. Ma non mi pare neppure da escludere che Ulpiano riassumesse ad sensum il discorso cassiano»[77]. La seconde
position est celle de José Luis Murga à propos du principe vim vi repellere licere: «La doctrina clásica debió tomar de la más
antigua jurisprudencia veterana la idea de que siempre era lícita la fuerza
para oponerse a una injusta violencia: vim
vi repellere licere. Este principio del que Ulpiano se hace eco en sus
commentarios al interdicto de vi, D.
43.16.1.27, atribuyéndolo a Casio es sin embargo más antiguo»[78]. Enfin, il pourrait être intéressant, en raison des liens culturels et
économiques qui existaient entre la Catalogne-Aragon et l’Arborea des Bas-Serra[79],
de souligner que le principe vim vi
repellere licere est mentionné dans un document catalan de 1128 et qu’il
représente le premier exemple de réception du droit romain en Catalogne[80].
Bien que l’ancienne doctrine
romaniste ait considéré que les fragments que nous venons de citer contenaient
des interpolations et que, dans l’après-guerre, d’éminents spécialistes tels
que Gabrio Lombardi[81] et
Alberto Burdese[82]
aient manifesté de sérieux doutes quant leur authenticité, il me semble très
difficile de pouvoir affirmer la thèse de l’interpolation, surtout si l’on
tient compte que dans le texte de ces fragments apparaissent des termes et des
concepts (natura, cognatio, nefas) qui se trouvaient déjà, liés entre eux, dans l’élaboration
juridique, et dans la spéculation philosophique de la période républicaine
tardive et des premières décennies de l’empire.
Nous savons en effet que la
première mention de «natura ius» digne de foi qui nous est parvenue
remonte à la Rhetorica ad Herennium,
datable des premières décennies du Ier siècle av. J.-C.:
Rhet. ad Herenn. 2.19: Natura ius est,
quod cognationis aut pietatis causa observatur, quo iure parentes a liberis, et
a parentibus liberi coluntur[83].
Mais nous pouvons lire des
références à la légitime défense et à son fondement juridique «ex natura» même dans les oraisons de
Cicéron.
Pro Milone 10: Est igitur
haec, iudices, non scripta sed nata lex, quam non didicimus, accepimus,
legimus, verum ex natura ipsa adripuimus, hausimus, expressimus, ad quam non
docti sed facti, non instituti sed imbuti sumus, ut si vita nostra in aliquas
insidias, si in vim et in tela aut latronum aut inimicorum incidisset, omnis
honesta ratio esset expediendae salutis[84].
Alors que pour la première
période du principat, il suffira de citer la doctrine philosophique de Sénèque
selon laquelle, sur la base de la conviction que natura nos cognatos edidit cum ex isdem et eadem gigneret, l’homme
doit être considéré comme res sacra
homini[85],
il me semble plus juste, à propos des sources romaines du chapitre III de la Carta de Logu, de rechercher dans le Codex Iustinianus les textes qui ont
inspiré aux compilateurs de la Carta
le principe selon lequel l’homicide commis par légitime défense n’est pas
punissable. Il pourrait s’agir du livre IX, titre XVI (Ad legem Corneliam de sicariis), dans lequel les deux constitutions
impériales citées ci-dessous exempte de toute peine la personne qui aurait
commis un homicide par légitime défense[86].
C.I.
9.16.2 (Imp. Gordianus A. Quintiano):
Is, qui adgressorem vel quemcunque alium in dubio vitae discrimine constitutus
occiderit, nullam ob id factum calumniam metuere debet.
C.I. 9.16.3 (Imp. Gallienus A. Munatio): Si, ut adlegas, latrocinantem
peremisti, dubium non est eum, qui inferendae caedis voluntate praecesserat,
iure caesum videri.
Une évidence ultérieure renforce
la conviction que la Carta de Logu de
Arborea a puisé dans le titre XVI (Ad
legem Corneliam de sicariis) du livre IX du Codex Iutinianus les modèles normatifs de l’homicide par légitime
défense: dans ce titre du Codex ont
pris place deux autres constitutions impériales. C’est presque certainement sur
les fragments de ces constitutions que les compilateurs ont calqué le cas de
l’homicide involontaire prévu dans le dernier alinéa du titre III de la Carta de Logu.
C.I. 9.16.1 (Imp. Antoninus
A. Aurelio Herculiano et aliis militibus): Frater vester rectius fecerit,
si se praesidi provinciae obtulerit: qui si probaverit non occidendi animo
Iustum a se percussum esse, remissa homicidii poena secundum disciplinam
militarem sententiam proferet. Crimen enim contrahitur, si et voluntas nocendi intercedat. Ceterum ea, quae ex improviso casu potius quam fraude accidunt,
fato plerumque, non noxae imputantur[87].
C.I. 9.16.4 (Exemplum
sacrarum litterarum Diocletiani et Maximiani AA. Agathoni): Eum, qui
adseverat homicidium se non voluntate, sed casu fortuito fecisse, cum calcis
ictu mortis occasio praebita videatur, si hoc ita est neque super hoc ambigi
poterit, omni metu ac suspicione, quam ex admissae rei discrimine sustinet,
secundum id quod adnotatione nostra comprehensum est volumus liberari[88].
D’autre part, il existait déjà, dans la même
ligne que les constitutions sus-citées, un précédent rescrit[89]
de l’empereur Hadrien figurant, avec un commentaire du juriste Marcien[90],
dans un fragment tiré du livre XIV de ses Institutiones[91]
et inclus dans le livre XLVIII des Digesta
de Justinien, sous le titre VIII Ad legem
Corneliam de sicariis et veneficis[92].
D. 48.8.1.3 (Marcianus libro quarto decimo institutionum): Divus Hadrianus rescripsit eum,
qui hominem occidit, si non occidendi animo hoc admisit, absolvi posse, et qui
hominem non occidit, sed vulneravit, ut occidat, pro homicida damnandum: et ex
re constituendum hoc: nam si gladium strinxerit et in eo percusserit,
indubitate occidendi animo id eum admisisse: sed si clavi percussit aut cuccuma
in rixa, quamvis ferro percusserit, tamen non occidendi animo. Leniendam poenam
eius, qui in rixa casu magis quam voluntate homicidium admisit[93].
Ce
fragment montre clairement que l’empereur prescrivait qu’il fallait absoudre de
l’accusation d’homicide volontaire toute personne qui ayant tué un homme
prouvait qu’elle l’avait fait sans animus
occidendi, car c’est justement l’absence d’animus occidendi qui
impliquait que l’homicide n’avait pas été volontaire. À propos du passage de
Marcien, il est intéressant de formuler une première considération formelle sur
la fidélité du juriste au texte impérial en question. G. Galandi écrit: «si delinea, molto chiaramente, che i riassunti
delle ordinanze imperiali contenute nelle opere giuridiche, sono, assai spesso
redatti con parole tratte dalle stesse»[94]. Par contre, pour ce qui est de la substance, certains (comme
par exemple Valerio Marotta[95]) ont vu dans le rescrit de l’empereur Hadrien une influence
grecque très nette: «Che la decisione adrianea sia stata ispirata dalla legge
draconiana sull’omicidio, è ipotesi priva di qualsiasi riscontro. La constitutio altro non è, in effetti, che
il punto di arrivo di una linea interpretativa pienamente affermatasi in età
ciceroniana. Eppure sul modello argomentativo adoperato dalla cancelleria
imperiale ha esercitato la sua influenza un topos che risale a Lisia, il
principale esponente della logografia attica»[96].
À la lumière des textes de Justinien vus
précédemment, la ressemblance, même terminologique, avec le texte d’Eleonora
d’Arborea me paraît évidente. Pour le Codex
Iustinianus comme pour la Carta de
Logu, on ne peut parler d’homicide volontaire si l’homicide a été commis
avec «non occidendi animo», car «ea, quae improviso casu potius quam fraude
accidunt» (cf. improvisadamente et
non cum animu deliberadu de la Carta)
ne sont pas imputables au dol de l’agent. En outre, tout comme les normes du Codex statuent, que lorsqu’il est établi
qu’il n’y a pas eu préméditation, l’accusation d’homicide pour celui qui «qui adseverat homicidium se non voluntate,
sed casu fortuitu ferisse» soit dérubriquée, de même la Carta de Logu prescrit qu’un homme qui a
causé la mort d’un autre homme «non
pensadamente ma pro causa fortunabili» soit confié au jugement
discrétionnaire du souverain: «Et in casu
qui alcuno homini – lit-on dans la Carta
– hochirit alcuno attero homini
improvisa(da)mente et non cum animu deliberadu et non pensadamente ma pro causa
fortunabili secundu qui solint a venne(r) multos desastros. Volemus qui in tali
casu istet et istari depiat at arbitriu et correctione nostra».
Je
soulignais plus haut que le chapitre III semble, sans aucun doute, modelé sur
les normes du droit romain de Justinien. En effet, il serait tout à fait
possible de considérer (comme on le fait désormais depuis les études de
Marongiu sur le rédacteur probable de la Carta
de Logu[97])
que la maxime selon laquelle «agentes et
consentientes pari poena puniuntur»[98]
dérive du droit canon plutôt que du droit romain. Pour plus de précision, il
semblerait que la maxime, insérée comme citation littérale dans le texte du
chapitre III de la Carta de Logu,
provienne des Decretales Gregorii IX,
dans lesquelles on peut lire:
Liv. I, Tit. XXIX (De
officio, et potestate iudicis delegati), c. I: Alexander III Londonensi Episcopo (an. 1165). Quia quaesitum est, quid
faciendum sit de potestatibus, quae, cum praecipimus alicui iustitiam exhiberi,
minis, ac terroribus conquerentes filere compellunt, et sic mandatum nostrum
eluditur: sic tibi respondemus, quod sicut agentes, et consentientes pari poena
(Scripturae testimonio) puniuntur: sic tam eos, qui trahuntur in causam, quam
principales eorum fautores (si eos manifeste cognoveris iustitiam impedire)
districtione Ecclesiatica poteris coercere.
Liv. V, Tit. XXXIX (De sententia excommunicationis), c. XLVII: Innoc. III (an. 1214). Quantae praesumtionis, et
temeritatis exsistat in Rectores Ecclesiae manus iniicere violentas. Ne autem
solos violentiae huiusmodi auctores aliquorum praesumtio existimet puniendos,
facientes, et consentientes pari poena plectendos catholica condemnat
auctoritas. Eos delinquentibus favere interpretamur, qui
cum possint, manifesto facinori desinunt obviare[99].
Il me semble difficile, sur la base du
texte, de nier que, dans ce cas, le renvoi à sas leges sous-entend un rappel du droit canon, même s’il faudrait
réfléchir plus attentivement sur les doutes manifestés par Marongiu dans la
formulation de sa thèse à propos de la provenance de la citation: «si tenga
presente – avait écrit Marongiu – che, per quel che ne sappiamo, non vi è alcun
precedente di norme statutarie le quali diano al diritto canonico l’autorità di
fonte superiore di diritto: ossia di fonte per eccellenza, a preferenza del
diritto romano»[100]. Il s’agit,
d’après moi, de comprendre que l’expression «nara(n)t sas leges» du chapitre III de la Carta de Logu se réfère non seulement au droit romain mais aussi au
droit canon: cette interprétation, d’ailleurs déjà partagée par les juristes du
XVIe siècle[101],
est en effet suggérée par l’utilisation du pluriel. La constatation que, dans
les Questioni giuridiche esplicative alla
Carta de Logu, l’expression «narat sa
lege» se rapporter toujours, sans aucun doute possible, au droit romain
constitue un argument décisif ultérieur en faveur de la thèse soutenue ici.
Marongiu, lui aussi, considérait comme «circostanza singolarissima» le fait que
dans le chapitre 3 de la Carta de Logu
le mot sa lege ne se rapportait pas
«alla legge per eccellenza, che doveva essere il diritto romano»[102].
Il suffira de ne citer que
quelques cas relatifs à la réglementation romaine du concours de plusieurs
personnes au crime, pour se rendre compte que cette règle[103]
est attestée aussi bien dans les textes des premiers juristes romains que dans
les constitutions impériales du Codex
Iustinianus.
Le premier exemple est
constitué par un bref fragment tiré du livre VIII de officio proconsulis d’Ulpien[104] que
nous trouvons à présent au titre de lege
Pompeia de parricidis du XLVIII livre des Digesta Iutiniani.
D. 48.9.6 (Ulpianus libro octavo de officio proconsulis): Utrum qui occiderunt parentes
an etiam conscii poena parricidii adficiantur, quaeri potest. Et ait Maecianus
etiam conscios eadem poena adficiendos, non solum parricidas. Proinde conscii etiam extranei eadem poena adficiendi sunt[105].
Dans ce fragment, le juriste abordait un problème très controversé:
l’extension de la peine prévue pour le parricide à la simple participation des conscii, c’est-à-dire de ceux qui
étaient au courant du crime même sans avoir matériellement participé à son
exécution. Le texte indique qu’Ulpien était orienté en ce sens[106];
il fondait son opinion sur l’autorité du juriste L. Volusius Maecianus[107]
qui avait affirmé qu’ils devaient être soumis à la même peine que les
parricides etiam conscii[108].
Le
second exemple est une constitution de l’empereur Justinien datée de 533 apr.
J.-C.:
C.I. 1.3.53(54).5 (Imp. Iustinianus A. Hermogeni magistro officiorum): Poenas autem,
quas praediximus, id est mortis et bonorum amissionis, constituimus non tantum
adversus raptores, sed etiam contra eos, qui hos comitati in ipsa invasione et
rapina fuerint. Ceteros autem omnes, qui conscii et ministri huiusmodi criminis
reperti et convicti fuerint vel eos susceperint vel quamcumque opem eis
intulerint, sive masculi sive feminae sunt, cuiuscumque condicionis vel gradus
vel dignitatis, poenae tantummodo capitali subicimus, ut huic poenae omnes
subiaceant, sive volentibus sive nolentibus sanctimonialibus virginibus seu
aliis supra dictis mulieribus tale facinus fuerit perpetratum[109].
Le
texte que nous venons de citer montre que dans cette constitution, reproduite
presque sous la même forme dans le Codex
Iustinianus 9.13.1.3, l’empereur Justinien infligeait la même peine, prévue
adversus raptores, à ceux qui étaient
simplement conscii et ministri de ce
même crime.
Examinons à présent deux autres références
au droit romain que l’on rencontre dans la Carta
de Logu et plus précisément, exprimées par les termes sa lege ou sa ragione,
dans les chapitres LXXVII et LXXVII, intitulés De chertos dubitosos et De
appellationibus, qui se trouvent dans
la partie de la Carta disciplinant
les Ordinamentos de chertos e de nunzas
(chapitres l-lxxx)[110].
Carta de Logu, chap. lxxvii: Volemus et ordinamus, cum ciò
siat causa qui in sas coronas nostras de loghu et ateras qui se tenent per nos
per issu armentargiu nostru, multas boltas advenit que inter issos lieros que
sunt in sas ditas coronas est adivisioni, discordia o ver differentia in su
iuygare que faghint supra alcuno chertu et desiderando nos qui ciascuna dessas
terras nostras siant mantesidas et observadas in iusticia et in raxone et pro
defectu dessa dita divisione, o ver discordia non perdat nen manquit alcuna
rax(i)one sua, ordinamus et bolemus quisi in alcuna dessas ditas coronas
pervengiat alcunu chertu quesseret grosso et dubitosu, de su quali sos lieros
dessa dita corona esserent perdidos et divisidos insu iuigare issoro, qui
incussu casu su armentargiu nostru de loghu, over atero officiali nostru quest
assu presenti, o chat esser per inantes, sia tenudo dessu chertu e dessu iuighamentu
cant faghire sos ditos lieros supra su ditu chertu, de avirinde consigiu cum
sos savios dessa corte nostra et cum alcunos dessos lieros de sa corona qui
pargiant sufficientes ad elect(i)one dessu ditu armentargiu, o ver officiali
cat reer sa corona, et icussu qui pro issos o per ipsa maiore parte de(i)ssos
s’at deliberari de raxione siat de faghire dessu dito chertu, su armentargiu o
ver officiali nostru fazat leer et publicare in sa predicta corona[111] in
presencia de ambas partis pro sentencia diffinitiva et mandit ad executione, si
appellando non est infra tempus legitimu de dies deghi comenti cumandat sa
lege, non infirmando[112]
però sa carta de logu[113].
Carta de Logu, chap. lxxviii: Constituimus et ordinamus qui ciascuna
persona qui si sentirit agravada de alcuna sententia quilli esseret dada
incontra supra alcunu chertu de alcuna questione qui avirit daenante de
qualuncha officiali si pozat, si bolet, appellaresi infra su tempus ordinadu
daessa ragione duas boltas secundu quest naradu de supra, cio est de una de
questione non usit et non si pozat appellari plus et in casu qui plus boltas si
appellarit ultra sas secundas duas non silli deppiant amittere nen acceptare[114].
Dans ces chapitres, il faut surtout relever
qu’Eleonora d’Arborea renvoie à sa lege
pour la définition des délais légaux pour attaquer un jugement; dans la Carta de Logu ce délai est de dix jours
maximum: si appellando non est infra
tempus legitimu de dies deghi comenti cumandat sa lege (chap. LXXVII). Il
faut souligner, en outre, que le contenu de ces deux chapitres est étroitement
lié au contenu des deux chapitres suivants qui, eux aussi, règlent la matière de appellationibus.
L’un des deux fixe, en effet, le point de départ du délai pour le recours et
dispose que les dix jours pour faire appel du jugement commencent à partir du
moment où celui-ci est prononcé.
Carta de Logu, chap. lxxix: Item ordinamus.
Ciascuna persona qui sat sentiri agravadu de alcuna sentencia quilli esseret
dada in contra si pozat appellari si bolet incontinente viva voce o per
iscriptu infra dies X. de qui ad esser dada sa sententia, et qui cussa
appellatione et icussu processu dessa questione deppiant levare et presentare
assa corte infra ad ateras dies XV. Et si ya non romaneret pro culpa et
negligencia dessu nodaiu o ver scrivanu qui non lu daret su processu infra su
dictu tempus[115];
Le chapitre suivant établit que, pour que
l’appel soit valable, la valeur de la cause traitée ne peut être inférieure à
la somme de cent sous, c’est-à-dire cinq lires:
Carta de Logu, chap. lxxx: Volemus et
ordinamus pro cessare ispesas a sos subditos nostros et litingantes nostros qui
de alcuna sententia et iuighamentu cat esser factu per armentargiu nostru de
loghu, o per chaluncha atero oficiali nostru subra alcuna questione nostra o
chertu qui esseret dae C. soddos ingiosso non usit nen deppiat appellari an nos
nen ad atter officiali nen etiam [des] assos auditores nostros. In casu qui si
appellarit, bolemus quessa dicta appellatione non bagiat nen contenyat pro qui
bolemus qui sentencia qui sos officialis nostros et quantu casu ant dari et
liberari bagiat et tenghat et mandit a executione secundu qui per issos
iuighantes issoro at esser determinadu[116].
Sur la base du contenu des quatre chapitres,
il me paraît plutôt évident que dans la Carta
de Logu toute la partie du procès concernant les délais et les modalités
d’appel a été réglée en suivant de très près la législation romaine tardive de appellationibus, codifiée et innovée,
même pour ce qui est des tempora
appellandi[117],
par l’empereur Justinien[118].
Mais pour dissiper tout doute à ce sujet, il suffira de lire quelques passages
de la Novella 23 (De appellationibus et
intra quae tempora debeat appellari), adressée à Triboniano magistro officiorum et quaestori sacri palatii et qui ne
nous est parvenue intégralement que dans la version latine de l’Authenticum[119].
Nov. 23.1: Et
sancimus omnes appellationes, sive per se sive per procuratores seu per
defensores vel curatores et tutores ventilentur, posse intra decem dierum
spatium a recitatione sententiae numerandum iudicibus ab his quorum interest
offerri, sive magni sive minores sunt (excepta vidilicet sublimissima
praetoriana praefectura): ut liceat homini intra id spatium plenissime
deliberare, sive appellandum ei sit sive quiescendum. Ne timore instante opus
appellatorium frequentetur, sed ait omnibus inspectionis copia, quae et
indiscussos hominum calores potest refrenare[120].
La novella
a été édictée par l’empereur Justinien en janvier 536 apr. J.-C.[121]
avec l’intention déclarée de remettre de l’ordre dans «la materia dell’appello,
innovando i termini di impugnazione, la competenza per valore e i limiti di
appellabilità per le cause di minor valore»[122]
afin d’offrir à ses contemporains – comme on peut lire dans la praefatio – «Anteriorum legum acerbitati plurima remedia»[123].
C’est la raison pour laquelle l’empereur sanctionne dans Nov. 23.1 que omnes
appellationes peuvent être présentées par tout personne ayant intérêt, intra decem dierum spatium a recitatione
sententiae numerandum[124],
devant n’importe quel juge (sive magni
sive minores sunt), à l’exception de la sublimissima
praetoriana praefectura.
Il me paraît opportun d’exposer ici, même
brièvement, les parties des autres capita
de la Novella 23 avec lesquelles on
peut comparer les normes similaires de la Carta
de Logu. Dans le caput 3, par
exemple, il est prescrit qu’il est interdit de renvoyer en appel à
Constantinople (afin de ne pas occuper super
minimis causis maximi nostri iudices) les différends jusqu’à une valeur de
dix livres d’or et qui ont été jugés en province par un vir clarissimus; ce caput
dispose que ces différends seront réexaminés et qu’un jugement sans appel sera
prononcé par un haut fonctionnaire impérial supérieur de rang spectabilis. Le caput 4, au contraire, confirme la norme qui réglait les appels
contre les jugements émis par les spectabiles:
ces jugements étaient toujours transférés, sans tenir compte de la valeur de
l’affaire, à la juridiction conjointe du praefectus
praetorio et du quaestor sacri
palatii.
Nous pouvons conclure en affirmant que,
selon moi, la preuve est faite que dans les chapitres de appelationibus de la Carta
de Logu, notamment pour ce qui est de la détermination du délai de dix
jours comme tempus legitimu de appellare,
les compilateurs ont procédé, une fois encore, en renvoyant à un autre système
normatif dont la simple dénomination sa
lege («comenti cumandat sa lege»)
ou sa ragione («infra su tempus ordinadu dae sa ragione»)[125]
sous-entend, sans équivoque, le droit romain de Justinien.
Mais la lecture des chapitres que nous
venons de citer permet de relever une donnée encore plus importante: en effet,
l’utilisation, dans les normes d’Arborea, de verbes indiquant clairement le
commandement (cumandare / ordinare)
et surtout l’emploi de ces verbes au présent (cumandat), fait comprendre nettement que le législateur renvoie à
l’autorité d’un système normatif de référence encore en vigueur. Et ce système
est, sans aucun doute possible, le droit romain dans le corpus duquel les compilateurs de la Carta de Logu les dispositions attribuées à sa lege: ici la Novella
23.
Examinons enfin les chapitres XCVII et
XCVIII, intitulés respectivement De
deseredari et XCVIII De coyamentos;
malgré leurs titres, ils concernent tous deux le droit successoral[126].
Carta de Logu, chap. XCVII: Volemus et ordinamus qui nexuna persona de su rennu nostru
de Arbaree usit nen deppiat deseredare sos figios, o ver nebodes suos nados
dessos figios, dessas rexonis qui sillis at apertenne pro sa heredidadi de su
padre, o ver de sa mama issoro; salvu si su padre over sa mama a sa morte
issoro bolerent narri et apponerent contra issos figios, o ver nebodes, iusta
ochaxione pro sa quale illos deberent diseredare et assa dita ocaxione si
deppiat provare legittimamente per icusos
a quj ant[127] aviri lexadu sos benes issoro infra unu mese da essa die de sa
morte de su testadore[128].
Carta de Logu, chap. XCVIII: Constituimus et ordinamus qui, si alcuna persona coiarit
figia sua a dodas, qui non siat tenudu de lassareli nen darelli in vida nen in
morte sua si non cussu quillat aviri dadu in dodas si non a voluntadi sua.
Salvu si issu non avirit ateru figiu quilli deppiat laxari sa parte sua secundu
raxione, contadu illoy in cussa parte cat deber avire sas dodas cat aviri
appidu daenante. Et simigiamente si intendat pro tottu sos dixendentes suos et
totu satero quillat remanne inde possat faguere cussu quillat plaghere et in
casu qui morret ab intestadu sussedat sa figia femina coiada cus sus ateros
fradis et sorris suas iscontandu daessa parti sua cunssa doda qui at aviri
appidu[129].
Même si la référence explicite au droit
romain ne se trouve que dans le chapitre 98, dans lequel l’expression «sa parte sua secundu raxione» désigne la
réserve héréditaire[130]
qui, dans ce cas, revient à la fille précédemment dotée, l’analyse du contenu
normatif des deux chapitres permet de comprendre clairement que le droit romain
en est la source[131]. On
peut raisonnablement indiquer comme source la Novella 115[132]:
c’est sur son caput 3 que la
discipline de l’exhérédation semble calquée.
Nov. 115.3.pr.: Aliud
quoque capitulum praesenti legi addendum esse perspeximus. Sancimus igitur non
licere penitus patri vel matri, avo vel aviae, proavo vel proaviae suum filium
vel filiam vel ceteros liberos praeterire aut exheredes in suo facere
testamento, nec si per quamlibet donationem vel legatum vel fideicommissum vel
alium quemcumque modum eis dederint legibus debitam portionem, nisi forsitan
probabuntur ingrati et ipsas nominatim ingratitudinis causas parentes suo
inseruerint testamento. Sed quia causas, ex quibus ingrati liberi debeant
iudicari, in diversis legibus dispersas et non aperte declaratas invenimus,
quarum aliquae nec dignae nobis ad ingratitudinem visae sunt, aliquae vero cum
essent dignae praetermissae sunt, ideo necessarium esse perspeximus eas
nominatim in praesenti lege comprehendere, ut praeter ipsas nulli liceat ex
alia lege ingratitudinis causas opponere nisi quae huius constitutionis serie
continentur[133].
Édictée par l’empereur Justinien le 1er
février 542 apr. J.-C., la Novella
115, dans ses capita 3,4 et 5 pr.,
«prescrisse che gli ascendenti e i discendenti dovessero necessariamente venire
istituiti eredi. La diseredazione non
è ammessa se non per motivi gravi e determinati dalla Novella stessa»[134]. En outre, dans la
nouvelle réglementation de Justinien, qui «fonde in un sol sistema quello
formalistico della diseredazione e quello della querela»[135],
pour l’exclusion de la succession aucune exhérédation expresse n’est demandée,
il suffira de mentionner l’exclusion à propos de la personne que l’on veut
priver de ses droits successoraux. L’héritier réservataire injustement frappé
peut naturellement attaquer le testament, ce qui a comme conséquence la
rescision ce dernier; cependant, écrit Voci, cette rescision «colpisce
propriamente solo le heredis
institutiones, giacché le altre disposizioni rimangono valide»[136].
Mais revenons à la Novella 115. Ce texte éclaire les raisons qui poussèrent l’empereur
à légiférer dans cette matière (Sed quia causas, ex quibus ingrati liberi debeant
iudicari, in diversis legibus dispersas et non aperte declaratas invenimus,
quarum aliquae nec dignae nobis ad ingratitudinem visae sunt, aliquae vero cum
essent dignae praetermissae sunt) en fixant définitivement les iustae causae ingratitudinis légalement
reconnues et à sanctionner l’interdiction absolue de ex alia lege ingratitudinis causas opponere[137].
La confrontation entre les normes de la Carta de Logu et celles de la
législation impériale que nous venons de citer présente un grand intérêt. Nov. 115.3.pr. et le chapitre XCVIII
sanctionnent qu’en cas d’exhérédation le testateur doit obligatoirement
déclarer la iusta causa ingratitudinis
ou la justa occagione et, en quelque
sorte, la prouver (nisi forsitan
probabuntur ingrati et ipsas nominatim ingratitudinis causas parentes suo
inseruerint testamento). Il n’en reste pas moins qu’en cas de litige les
héritiers ont le fardeau de la preuve aussi bien dans le droit de Justinien (Sive igitur omnes memoratas ingratitudinis
causas sive certas ex his sive quamlibet unam parentes testamento suo
inseruerint, et scripti heredes nominatam vel nominatas causas vel unam ex his
veram esse monstraverint, testamentum suam firmitatem habere decernimus)[138]
que dans le “code” d’Arborea (et assa
dita ocaxione si deppiat provare legittimamente per icusos a quj ant aviri
lexadu sos benes issoro infra unu mesi da essa die de sa morte de su testadore).
Autre point de contact entre la
réglementation impériale romaine et les normes de la Carta de Logu en matière de deseredari:
la réserve héréditaire destinée aux enfants; elle est indiquée dans Novella 115.3.pr. avec l’expression legibus debitam portionem de laquelle
semble dériver la parte sua secundu
ragione, dont la fille, dans le cas décrit au chapitre 98 de la Carta, ne peut être privée par le
testateur.
Quant au régime de la succession nécessaire,
au-delà de la confrontation, très utile, des textes, il est opportun de
réfléchir davantage sur ce qui manque dans le texte normatif de la Carta de Logu: ainsi, le chapitre XCVII ne fait, par exemple, aucune
allusion à quelles étaient les causes légitimes sur lesquelles pouvait se
fonder légalement sa justa occagione
du deseredari. Le texte renvoie donc,
une fois encore, tacitement à d’autres normes qui, pour le législateur, sont encore
en vigueur et assez connues pour être sous-entendues. D’autres évidences nous
permettent de déduire indirectement qu’il s’agissait d’un renvoi au droit
romain.
La première de ces évidences nous est fournie
par un juriste sarde inconnu, auteur d’un petit ouvrage de casuistique
juridique connu sous le nom de Questioni
giuridiche esplicative della Carta de Logu (mais, dans le code de la
Bibliothèque Universitaire de Cagliari, il porte de la titre Exposiciones de sa ‘llege, alors que les
premières éditions imprimées ont un autre titre: Sequuntur infra Sas leges prosas cales si regint in Sardigna). Dans
la rubrique Qui potest deseredare,
afin de répondre à la question «Ponamus
qui su padri bolit isderedari asu figiu: podet illu faghiri o non?», le
juriste recourt presque naturellement au texte de la Novella 115, caput 3: «Narat su testu quillu podet faghiri in XIIII maneres»; il énumère ensuite, une
après l’autre, les quatorze iustae
ingratitudinis causae de la Novella
qu’il lisait «in autentico»[139].
L’ouvrage atteste un emploi plutôt fréquent et original du droit romain de
Justinien dans la Sardaigne du XIVe siècle[140],
bien qu’une analyse plus attentive du texte montre que l’auteur n’avait pas une
connaissance approfondie des sources et qu’il les utilisait de façon très
rudimentale; c’est ce qu’avait déjà bien vu Vittorio Finzi: «il modo con cui le
allegazioni stesse furono barbaramente storpiate – écrivait-il – potrebbe
provare che ad esse si ricorreva di rado»[141].
Il y a enfin une autre évidence qui, bien
qu’elle ne puisse concerner Eleonora d’Arborea, éclaire bien le climat culturel
de l’époque de la compilation de la Carta
de Logu. C’est le texte d’une intégration aux Statuti Sassaresi, voulue par Brancaleone Doria en qualité de comte
de Monteleone, contenant des rappels à sa
iusta et comuni rasone et à sa lege
comuni. Ce document, plutôt lacunaire, que nous pouvons lire grâce à la
transcription publiée par Besta[142],
nous permet de comprendre que la norme ajoutée concernerait justement
l’interdiction d’exhérédation du fils (à laquelle la tripartition ut lege naturali, canonica et civili se
rapportait peut-être, même si ceci est absolument indéchiffrable), exhérédation
que le législateur voulut considérer en général comme inadmissible (ordinamus et bolemus qui su patri ad su
figiu et non isu figiu ad su patrj non poçat diseredare dessa legittima sua);
«exceptu cum iusta casione de sa lege
comuni ordinadu». Sur la base de cette intégration aux Statuts communaux de
Sassari, pour élaborer lesquels le mari d’Eleonora d’Arborea a certainement
fait recours aux mêmes experts juridiques qu’elle, je crois qu’il est plus
logique de supposer que c’est de cette même lege
comuni qu’avait dû s’inspirer la législation d’Arborea en matière
d’exhérédation. C’est d’ailleurs ce qu’il me semble d’avoir suffisamment prouvé
dans mon analyse des textes juridiques romains.
En conclusion, voici quelques suggestions
romanistes relatives aux idées qui ont inspiré la Carta de Logu. La finalité déclarée dans le prologue était
principalement de affrenare e constringhere «sa superbia dessos reos et malvagios hominis», afin de consentir «quisos bonos et puros et innocentes pozant
viver et istare inter issos reos ad seguritades pro paura dessas penas»[143].
Eleonora d’Arborea, «per issos bonos capidulos» de la Carta de Logu, se proposait ainsi de porter remède de façon ferme
et efficace à la mauvaise situation de son époque, au cours de laquelle – comme
d’ailleurs aujourd’hui encore – «ciaschuno
est plus inquenivili assu malu fageri qui non assu bene dessa re plubigha
sardischa»[144].
Soulignons, à ce propos, que le rappel
ci-dessus «assu bene dessa re plubigha
sardischa» permet de percevoir, une fois encore, une solide référence à la
culture juridique de l’époque de la part des compilateurs inconnus de la Carta de Logu; il me semble en effet
qu’il est possible de percevoir distinctement, pour l’utilisation du concept de
respublica, aussi bien la conscience
du rapport syntagmatique entre populus
et respublica, déjà soutenue par les
glossateurs les plus anciens[145],
que la connaissance des différentes significations du mot respublica, qui étaient schématisées dans la Glose d’Accursius[146].
Eleonora d’Arborea voulut aussi relier les
normes de la Carta de Logu aux motifs
qui avaient inspiré l’œuvre réformatrice de son père, Mariano IV d’Arborea[147];
le premier de ces motifs étant la défense intransigeante des activités
agricoles[148]
contre les invasions fréquentes des bergers[149];
défense que ce juge avait mis en œuvre avec la promulgation du “Code rural”[150],
qui fut introduit, et ce n’est pas un hasard, dans la Carta de Logu d’Eleonora dès la première édition imprimée[151]:
«L’economia terriera sarda, nella “Carta” di Eleonora – écrivait à ce propos
Carlo Guido Mor – ci appare imperniata, quasi, sul duello fra cultura e
pastorizia, ma la legislatrice ci si palesa nettamente favorevole alla prima,
difesa energicamente di fronte all’invandenza degli armenti»[152].
La référence générale à la finalité suprême
du pouvoir souverain de légiférer, finalité exprimée par la phrase «provvideri a su utili cummoni et bonu istadu
de sa gente nostra»[153] que
nous pouvons lire dans le prologue du “Code rural”[154],
est un des motifs qui ont inspiré Mariano d’Arborea. Dans ce rappel a su utili cummoni, en tant qu’objectif
premier de la législation des “Giudici” d’Arborea, il me semble qu’il est possible
d’entrevoir les quaedam publice utilia[155],
que la jurisprudence romaine avait conçues comme éléments caractérisant le ius publicum[156].
[1] Le seul manuscrit existant de la Carta de Logu se trouve à la
Bibliothèque Universitaire de Cagliari: E. Besta-P.E.
Guarnerio, Carta de Logu de
Arborea. Testo con Prefazioni illustrative, Tiré à part de Studi
sassaresi III, 1905. Pour l’histoire des différentes éditions, voir l’essai exhaustif et bien
documenté de T. Olivari, Le edizioni a stampa della “Carta de Logu”
(XV-XIX sec.), in Medioevo. Saggi e rassegne XIX, 1994, 159 ss.
La première réflexion “scientifique” sont les Commentaria et Glosa in Cartam de Logu,
publiés à Madrid en 1567 par Gerolamo Olives (1505-1571?), juriste de Sassari
très cultivé et avocat fiscal auprès du Conseil Supérieur d’Aragon (P. Martini, Biografia Sarda, II, Cagliari 1837-38, 339 ss.; et P. Tola, Dizionario biografico degli uomini illustri di Sardegna, ossia storia
della vita pubblica e privata di tutti i sardi che si distinsero per opere,
azioni, talenti, virtù e delitti, III, Torino 1838, 29 ss.). Je cite ici l’édition de 1607: Hieronymi Olives sardi, Commentaria et Glosa
in Cartam de Logu. Legum, et ordinationum Sardarum noviter recognitam, et veridice
impressam, Sassari MDCXVII.
[2] Sur la “giudicessa”-régente du “Giudicato
di Arborea” et sur son activité législative, voir la synthèse de F.C. Casula, La Sardegna aragonese, 2. La Nazione sarda, Sassari 1990, 413
ss. Antonello Mattone nous
fournit des idées intéressantes pour une réflexion critique sur les problèmes
historiographiques: A. Mattone, v.
Eleonora d’Arborea, in Dizionario Biografico degli Italiani,
XLII, Roma 1993, 410 ss. (avec la bibliographie la plus
complète sur Eleonora d’Arborea); Id.,
Un mito nazionale per la Sardegna.
Eleonora d’Arborea nella tradizione storiografica (XVI-XIX secolo), in Società e cultura nel Giudicato d’Arborea e
nella Carta de Logu. Atti del
Convegno internazionale di studi, Oristano 5-8 dicembre 1992, a cura di G.
Mele, Nuoro 1995, 17 ss.
[3] La doctrine du XIXe siècle donnait comme date 1395: cf., pour
tous, G.M. Mameli De’ Mannelli, Le Costituzioni di Eleonora giudicessa
d’Arborea intitolate Carta de Logu. Colla Traduzione Letterale dalla Sarda nell’Italiana
Favella e con copiose Note, Roma 1805 [réimpression anastatique, Cagliari
1974], 14 n. 4. E. Besta, La Carta de Logu quale monumento
storico-giuridico, in E. Besta-P.E.
Guarnerio, Carta de Logu de
Arborea. Testo con prefazioni illustrative, cit., 18, proposa 1392; cf. Id., La
Sardegna medioevale, 2. Le
istituzioni politiche, economiche, giuridiche, sociali, Palermo 1909
[réimpression anastatique Bologna 1979], 154. A. Era, Le così dette
questioni giuridiche esplicative della Carta de Logu, in Studi di storia e diritto in onore di E.
Besta per il XL anno del suo insegnamento, II, Milano 1939, 395, indiquait
au contraire 1386 même si ensuite, dans sa dernière étude, Le ‘Carte de logu’, in Studi
sassaresi, II serie, XXIX, 1962, 12, il adopte une position plus nuancée,
sans jamais accepter 1392. Dans le sillage d’Era, E. Cortese propose une
«hypothèse» de datation: E. Cortese, L’opera di Antonio Era nella storiografia
giuridica. - Nel ricordo di Antonio Era: una proposta per la datazione della
“Carta de Logu” d’Arborea, Università degli Studi di Sassari - Facoltà di
Giurisprudenza, Sassari, 9 dicembre 1982, 29. La date de 1392, devenue désormais presque
canonique, est reproposée dans les éditions les plus récentes de la Carta d’Arborea: F. C. Casula,
La “Carta de Logu” del regno di Arborea. Traduzione libera e commento storico, Sassari 1995, 240.
[4] Pour ce qui est de la définition du genus du document Carta de
Logu, dont la Carta de Logu de
Arborea est le modèle le plus complet que nous connaissions, je me réfère,
pour son admirable clarté de synthèse, à ce qu’a écrit A. Era,
Le ‘Carte de Logu’, cit., 15: «La
legge giudicale è un “ordinamentu” che consta di uno [...] o più capitoli [...]
riguardanti però un’unica materia; Carta
de logu è il complesso di più “ordinamentus” ciascuno di materia
diversa e non si presenta come una codificazione finita, sibbene aperta ad
innovazioni ed ampliamenti, ottenuti mediante l’aggiunta di altri
“ordinamentus” singoli o plurimi e, a differenza dei codici moderni che sono
dedicati ad una singola materia e chiusi, abbraccia materie varie, come gli
statuti medievali, e consente successive stratificazioni come un editto romano
o longobardo».
[5] Cf. F. Sini, Comente comandat sa lege. Diritto romano nella
Carta de Logu d’Arborea, [Università degli Studi di Sassari - Pubblicazioni
del Seminario di diritto romano del Dipartimento di Scienze Giuridiche, 11]
Torino 1997.
[6] Dans les citations de la Carta de Logu
d’Arborea, j’ai généralement suivi le texte de l’édition incunable: Carta de Logu. Riproduzione dell’edizione
quattrocentesca conservata nella Biblioteca Universitaria di Cagliari, a cura di Antonina Scanu, Sassari 1991.
[7] À propos des compilateurs de la Carta de Logu, voir A.
Marongiu, Sul probabile redattore
della Carta de Logu, à présent in Id.,
Saggi di storia giuridica e politica
sarda, cit., 60 ss. Pour les aspects généraux de la culture (principalement
de modèle italien) du Giudicato d’Arborea pendant la période de la compilation
d’Eléonore, voir F.C. Casula, La cancelleria sovrana dell’Arborea dalla
creazione del “Regnum Sardiniae” alla fine del giudicato (1297-1410), in Medioevo. Saggi e rassegne III, 1977, 75
ss.; Id., Cultura e scrittura nell’Arborea al tempo della Carta de Logu, in Il mondo della Carta de Logu, cit., 71
ss.
[8] E. Blasco Ferrér, Storia linguistica della
Sardegna, Tübingen 1984, 64; Id.,
La lingua sarda contemporanea. Grammatica
del logudorese e del campidanese, Cagliari 1986, 70 s.
[9] M. Da Passano, Delitto e delinquenza nella Sardegna sabauda
(1823-1844), [Pubblicazioni della Facoltà di Giurisprudenza dell’Università
di Sassari. Serie storica, 3] Milano 1984, 1 ss. (avec une vaste revue de la bibliographie
précédente).
[10] Il faut donc partager le jugement de F. Schupfer, Manuale di storia del diritto italiano, 4ª ed. riveduta e
riordinata, Città di Castello-Firenze 1908, 382, selon lequel la durée de la Carta de Logu «fa fede certamente della
bontà intrinseca della legge, ma attesta eziandio l’indole piuttosto
stazionaria di cotesti insulari».
[11] P.E. Guarnerio, La lingua della «Carta de
Logu» secondo il manoscritto di Cagliari, in E. Besta-P.E. Guarnerio, Carta
de Logu de Arborea. Testo con prefazioni illustrative, cit., 69 ss.; A. Sanna, La lingua della Carta de Logu, in Id.,
Il dialetto di Sassari e altri saggi,
Cagliari 1973, 9 ss.; Id., Il carattere popolare della lingua della
Carta de Logu, in Il mondo della
Carta de Logu, cit., 49 ss.; G.
Paulis, Parole e storia nel mondo
della ‘Carta de Logu’ e del Giudicato di Arborea, in Studi in onore di Massimo Pittau, I, Sassari 1994, 11 ss. À propos
des aspects historico-linguistiques du «sardo antico del periodo giudicale e
dei condaghi», je renvoie à E. Blasco
Ferrér, Storia linguistica della
Sardegna, cit., 64 ss.; Id., Carta de Logu d’Eleonora d’Arborea,
1355-1376, in “Diritto @ Storia. Quaderni di scienze giuridiche e
tradizione romana”, II (marzo
2003) = < http://www.dirittoestoria.it/
tradizione2/Blasco-Crestomanzia.htm >.
[12] Cette particularité de la Carta
de Logu n’avait pas échappé à A. Pertile,
Storia del diritto italiano dalla caduta
dell’impero romano alla codificazione, II. 2. Storia del diritto pubblico e delle fonti, 2ª ed., a cura di P. Del
Giudice, Milano-Roma-Napoli 1898, 88-91. Celui-ci soutenait que la Carta était
restée en vigueur bien après son abolition formelle: «essa non perdette ogni
valore nell’isola che allorquando vi fu introdotto il codice civile italiano, e
con esso si ruppe ogni filo della storia».
[14] G. Pazzaglia, L’istituto del
barracellato e l’agricoltura della Sardegna, in Atti del secondo Congresso Nazionale di Diritto agrario (Mussolinia-Cagliari-Sassari
16-19 ottobre 1938), Roma 1939, 95 ss.; P. Sanna,
Le origini delle compagnie barracellari e
gli ordinamenti di polizia rurale nella Sardegna moderna, in La Carta de Logu nella storia del diritto
medievale e moderno, a cura di I.
Birocchi e A. Mattone, sous
presse aux Editions Laterza.
[17] A. Pigliaru, La vendetta barbaricina
come ordinamento giuridico (Milano 1959), à présent in Id., Il
banditismo in Sardegna. La vendetta barbaricina come ordinamento giuridico,
Nouvelle édition, avec introduction de L.
M. Lombardi Satriani, Milano 1975, 85 s.; 168 ss. Titulaire, jusqu’à sa mort prématurée en 1969,
de la Chaire de Doctrine de l’Etat à l’Université de Sassari, Antonio Pigliariu
a été, en Sardaigne, le philosophe du droit le plus important de la seconde
moitié du XXe siècle: pour une vision d’ensemble, cf. la biographie de M. Puliga, Antonio Pigliaru. Cosa vuol dire essere uomini,
Pisa-Sassari 1996. Il est impossible, dans une note, de dessiner la complexité
de sa pensée, ses multiples intérêts théorétiques et son engagement civique; je
me borne à mentionner quelques-uns de ses ouvrages les plus significatifs: Persona umana e ordinamento giuridico,
Milano 1953; Meditazioni sul regime
penitenziario italiano, in appendice Saggio
sul valore morale della pena, Sassari 1959; La piazza e lo Stato, Sassari 1961; Struttura, soprastruttura e lotta per il diritto, Padova 1965; Scritti sul fascismo, a cura di M. Addis
Saba e M. Puliga, Pisa-Sassari 1983.
[18] A. Pigliaru, Il banditismo in
Sardegna. La vendetta barbaricina come ordinamento giuridico, cit., 85-86.
[19] A. Pigliaru, Il banditismo in Sardegna.
La vendetta barbaricina come ordinamento giuridico, cit., 171 ss.
[21] A. Solmi, Prefazione, in Testi e documenti per la storia del Diritto agrario in Sardegna, cit., vii-viii; Id., Studi
storici sulle istituzioni della Sardegna nel medio evo, cit., 261-262.
[22] A. Mattone, v. Dexart, Giovanni,
in Dizionario Biografico degli Italiani,
XXXIX, Roma 1991, 617 ss.
[23] Ioannis Dexart, Capitula sive Acta Curiarum regni Sardiniae,
Carali 1645, I, 4, 3, n° 6-7. Cf. aussi G.
Manno, Storia di Sardegna, II,
Torino 1824 [réimpression anastatique, Bologna 1973], 398.
[24] A. Pertile, Storia del diritto italiano dalla caduta
dell’impero romano alla codificazione, II.2, cit., 89.
[26] V. Finzi,
Questioni giuridiche esplicative della
Carta de Logu, in Studi sassaresi,
I, 1901, Sez. I - Fasc. II, 125 ss.
[27] Carta de Logu. Riproduzione dell’edizione
quattrocentesca conservata nella Biblioteca Universitaria di Cagliari, a cura di Antonina Scanu, cit., 43 ss.; Carta de Logu, fata et instituida dae sa donna Helionora iuyghissa de
Arboree, novamente revista et corretta de multos errores, cun unu breve
ispedidu ordine in dogna cabidulu conforme a su chi tratat. Stampado
novamente en Napolis, pro Tarquinio Longu, ad istancia de Martine Saba
stampador en Calleris, MDCVII, 153 ss.
[30] E. Besta, Il diritto sardo nel medioevo, Bari
1898, 24; Id., La Sardegna medioevale, 2, cit., 161.
[34] Vittorio Devilla (1889-1960) fut chargé du cours de Droit
romain à l’Université de Sassari de 1937 à 1959; il avait été formé à l’école
de Carlo Fadda et de Flaminio Mancaleoni, et il fut l’auteur de monographies
très appréciées et de nombreux essais: ‘Actio
incerti’, Sassari 1932; Problemi relativi all’«optio servi»,
Sassari 1933; Le ‘usurae ex pacto’ nel
diritto romano, Roma 1937; La
‘liberatio legata’ nel diritto classico e giustinianeo, Milano 1939; Contributo alla storia e alla teoria della
‘condictio possessionis’, in Studi
sassaresi, II serie, X, 1932, 137 ss.; ‘Aequitas
naturalis’, in Scritti in onore di
Flaminio Mancaleoni [= Studi
sassaresi, II serie, vol. XVI], Sassari 1938, 123 ss.; Studi sull’«obligatio naturalis», in Studi sassaresi, II serie, XVII, 1939, 30 ss., 85 ss., 185 ss.; Appunti sul Senatoconsulto Macedoniano,
in Studi sassaresi, II serie, XVIII,
1941, 255 ss.; ‘Aqua et igni interdictio’,
in Studi sassaresi, II serie, XXIII,
1950, 1 ss.; ‘Exilium perpetuum’, in Studi in memoria di E. Albertario, I,
Milano 1953, 293 ss.; La ‘manumissio
vindicta’ nel diritto giustinianeo, in Studi
in onore di Pietro De Francisci,
II, Milano 1956, 273 ss.; L’obbligazione
naturale nel diritto classico, paru après sa mort in Studi in onore di E. Betti, II, Milano 1962, 362 ss.
[35] V. Devilla, Casi di diritto agrario nelle c. d.
“Questioni esplicative della Carta de logu”, in Testi e documenti per la storia del Diritto agrario in Sardegna,
cit., 95 ss.
[36] V. Devilla, Casi di diritto agrario nelle c. d.
“Questioni esplicative della Carta de logu”, cit., 97.
[37] A. Marongiu, Aspetti della vita giuridica sarda nei Condaghi di Trullas
e di Bonarcado (secoli XI-XIII), in Studi Economico-Giuridici dell’Università di
Cagliari XXVI, 1938, 624 ss. [= Id.,
Saggi di storia giuridica e politica
sarda, cit., 13 ss.]; Sul probabile
redattore della Carta de Logu, cit. [= Id.,
Saggi, cit., 61 ss.]; Delitto e pena nella Carta de logu di
Arborea, in Studi in onore di Carlo
Calisse, I, Milano 1940, 107 ss. [= Id.,
Saggi, cit., 75 ss.].
[38] Sur lequel, d’après A.
Marongiu, Delitto e pena nella
Carta de logu di Arborea, à présent in Id.,
Saggi di storia politica e
giuridica sarda, cit., 81 s., Eleonora d’Arborea aurait fondé «la
affermazione o la esclusione della responsabilità e (naturalmente in relazione
anche alle circostanze dei singoli delitti) la commisurazione della pena: ciò
in particolare nella ricerca degli estremi del dolo o della colpa e, per i
delitti intenzionali e volontari – cioè dolosi –, del movente dell’azione».
[39] A. Marongiu, Delitto e pena nella Carta
de logu di Arborea, à présent in Id.,
Saggi di storia politica e
giuridica sarda, cit., 82 s.
[41] Pour la biographie, la bibliographie et les intérêts scientifiques
de cet éminent auteur, voir C. Sole,
Antonio Era: profilo bio-bibliografico,
in Studi storici e giuridici in onore di
Antonio Era, Padova 1963, VII ss.; E. Cortese,
L’opera di Antonio Era nella storiografia
giuridica. - Nel ricordo di Antonio Era: una proposta per la datazione della
“Carta de Logu” d’Arborea, Università degli Studi di Sassari - Facoltà di
Giurisprudenza, Sassari, 9 dicembre 1982 = Id.,
Nel ricordo di Antonio Era. Una proposta
per la datazione della “Carta de Logu” d’Arborea, in Quaderni Sardi di Storia 3, 1983, 25 ss.
[44] Cet auteur avait consacré au thème des
rapports entre droit romain et Carta de
Logu une communication présentée au colloque sur Eleonora d’Arborea
(Oristano, avril 1962); le texte de cette communication fut incorporé par
l’auteur dans l’essai Diritto romano e
diritto comune in Sardegna, et publié dans le volume E. Cortese, Appunti di storia giuridica sarda, Milano 1964, 119 ss.
[50] E. Cortese, Il diritto nella storia
medioevale, II, cit., 353: «Almeno in alto loco, e almeno di nome, le leges di Giustiniano erano conosciute da
lunga data, da quando taluni giudici sardi avevan preso ripetuti impegni, sin
dal tardo XII secolo, di giudicare i mercanti soprattutto genovesi oltre che
secondo gli usi anche secondo le leggi romane. Due secoli più tardi la Carta de Logu si riferisce
certo al diritto giustinianeo quando richiama la lege o la ragione: pur
senza sopravvalutare la cosa, si tratta dell’indizio di un’importante apertura
al mondo della romanità continentale. E di un primo passo verso l’ingresso
della Sardegna nel sistema del Diritto comune».
[51] E. Artizzu, L’omicidio nella Carta de
Logu, in Quaderni bolotanesi
XXII, 1996, 157 ss.; pour une synthèse rapide du droit médiéval, cf. G. Diurni, v. Omicidio (dir. interm.), in Enciclopedia
del diritto, XXIX, Milano 1979, 910 ss.
[52] Le mot «consentivilis»
de l’édition incunable se présente sous une variante («consentibilis») dans le Manuscrit conservé à la bibliothèque
Universitaire de Cagliari (E. Besta-P.E.
Guarnerio, Carta de Logu de
Arborea. Testo con prefazioni illustrative, cit., 6); alors qu’il devient «consentientes» dans le texte du
commentaire de G. Olives à la Carta
d’Arborea: Hieronymi Olives sardi, Commentaria et Glosa in Cartam de Logu, cit., 9.
[53] La leçon du manuscrit est différente: «pro qui narat sa lege: Facientes e
consencientes pari pena pariuntur». Donc, dans le texte manuscrit de la Carta de Logu, sa lege est au singulier, agentes
de l’édition incunable est
remplacé par le terme facientes,
enfin le verbe puniuntur devient pariuntur; mais les éditeurs corrigent,
à raison, pariuntur par puniantur: E. Besta-P.E. Guarnerio, Carta
de Logu de Arborea, cit., 6.
[54] J’ai préféré garder la leçon «ma pro causa fortunabili» de l’édition
incunable (suivie aussi par Hieronymi
Olives sardi, Commentaria et Glosa in Cartam de Logu, cit., 9; G.M. Mameli De’ Mannelli, Le Costituzioni di Eleonora giudicessa
d’Arborea intitolate Carta de Logu, cit., 16; F.C. Casula, La “Carta
de Logu” del regno di Arborèa, cit., 36), plutôt que la forme «anti pro casu fortuitu» du manuscrit.
Bien que la forme que je viens de citer semble plus précise du point de vue
technico-juridique (elle semble en effet calquée sur le sed casu fortuito du C.I. 1,9,16,4), la leçon «ma
pro causa fortunabili» me paraît toutefois beaucoup plus significative car
elle constitue un cas exemplaire d’adaptation linguistique – donc le fruit
d’une interpretatio de la
jurisprudence – d’un texte latin au langage “populaire” choisi par la
législatrice d’Arborea pour sa compilation.
[55] Trad.: «Nous voulons et ordonnons que si
quelqu’un tue un homme, et qu’il le confesse lors du procès, ou bien que (son
crime) soit prouvé, selon ce que l’ordre de la raison commande, qu’il soit
décapité là où il a été condamné, de façon à ce qu’il en meure. Et personne ne
soit sauvé par l’argent, à moins que le sus-cité (homicide) n’ait tué pour se
défendre. Cette défense devra être prouvée et démontrée par le témoignage
d’hommes honorables dans les quinze jours à partir du jour établi par notre armentariu de logu, ou bien par un autre
de nos officiers, auquel l’affaire a été confiée. Et s’il est prouvé que la
personne a tué pour se défendre, comme il est dit plus haut, qu’elle ne soit
pas tuée, qu’aucune peine ne lui soit infligée, qu’elle ne paie rien. Et si par
hasard il arrivait que plusieurs personnes soient ensemble et que l’une d’elles
tue un autre homme et que les autres, non coupables de cette mort, ne viennent
pas dans les trois jours à la Cour (de justice) se disculper légitimement en se
déclarant non consentants pour la mort de cet homme, qu’ils soient punis et
condamnés à mort comme celui qui a perpétré le crime, parce que les lois
disent: “agentes et consentientes pari
pena puniuntur” (“que celui qui agit et celui qui consent soit puni avec la
même peine”). Tandis qu’au cas où quelqu’un tue un autre homme à l’improviste,
sans le faire délibérément et sans préméditation mais par cas fortuit, comme
beaucoup d’accident arrivent, nous voulons que dans ce cas, il soit soumis, il
doive être soumis, à notre volonté et à notre correction».
[56] Sur la discipline romaniste: U.
Brasiello, Sulla ricostruzione dei
crimini in diritto romano. Cenni sull’evoluzione dell’omicidio, in Studia et documenta historiae et iuris
XLII, 1976, 246 ss.; B. Santalucia,
v. Omicidio (diritto romano), in Enciclopedia del diritto, XXIX, Milano
1979, 886 ss. [= Id., Studi di diritto romano, Roma 1994, 107
ss.]; A. Biscardi, L’imputabilità dell’atto delittuoso in
diritto romano, in Apollinaris
LII, 1979, 150 ss.; L. Rodríguez Alvarez,
La tentativa de homicidio en la
jurisprudencia romana, in Anuario de
historia del derecho español XLIX, 1979, 5 ss.; A. Wacke, Fahrlässige
Vergehen in römischen Strafrecht, in Revue
internationale des droits de l’antiquité XXVI, 1979, 505 ss.; Evelyn Höbenreich, überlegungen zur
Verfolgung unbeabsichgter Tötungen von Sulla bis Hadrian, in Zeitschrift der Savigny-Stiftung für
Rechtsgeschichte (Rom. Abt.) 120, 1990, 249 ss. Cf. anche, dans une optique
plus étendue, G. Pugliese, Linee generali dell’evoluzione del diritto
penale pubblico durante il principato, in Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II.14, Berlin-New York
1982, 722 ss.; V. Giuffrè, La ‘repressione criminale’ nell’esperienza
romana. Profili, 3ª ed., Napoli 1993; A.D.
Manfredini, Crimini e pene da
Augusto ad Adriano, in ‘Res publica’
e ‘princeps’. Vicende politiche, mutamenti istituzionali e ordinamento giuridico
da Cesare ad Adriano. Atti del
Convegno internazionale di diritto romano. Copanello 25-27 maggio 1994, a
cura di F. Milazzo, Napoli 1996, 219 ss.
[57] À propos de dol, faute et cas fortuit, voir A. Marongiu, Delitto e pena nella “Carta de logu” d’Arborea, à présent in Id., Saggi
di storia giuridica e politica sarda, cit., 75 ss., en particulier 82 s.
[59] A. Marongiu, Delitto e pena nella “Carta de logu”
d’Arborea, à présent in Id., Saggi di storia giuridica e politica sarda,
cit., 81 s.
[60] Cf. Gabriella Olla Repetto,
I «boni homines» sassaresi ed il loro
influsso sul diritto e la società della Sardegna medioevale e moderna, in Gli Statuti sassaresi. Economia, Società, Istituzioni
a Sassari nel Medioevo e nell’Età Moderna. Atti del convegno di studi. Sassari, 12-14 maggio 1983, cit., 355
ss., en particulier 358.
[61] E. Besta, La Sardegna medioevale, 2, cit., 61 e 96; cf. aussi G.M.
Mameli De’ Mannelli, Le
Costituzioni di Eleonora giudicessa d’Arborea intitolate Carta de Logu,
cit., 16 note 7; A. Solmi, Studi storici sulle istituzioni della
Sardegna nel medio evo, Cagliari 1917, 72; plus récemment G.
Olla Repetto, L’ordinamento
costituzionale-amministrativo della Sardegna alla fine del ‘300, in Il mondo della Carta de Logu, cit., 111
ss.; mais surtout 140 ss.
[62] C. Ferrini, Diritto penale romano, Milano 1889, 31
ss.; Th. Mommsen, Römisches Strafrecht, Leipzig 1899, 620
s. [= Id., Le droit penal romain, trad. de J. Duquesne, II, Paris 1907, 334
ss.]; J. Caroï, La violence en droit criminel romain,
Paris 1914, 27 ss.; C. Gioffredi, I principi del diritto penale romano,
Torino 1970, 90 ss.; G. Longo, Sulla legittima difesa e sullo stato di
necessità in diritto romano, in Sein
und Werden im Recht. Festgabe für Ulrich von Lübtow, Berlin 1970, 321 ss.; J.M. García Marín, La legítima defensa hasta fines de la Edad Media. Notas para su estudio,
in Anuario de historia del derecho
español L, 1980, 413 ss.
[63] Sur le ius
naturale: J. Gaudemet, Quelques remarques sur le droit naturel à
Rome, in Revue internationale des
droits de l’antiquité I, 1952, 453 ss.; M.
Villey, Deux conceptions du droit
naturel dans l’Antiquité, in Revue
historique de droit français et étranger XXXI, 1953, 475 ss.; A. Burdese, Il concetto di ‘ius naturale’ nel pensiero della giurisprudenza
classica, in Rivista Italiana per le
Scienze Giuridiche, Serie III, VII, 1954, 407 ss.; G. Nocera, ‘Ius
naturale’ nella esperienza giuridica romana, Milano 1962; Ph. Didier, Les diverses conceptions du droit naturel à l’œuvre dans la
jurisprudence romaine des IIe et IIIe
siècles, in Studia et
documenta historiae et iuris XLVII, 1981, 195 ss.; F. Sini, Bellum
nefandum. Virgilio e il problema del “diritto
internazionale antico”, Sassari 1991, 216 ss.; L.C. Winckel,
Einige Bemerkungen über ius naturale und
ius gentium, in Festschrift für
Wolfgang Waldstein zum 65. Geburtstag, Stuttgart 1993, 443 ss.; W. Waldstein, Ius naturale im nachklassischen römischen Recht und bei Juristen,
in Zeitschrift der Savigny-Stiftung für
Rechtsgeschichte (Rom. Abt.) 111, 1994, 1 ss.
[64] S. Brassloff, v. Florentinus,
in Real-Encyclopädie der classischen
Altertumswissenschaft, VI, Stuttgart 1909, 2755 s.; P. Krüger, Geschichte
der Quellen und Litteratur des römischen Rechts, 2a ed., München und
Leipzig 1912, 215; M. Villey, Recherches sur la littérature didactique du
droit romain, Paris 1945, 42; F.
Wieacker, Doppelexemplare der
Institutionen Florentins, Marcians und Ulpians, in Revue internationale des droits de l’antiquité III, 1949, 275 ss.; D. Liebs, Römische Provinzialjurisprudenz, in Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II.15, Berlin-New York
1976, 348 s.; H.L.W. Nelson, Überlieferung, Aufbau und Stil von Gai
Institutiones, Leiden 1981, 372 ss.; M.
Bretone, Storia del diritto romano,
5a ed., Roma-Bari 1995, 401 ss.; S.
Querzoli, Il sapere di Fiorentino.
Etica, natura e
logica nelle ‘Institutiones’, Napoli 1997, 11 ss.
[65] S.
Querzoli, Il sapere di Fiorentino,
cit., 132 ss., avec des réflexions intéressantes sur la propension à
l’universalisme de la culture de ce juriste.
[66] W. Waldstein, Entscheidungsgrundlagen
der klassischen römischen Juristen, in
Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II.15, Berlin-New York 1976, 85
s.; Ph. Didier, Les
diverses conceptions du droit naturel à l’œuvre dans la jurisprudence romaine
des IIe et IIIe siècles, cit., 256 s.; M.
Kaser, ‘Ius publicum’ und ‘ius
privatum’, in Zeitschrift der
Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte (Rom. Abt.) CXVI,
1986, 95 s.; Yang Zhenshan, La tradizione filosofica del diritto romano
e del diritto cinese antico e l’influenza del diritto romano sul diritto cinese
contemporaneo, in Index. Quaderni
camerti di diritto romano XXI, 1993, 527.
[67] W. Waldstein, Entscheidungsgrundlagen
der klassischen römischen Juristen, in
Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II.15, Berlin-New York 1976, 85
s.; Ph. Didier, Les
diverses conceptions du droit naturel à l’œuvre dans la jurisprudence romaine
des IIe et IIIe siècles, cit., 256
s.; M. Kaser, ‘Ius publicum’ und ‘ius privatum’, in Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte (Rom. Abt.) CXVI, 1986, 95 s.; Yang
Zhenshan, La tradizione filosofica
del diritto romano e del diritto cinese antico e l’influenza del diritto romano
sul diritto cinese contemporaneo, in Index
XXI, 1993, 527.
[68] M. Pohlenz, Die
Stoa. Geschichte einer geistiger Bewegung, Göttingen 1959, trad. it.: La stoa. Storia di un movimento spirituale, I, Firenze 1967, 547. Plus en général, sur l’influence de la doctrine stoïque sur la culture
juridique romaine, cf. à présent l’essai de P.A.
Vander Waerdt, Philosophical
Influence on Roman Jurisprudence? The Case of Stoicism and Natural Law, in Aufstieg und Niedergang der römischen Welt,
II.36.7, Berlin-New York 1994, 4789 ss.
[69] B.
Biondi, La concezione cristiana
del diritto naturale nella codificazione giustinianea, à présent in Id., Scritti
giuridici, I. Diritto romano. Problemi generali, Milano 1965, 583 s.
[70] Sur le concept de naturalis
ratio et sur les particularités de
son utilisation par les juristes romains, il existe une importante
bibliographie: cf. J.J. de
Koschembahr-Lyskowsji, Naturalis ratio
en droit classique romain, in Studi
in onore di Pietro Bonfante, III, Milano 1930, 467 ss.; R. Voggensperger, Der Begriff des «Ius naturale» im römischen Recht, Basel 1952, 100
ss.; D. Nörr, Rechtskritik in der römische Antike, cit., 98 ss.; P. Stein, The Development of the Notion of Naturalis Ratio, in Daube Noster. Essays in Legal History for
David Daube, Edinburgh and London 1974, 305 ss.; G.G. Archi, «Lex» e
«natura» nelle istituzioni di Gaio, in Festschrift
für Werner Flume zum 70. Geburtstag, I, Köln 1978, 3 ss.; F. Casavola, Giuristi adrianei, Napoli 1980, 213 ss.; M. Kaser, Ius gentium,
Köln-Weimar-Wien 1993, 98 ss.
[71] H. Wagner, Studien zur allgemeinen
Rechtslehre des Gaius (Ius gentium und ius naturale in ihrem Verhältnis zum ius
civile), Zutphen 1978, 110; O.
Diliberto, Considerazioni intorno
al commento di Gaio alle XII Tavole, in Index
XVIII, 1990, 416; O. Behrends,
Anthropologie juridique de la
jurisprudence classique romaine, in Revue
historique de droit français et étranger LXVIII, 1990, 345 note 27; S. Querzoli, Il sapere di Fiorentino, cit., 153 ss.
[73] M. Bartošek, Sulla concezione “naturalistica” e
materialistica dei giuristi classici, in Studi in memoria di Emilio Albertario,
II, Milano 1953, 480.
[74] Pour la biographie de Caius Cassius Longinus P. Jörs, v. Cassius, in Real-Encyclopädie
der classischen Altertumswissenschaft, III.2, Stuttgart 1899, 1736 ss.; P. Krüger, Geschichte der Quellen und Litteratur des römischen Rechts, 2a ed.,
München-Leipzig 1912, 168 ss.; L. Wenger,
Die Quellen des römischen Rechts,
Wien 1953, 502; W. Kunkel, Herkunft und soziale Stellung der römischen
Juristen, 2a ed., Graz-Wien-Köln 1967, 130 s.; F. D’Ippolito, Ideologia
e diritto in Gaio Cassio Longino, Napoli 1969; D. Nörr, Zur
Biographie des Juristen C. Cassius Longinus, in Sodalitas. Scritti in onore di Antonio Guarino, VI, Napoli 1984,
2957 ss.; R.A. Bauman, Lawyers and Politics in the Roman Empire. A study of relations between the Roman jurists and the emperors from
Augustus to Hadrian, München 1989, 76 ss. (avec une autre bibliographie).
[76] A. Mantello, ‘Beneficium’ servile - ‘debitum’ naturale. Sen., ‘de ben.’ 3.18.1 ss. - D. 35.1.40.3 (Iav., 2 ‘ex post. Lab.’), I, Milano 1979, 382.
[78] J.L.
Murga, La ‘preclusio locatoris’
como ‘vis privata legittima’, in Revue
internationale des droits de l’antiquité XXXIV, 1987, 256 note 45.
[79] Ces liens ne cessèrent jamais tout à fait,
même pendant les périodes de violents contrastes, comme l’a montré Luisa D’Arienzo, I possessi catalani dei giudici d’Arborea, in Studi sardi 21, 1968-70 [mais 1971], 134 ss.
[80] Cf. A.
Iglesia Ferreirós, La creación del
derecho en Cataluña, in Anuario de
historia del derecho español XLVII, 1977, 142 s.
[81] G.
Lombardi, Sul concetto di ‘ius
gentium’, cit., 132 note 1 (à propos du fragment de Gaius D. 9.2.4.pr., G.
Lombardi ne considère pas authentique la partie relative à la justification
fondée sur la naturalis ratio); 154
ss. (il conteste l’authenticité de la partie du fragment de Florentinus D.
1.1.3 allant de et cum nos jusqu’à nefas esse.
[82] A. Burdese, Il concetto di ‘ius
naturale’ nel pensiero della giurisprudenza classica, cit., 415.
[83] Sur la datation de l’œuvre, je renvoie aux
travaux de G. Calboli (a cura di),
Cornifici Rhetorica ad Herennium.
Introduzione, testo critico e commento, Bologna 1969, 12 ss.; et de C. Achard, L’auteur de la “Rhétorique à Herennius”?, in Revue des études latines LXIII, 1985 [mais 1987], 56 ss., qui
considère comme peu probable l’attribution à Cornificius.
[84], Voir encore, toujours de Cicéron De leg. 1.18. Sur ces deux derniers passages:
interprétation, commentaire et bibliographie pécédente in K.M. Girardet, Die Ordnung der Welt: ein Beitrag zur philosophischen und politischen
Interpretation von Ciceros Schrift ‘De legibus’, Wiesbaden 1983, 65 ss.
[86] L’adhésion d’Eleonora d’Arborea à ce
principe nous paraît significative, surtout parce que, en général, il est
ignoré par la tradition juridique germanique: cf. A. Cavanna, Nuovi
problemi intorno alle fonti dell’Editto di Rotari, in Studia et documenta historiae et iuris XXXIV, 1968, 323 s.
[87] La constitution avait également été
recueillie auparavant dans le Codex Gregorianus, sous le titre ad legem Corneliam de sicariis et veneficis,
comme l’atteste Collat. 1.8.pr.-1.
[88] Sur le texte de cette importante
constitution (rescrit ou epistula?),
qui oppose la voluntas au casus fortuitus dans la détermination du
crime , voir A. Dell’Oro, ‘Mandata’ e ‘litterae’. Contributo allo studio storico degli
atti giuridici del ‘princeps’, Bologna 1960, in
part. 88 ss.; N. Palazzolo, Le modalità di trasmissione dei
provvedimenti imperiali nelle province (II-III sec. d.C.), in Iura XXVIII, 1977 [mais 1980], 79 s.; A. Wacke, Fahrlässige Vergehen in römischen Strafrecht, cit., 539 s.; W. Turpin, ‘Adnotatio’ and Imperial Rescript in Roman Legal Procedure, in Revue internationale des droits de
l’antiquité XXXV, 1988, 298 s.
[89] D. Nörr, Zur Reskriptenpraxis in
der hohen Prinzipatszeit, in Zeitschrift der Savigny-Stiftung
für Rechtsgeschichte (Rom. Abt.) CXI, 1981, 1 ss.; T. Honoré,
Emperors and lawyers, Oxford 1981, 24
ss. («The Rescript System»).
[90] Le texte de G. Polara, Marciano e
l’elemento soggettivo del reato (Delinquitur aut proposito aut impetu aut casu),
in Bullettino dell’Istituto di diritto
romano LXXVII, 1974, 110 ss., est consacré à la pensée du juriste Marcien à
propos de l’incidence de la voluntas
dans la qualification du crime.
[91] À propos de l’organisation de l’œuvre, je
renvoie à L. De Giovanni, Per uno studio delle ‘Institutiones’ di
Marciano, in Studia et documenta
historiae et iuris XXXIX, 1983, 91 ss.; réédité avec de légères
modifications dans Id., Giuristi severiani. Elio Marciano, Napoli 1989, 13 ss. Le spécialiste napolitain souligne l’importance des fragments relatifs à la
lex Cornelia de sicariis conservés
dans les Digesta de Justinien (137 =
66).
[92] Pour la reconstruction
palingénésique de la loi, qui remonte à la période de Silla, voir J.-L. Ferrary, Lex Cornelia de sicariis et veneficiis, in Athenaeum LXXIX, 1991, 417 ss.
[93] Le rescrit de l’empereur Hadrien figure
aussi, avec de légères modifications par rapport au texte de Marcien, dans Collat. 1.6.1-4; et dans Pauli Sent. 5.23.3.
[95] V. Marotta, ‘Multa de iure sanxit’.
Aspetti della politica del diritto di Antonino Pio, Milano 1988, 298 ss.
[97] A. Marongiu, Sul probabile redattore
della Carta de Logu, in Id., Saggi di storia giuridica e politica sarda,
cit., 61 ss.
[98] A. Marongiu, Sul probabile redattore
della Carta de Logu, in Id., Saggi di storia giuridica e politica sarda,
cit., 62 s.
[100] A. Marongiu, Sul probabile redattore
della Carta de Logu, à présent in Id.,
Saggi di storia giuridica e politica
sarda, cit., 62 s.
[101] Cf. Hieronymi Olives sardi, Commentaria et Glosa in Cartam de Logu, cit., 13-14: «Nota secundum
istum text. duo. Primum est, quod
agentes , et consentientes pari poena debent puniri, secundo ex isto tex.
notatur, dum dicit secundum leges, quod de iure communi est idem. Quaero ergo
an hoc sit verum, quod de iure communi agentes, et consentientes pari poena
puniuntur, et circa hoc reperiuntur varia iura».
[102] A. Marongiu, Delitto e pena nella “Carta de logu”
d’Arborea, à présent in Id., Saggi di storia giuridica e politica sarda,
cit., 78 note 16.
[103] C. Ferrini, Diritto penale romano. Esposizione storica e dottrinale, cit., 107 ss.; L. Chevailler,
Contribution à l’étude de la complicité
en droit pénal romain, in Revue
Historique de Droit Français et étranger
XXXI, 1953, 200 ss.; C. Gioffredi, Principi del diritto penale romano,
cit., 111 ss.; enfin, V.M. Amaya Garcia,
Coautoria y complicidad: estudio
historico y jurisprudencial, Madrid 1993, voir en particulier 15 ss.
[104] Sur les libri
de officio proconsulis d’Ulpien, voir F.
Schulz, Storia della
giurisprudenza romana, cit., 439 ss.; pour l’analyse des fragments qui ont survécu,
voir A. Dell’Oro, I ‘libri de officio’ nella giurisprudenza
romana, Milano 1960, 117 ss.; la consultation de O. Lenel, Palingenesia
iuris civilis, II, Leipzig 1888, 966 ss.. reste naturellement
indispensable.
[105] C. Ferrini, Diritto penale romano. Esposizione storica
e dottrinale, cit., 122; A. Dell’Oro,
I ‘libri de officio’ nella
giurisprudenza romana, cit., 163; J.D. Cloud,
Parricidium: from the lex Numae to the
lex Pompeia de parricidiis, in Zeitschrift
der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte (Rom. Abt.) LXXXIII, 1971, 53 s.;
Lucia Fanizza, Il parricidio nel sistema della ‘lex
Pompeia’, in Labeo XXV, 1979, 288
s.; et plus généralement sur le parricide, H.
Kupiszewski, Quelques remarques
sur le ‘parricidium’ dans le droit romain classique et post-classique, in Studi in onore di Edoardo Volterra, IV,
Milano 1971, 602 ss.
[107] Sur la biographie et sur la carrière de ce juriste, voir L. Fanizza, Giuristi crimini leggi nell’età degli Antonini, Bari 1982, 104 ss.;
et A. Ruggiero, L. Volusio Meciano tra giurisprudenza e
burocrazia, Napoli 1983, 9 ss.
[108] T. Honoré, Ulpian, cit., 221,
pense qu’il s’agirait d’une citation tirée du de iudiciis publicis: «In his work on the office of proconsul
Ulpian refers to Maecianus when dealing with the lex Pompeia de parricidiis. The reference is probably to Maecianus’
fourteen book work on iudicia publica».
Il situe, grâce à des observations précises, «la figura del conscius» dans la réflexion du juriste
Maecianus Lucia Fanizza, Giuristi crimini leggi nell’età degli
Antonini, cit., 87 ss.
[109] C. Ferrini, Diritto penale romano. Esposizione storica e dottrinale, cit., 122 s.; A. Wacke, Notwehr und Notstand bei der aquilischen
Haftung, in Zeitschrift der
Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte (Rom. Abt.) CIXX, 1989, 487.
[110] Hieronymi
Olives sardi, Commentaria et Glosa
in Cartam de Logu, cit. 87, qui explique le terme nunza («Nunça. Idem est, quod citatio, vel notificatio, quasi
nuntio a nuntio, est enim latinum corruptum, ut saepe dixi, quod lingua Sarda
est latinitas corrupta, quod nunça fit citatio, vel notificatio de aliquo actu
probatur infra cap. 52 de Corona, et in cap. 53 de nunça de Corona, et in cap.
55, in rubric. de nunças, et in cap. 58 rubr. de mandare nunça»).
Sur le procès civil dans la Sardaigne
médiévale, cf. E. Besta, La Carta de Logu quale monumento
storico-giuridico, cit., 31 ss.; Id.,
La Sardegna medioevale, 2. Le istituzioni politiche, economiche, giuridiche e
sociali, cit., 228 ss.; R. Di Tucci, Nuove
ricerche e documenti sull’ordinamento giudiziario e sul processo sardo nel
Medio Evo, Cagliari 1923; A. Checchini,
Note sull’origine delle istituzioni processuali
della Sardegna medioevale, in Id., Scritti giuridici e storico-giuridici,
II. Storia del processo - Storia del
diritto privato, cit., 207 ss.; G.
Pittiu, Il procedimento
giudiziario nei condaghi e nella Carta de Logu, in Studi sardi IV, 1940, 31 ss.; P. Marica,
La Sardegna e gli studi del diritto, II. Le fonti, Roma s. d., 21 s.
[111] On lit le mot corona dans le Manuscrit. (cf. E. Besta-P.E. Guarnerio, Carta de Logu de Arborea. Testo con
prefazioni illustrative, cit., 40), là où l’édition incunable emploie le
mot carta; mais la correction «corona» est déjà présente dans les
anciennes éditions imprimées: voir, pour tous, Hieronymi
Olives sardi, Commentaria et Glosa
in Cartam de Logu, cit., 130; G.M.
Mameli De’ Mannelli, Le
Costituzioni di Eleonora giudicessa d’Arborea intitolate Carta de Logu, cit., 92; enfin, F.C. Casula, La “Carta de Logu” del regno di Arborea, cit., 108.
[112] La correction de «informando» de l’édition incunable en «infirmando» est basée sur le Manuscrit: cf. E. Besta-P.E. Guarnerio, Carta de Logu de Arborea. Testo con
prefazioni illustrative, cit., 40; mais les éditions imprimées, qui
suivirent la première, contenaient déjà la correction (cf. Hieronymi Olives sardi, Commentaria et Glosa in Cartam de Logu,
cit., 130: «sequitur litera, quae etiam hic est mendosa non informando, vult
stare non infirmando, id est revocando cartam localem»; G.M. Mameli De’ Mannelli, Le Costituzioni di Eleonora giudicessa d’Arborea intitolate Carta de
Logu, cit., 92; F.C. Casula, La “Carta de Logu” del regno di Arborea, cit., 108).
[113] Trad.: «Nous voulons et nous ordonnons: il
arrive que dans nos coronas de logu,
et dans les autres coronas gouvernées
pour Nous par notre armentariu (de logu), souvent parmi les “libres” qui
composent la corona se créent
division, désaccord et divergence dans le jugement d’un litige; et, étant donné
que nous souhaitons que dans tous nos territoires règnent la justice et la
raison et qu’elles ne soient pas perdues à cause desdites divisions, nous
voulons et nous ordonnons que si dans une desdites coronas a lieu un différend grave et douteux qui cause incertitude
et division parmi les “libres” chargés de juger, alors notre armentariu de logu, ou tout autre
fonctionnaire de la couronne présent ou futur, avec l’aide de certains “libres”
de la corona, qu’il aura lui-même
choisis, doit demander un avis aux sages de notre Cour, et ce que ceux-ci
délibèreront à l’unanimité ou à la majorité sera lu et rendu public comme
jugement définitif dans la corona, en
présence des parties en cause. Et si aucun appel n’est présenté dans le temps
légitime des dix jours, selon la loi, ladite sentence deviendra exécutive, bien
entendu si elle n’infirme pas la Carta de
Logu».
Voir quelques réflexions sur le contenu de ce
chapitre, avec un commentaire qui est dans l’ensemble encore très utile, dans Hieronymi Olives sardi, Commentaria et Glosa in Cartam de Logu,
cit., 130 s., où le mot sa lege est
identifié, sans aucune hésitation, avec l’expression ius commune.
[114] Trad. «Nous établissons et nous ordonnons
que toute personne qui se sentirait frappée par une jugement injuste pour une
cause devant un fonctionnaire de la Couronne pourra, si elle le veut, se
pourvoir en appel dans les délais consentis par la raison deux fois – et pas
plus – selon ce que nous avons spécifié plus haut; tout autre appel, au-delà
des deux appels consentis, ne doit pas être accueilli».
Cf. C.I. 7.70; Nov.
82.5. Le commentaire d’Olives est vraiment
singulier (Hieronymi Olives sardi, Commentaria
et Glosa in Cartam de Logu, cit., 132). Pour lui la procédure de la Carta d’Arborea aurait consenti aux
parties de faire appel quatre fois pour la même cause; mais Mameli (G.M. Mameli De’ Mannelli, Le Costituzioni di Eleonora giudicessa
d’Arborea intitolate Carta de Logu, cit.,
93 s. n. 138) considérait que la conclusion d’Olives était inacceptable. Sur ce chapitre, cf. également G. Zirolia,
Ricerche storiche sul governo dei Giudici
in Sardegna e relativa legislazione, cit., 187; E. Besta, La Sardegna
medioevale, 2. Le istituzioni
politiche, economiche, giuridiche, sociali, cit., 241.
[115] Trad.: «En outre nous ordonnons. Toute
personne qui se sentirait frappée par une sentence contraire peut se pourvoir en
appel immédiatement si elle le souhaite, de vive voix ou par écrit, dans les
dix jours à partir du moment où la sentence a été émise; elle doit ensuite se
faire délivrer le document de l’appel et les actes du procès et les présenter à
la cour dans les quinze jours qui suivent. A moins qu’elle ne soit pas en
mesure de donner les actes du procès dans les délais sus-cités à cause de la
négligence du notaire ou du copiste».
Hieronymi Olives
sardi, Commentaria et Glosa in Cartam de Logu, cit., 132 s.
[116] Trad.: «Nous voulons et nous ordonnons que,
afin d’éviter des dépenses à nos sujets et à nos litigants, pour toute sentence
ou pour tout jugement prononcé par notre armentariu
de logu ou par un de nos fonctionnaires à propos de différends ou de
litiges ne dépassant pas cent sous (cinq lires), il soit interdit d’en appeler
à Nous, ou à tout autre fonctionnaire ou même à nos auditeurs. Au cas où
l’appel serait présenté, nous voulons qu’il ne soit pas accepté et que la
sentence prononcée par nos officiers soit considérée comme définitive et soit
exécutée comme établi par les juges».
C.I. 7.62.37pr. Brièvement sur le chap. LXXX, voir Hieronymi Olives sardi, Commentaria et Glosa in Cartam de Logu,
cit., 133; G.M. Mameli De’ Mannelli,
Le Costituzioni di Eleonora giudicessa
d’Arborea intitolate Carta de Logu, cit.,
94 s.
[117] Plus en général, sur les tempora
appellandi, voir R. Orestano, L’appello civile in diritto romano, 2a ed., Torino 1953, 237 ss.
[118] Sur la discipline de l’appel, dans certains
cas en particulier à propos des normes fixées par Justinien, voir pour tous V. Scialoja, Procedura civile romana. Esercizio e difesa dei diritti, a cura di
A. Giannini, Roma 1936, 505 ss.; L. Wenger, Istituzioni di procedura civile romana, trad. it., Milano 1938, 302
ss.; L. Raggi, Studi sulle impugnazioni civili nel processo
romano, I, Milano 1961, notamment 109 ss.; A.H.M.
Jones, The Later Roman Empire,
284-602, Oxford 1974, 470 ss. [trad. it.: Il tardo impero romano, (284-602), Milano 1974, 695 ss.]; M. Kaser, Das römische Zivilprozessrecht, München 1966, 507 ss.; A. Padoa Schioppa, Ricerche sull’appello nel diritto intermedio, I, Milano 1967, 13
ss.; F. De Martino, Storia della costituzione romana, V,
2ème ed., Napoli 1975, 485 ss.; P.E.
Pieler, Gerichtsbarkeit. D.
Dominat, in Reallexikon für Antike
und Christentum, X, 1978, 391 ss., en particulier 434 ss.; I. Buti, La ‘cognitio extra ordinem’ da Augusto a Diocleziano, in Aufstieg und Niedergang der römischen Welt,
II.14, Berlin-New York 1982, 29 ss. (sull’appello 54 ss.); J. Caimi, Burocrazia e diritto nel «De magistratibus» di Giovanni Lido,
Milano 1984, 287 ss.; J.L. Linares Pineda,
Para un estudio de los límites de la
apelación romana, in Seminarios
complutenses de derecho romano III, 1991, 105 ss.; F. Goria, La giustizia
nell’impero romano d’Oriente: organizzazione giudiziaria, in La giustizia nell’alto medioevo (secoli
V-VIII), 7-13 aprile 1994, Settimane di studio del Centro Italiano di Studi
sull’Alto Medioevo XLII, Spoleto 1995, 273 ss.
[119] On trouve également la Novella 23, résumée de façon différente, dans les Épitomés grecs de
Théodore et Athanase (Epit. Theod. 23; Epit. Athan. 7.2) et dans l’Épitomé latin de Julien (Epit. Iuliani 24).
[120] Pour une analyse approfondie de la
constitution, W. Litewski, Die römische Appellation in Zivilsachen (IV),
in Revue internationale des droits de
l’antiquité, 3e s., XV, 1968, 152 ss.; Id.,
Die römische Appellation in Zivilsachen
(Ein Abriss), I. Principat, in Aufstieg
und Niedergang der römischen Welt, II.14, Berlin-New York 1982, 60 ss.; sur
la contenu de la Novella 23, cf.
également l’ouvrage de J. Caimi, Burocrazia e diritto nel «De magistratibus»
di Giovanni Lido, cit., 320 ss.
[121] Quant à la date de promulgation, 3 janvier
536, l’opinion de E. Stein, Histoire du Bas-Empire, II. De la
disparition de l’Empire d’Occident à la mort de Justinien (476-565), publié
par J.-R. Palanque,
Paris-Bruxelles-Amsterdam 1949 [réimpression Amsterdam 1968], 805 ss., est que
cette date devrait être corrigée en l’avançant d’un an exactement, c’est-à-dire
au 3 janvier 535. Cf., en accord avec la thèse de Stein, N. van Der Wal, Manuale Novellarum Justiniani. Aperçu systématique du contenu des Novelles de Justinien, Groningen-Amsterdam 1964, 144 note 3; J. Caimi, Burocrazia e
diritto nel “De magistratibus” di Giovanni Lido, cit., 321 ss.; enfin, sur
la même ligne, cf. aussi F. Goria,
La giustizia nell’impero romano
d’Oriente: organizzazione giudiziaria, in La giustizia nell’alto medioevo (secoli V-VIII), cit., 274 note.
[122] U. Zilletti, Studi sul processo civile
giustinianeo, Milano 1965, 256. M.
Amelotti, La prescrizione delle
azioni in diritto romano, Milano 1958, 153, avait déjà insisté sur le
caractère innovateur de la Novella
23.
[123] L’intention de mettre en œuvre une innovation
radicale en matière d’appel est explicitement affirmé par l’empereur dans la praefatio de la Novella 23.
[124] G. Pugliese, avec la collaboration de F. Sitzia e L. Vacca, Istituzioni di diritto romano. Sintesi,
Torino 1994, 208 s.: «I termini erano brevissimi [...] Giustiniano li fissò in
10 giorni, termine rimasto poi stabile per secoli nella tradizione
romanistica». Cf., V. Arangio-Ruiz, Istituzioni di diritto romano, XIV
édition revue, Napoli 1978, 153 s.; M.
Talamanca, Istituzioni di diritto
romano, Milano 1990, 371 ss.; P. Voci, Istituzioni di diritto romano, quatrième édition, Milano 1994, 224.
[125] Cette référence à un autre système normatif
disparaît complètement dans la traduction italienne du chapitre 78 proposée par
F.C. Casula, La “Carta de Logu” del regno di Arborea, cit., 109. Casula, avec
une ‘liberté’ surprenante traduit la phrase «infra su tempus ordinadu daessa ragione» par l’expression «in tempo
ragionevole» qui, du point de vue linguistique, n’est pas fidèle au texte et,
du point de vue juridique, est tout à fait insignifiante. Il vaut mieux suivre,
encore une fois, la traduction de G.M.
Mameli De’ Mannelli, Le
Costituzioni di Eleonora giudicessa d’Arborea intitolate Carta de Logu, cit., 93.
[126] Pour une vision générale de cette matière, je
renvoie à E. Besta, La Sardegna medioevale, 2. Le istituzioni politiche, economiche, giuridiche, sociali, cit., 181 ss. Cf. en outre G. Zirolia,
Ricerche storiche sul governo dei Giudici
in Sardegna e relativa legislazione, cit., 179 ss.
[127] Pour l’intégration, j’ai suivi le texte du
manuscrit: E. Besta-P.E. Guarnerio,
Carta de Logu de Arborea. Testo con prefazioni illustrative, cit., 45.
[128] Trad.: «Nous voulons et ordonnons que
personne dans notre règne d’Arborea n’ait l’habitude, ou doive, déshériter ses
enfants, ou ses petits-enfants nés de ses enfants, des droits qui leur
reviennent pour l’héritage de leur père, ou de leur mère, sauf si leur père ou
leur mère avant de mourir ont voulu disposer contre ces enfants, ou petits-enfants,
une juste cause d’exhérédation et cette juste cause doit être légitimement
prouvée par ceux qui ont hérité des biens dans les délais d’un mois à compter
de la mort du testateur».
Cf. le vaste commentaire, fortement ancré à
la doctrine du ius commune, de Hieronymi Olives sardi, Commentaria
et Glosa in Cartam de Logu, cit., 143 ss.
[129] Trad.: «Nous constituons et nous ordonnons
que, si quelqu’un donne en mariage sa fille avec une dot, il n’est tenu à lui
laisser pendant sa vie ou à sa mort rien de plus que ce qu’il lui a déjà donné,
si ce n’est par sa volonté. Si toutetefois il n’a pas d’autres enfants, il
devra laisser (à sa fille mariée) sa part selon la raison (= la totalité de la
“légitime”), en comtant dans cette part la dot qu’elle avait eue précédemment.
Il en est de même pour tous ses descendants. Il pourra disposer du reste à son
gré. S’il meurt intestat, sa fille mariée lui succèdera, avec ses frères et ses
sœurs (du mort), la dot qu’elle avait déjà eue sera déduite de la part (de
sa fille)».
[130] Hieronymi Olives
sardi, Commentaria et
Glosa in Cartam de Logu, cit., 146; sur cette même ligne, G.M. Mameli De’ Mannelli, Le Costituzioni di Eleonora giudicessa
d’Arborea intitolate Carta de Logu, cit.,
110 note 161.
[132] Sur le contenu de la Novella,
voir entre autres: C.F. Glück, Ausführliche Erläuterung der Pandecten nach
Hellfeld ein Commentar, VII. 1, Erlangen 1804, 209 ss. [Commentario alle Pandette di Federigo Glück,
Libro V, traduit et annoté par B. Brugi, Milano 1893, 507 ss.]; C. Ferrini, Manuale di Pandette, Milano 1900, 780 s.; B. Windscheid, Diritto
delle Pandette, III, trad. it. de C. Fadda e P.E. Bensa, [Nuova rist.
stereotipa] Torino 1925, 274 ss.; P.
Bonfante, Istituzioni di diritto
romano, [Opere complete di Pietro
Bonfante, X] Ristampa corretta della 10a ed. (1946) a cura di G. Bonfante e
di G. Crifò, Milano 1987, 514; P. Voci,
Diritto ereditario romano, II. Parte
speciale. Successione ab intestato. Successione testamentaria, 2ª ed.,
Milano 1963, 738 ss.; A. Burdese, Manuale di diritto privato romano, 3a
ed., Torino 1975, 671; V. Arangio-Ruiz,
Istituzioni di diritto romano, cit.,
549 s.; G. Pugliese, Istituzioni di diritto romano. Sintesi,
cit., 571; M. Talamanca, Istituzioni di diritto romano, cit.,
772; P. Voci, Istituzioni di diritto romano, cit., 624 s.; M. Marrone, Istituzioni di Diritto Romano, 2ª ed., Palermo 1994, 663.
Quant à l’influence de la Novella
115 sur la législation médiévale, notamment sur la législation lombarde, voir B. Paradisi, Il prologo e l’epilogo dell’Editto di Rotari, in Studia et documenta historiae et iuris
XXXIV, 1968, 16; sur la même ligne, N.
Tamassia, Le fonti dell’Editto di
Rotari, Pisa 1889, 16; E. Besta,
Le fonti dell’Editto di Rotari, in Atti del I Congresso di studi longobardi
(27-30 settembre 1951), Spoleto 1952, 67 note 12. Plus en général, P. Frezza, L’influsso del diritto romano giustinianeo nelle formule e nella prassi
in Italia, [Ius Romanum Medii Aevi, pars I, 2, c ee] Milano 1974.
[133] Je cite le texte de la Novella dans la version latine de Authent. 111 = Coll. 8 tit. 12: gloss. Cfr. E. Nardi, Istituzioni di diritto romano, B. Testi 2,
Milano 1975, 276 ss.
[135] C. Ferrini, Manuale di Pandette,
cit., 780 s.; sur la même ligne, G.
Pugliese, Istituzioni di diritto
romano. Sintesi, cit., 571; la position de M. Talamanca, Istituzioni di diritto romano, cit., 772, apparaît plus réductrice quant
à la portée des innovations introduites par la Novella.
[136] P. Voci, Diritto ereditario romano,
II. Parte speciale. Successione ab intestato. Successione testamentaria,
cit., 740.
[137] Le iustae
causae ingratitudinis relatives aux enfants, édictées par l’empereur
Justinien dans la Novella 115, caput 3, sont les suivantes: [3.1] Si quis parentibus suis manus intulerit.
[3.2] Si gravem et inhonestam iniuriam
eis ingesserit. [3.3] Si eos in
criminalibus causis accusaverit, quae non sunt adversus principem seu
rempublicam. [3.4]
Si cum maleficis ut maleficus versatur, [3.5] vel vitae parentum suorum per venenum aut alio modo insidiari
temptaverit. [3.6] Si novercae suae
aut concubinae patris filius sese miscuerit. [3.7] Si delator contra parentes filius extiterit et per suam delationem
gravia eos dispendia fecerit sustinere. [3.8] Si quemlibet de praedictis parentibus inclusum esse contigerit, et
liberi qui possunt ab intestato ad eius successionem venire, petiti ab eo, vel
unus ex his in sua eum noluerit fideiussione suscipere vel pro persona vel
debito, in quantum esse qui petitur probatur idoneus. Hoc tamen quod de
fideiussione censuimus ad masculos tantummodo liberos volumus pertinere. [3.9] Si convictus fuerit aliquis liberorum, quia
prohibuit parentes suos condere testamentum, ut si quidem postea facere
potuerint testamentum, sit eis pro tali causa filium exheredandi licentia: … [3.10] Si praeter voluntatem parentum inter
arenarios aut mimos sese filius sociaverit et in hac professione permanserit,
nisi forsitan etiam parentes eius professionis fuerunt. [3.11] Si alicui ex praedictis parentibus volenti
filiae suae vel nepti maritum dare et dotem secundum vires substantiae suae pro
ea praestare illa non consenserit, sed luxuriosam degere vitam elegerit. … [3.12] Si quis de praedictis parentibus furiosus
fuerit, et eius liberi vel quidam ex his aut liberis ei non existentibus alii
eius cognati qui ab intestato ad eius hereditatem vocantur obsequium ei et
curam competentem non praebuerint, si quidem a tali sanus fuerit infirmitate,
erit ei potestas utrum velit neglegentem filium vel filios aut cognatos
ingratum vel ingratos in suo scribere testamento. … [3.13] Si unum de praedictis parentibus in
captivitate detineri contigerit et eius liberi sive omnes sive unus non
festinaverint eum redimere, si quidem valuerit calamitatem captivitatis
evadere, in eius sit potestate, utrum hanc causam ingratitudinis testamento suo
velit adscribere; … [3.14] Si quis de praedictis parentibus orthodoxus
constitutus senserit suum filium vel liberos non esse catholicae fidei nec in
sacrosancta ecclesia communicare, in qua omnes beatissimi patriarchae una
conspiratione et concordia fidem rectissimam praedicare et sanctas quattuor
synodos, Nicaenam Constantinopolitanam Ephesinam primam et Calchedonensem,
amplecti seu recitare noscuntur, ****** licentiam pro hac maxime causa ingratos
eos et exheredes in suo scribere testamento.
[139] Sas leges prosas cales si regint in Sardigna, in Carta de Logu. Riproduzione
dell’edizione quattrocentesca, cit., 46 B: Qui potest deseredare. Ponamus qui su padri bolit isderedari asu figiu:
podet illu faghiri: o non. Narat su testu quillu podet fagheri in XIIII
maneres. Sa prima esti sissu figiu battit a su padri. Sa segunda esti sillat
naradu villania. Sa III esti sillu accusat quinde curgiat in pena. Sa IIII esti
si habitat cum fardonis. Sa V esti si averit factu consigiu dellu ochiere. Sa
VI si su figiu avirit appidu mugiere de su padri over femina qui averit issu appidu.
Sa VII si su figiu accusat a su patri a su procuradore de su re. Sa VIII si
esseret tentu su patri et su figiu nondellu bolleret bogare de prigione. Sa IX
si su patri bolirit faghiri testamentu et issu fageri non boleret. Sa X si
habitat cum gentis condemnados a sa arena. Sa XI si esti figia femina et
boleret illa coyuare su padri, et issa non bolerit et bahat a su peccadu. Sas
XII sissa figia adiminus de XXV annis illa podet isderedare, ma sidi at plus de
XXV annus non la podet diseredare de su cat. Sas XIII si su patri est
sanu et poscha deventat machu over malaydu, et nolli darint ayudu de meygu: et
essu cant et plus. Sas XIIII si esseret tentu de paganis over de inimicus et
non lo bolerent recaptare. Sa quale q(uestione) est in autentico.
[141] V. Finzi, Questioni giuridiche esplicative della Carta
de Logu, cit., 126. V. Devilla, Casi di diritto agrario nelle c. d. “Questioni esplicative della Carta
de logu”, in Testi e documenti per la
storia del Diritto agrario in Sardegna, cit., 98.
[143] Carta
de Logu, Prologue: «Ici commence le livre des constitutions et ordonnances
sardes faites et disposées par la très illustre Dame Eleonora par la grâce de
Dieu “giudice” d’Arborea, comtesse du Goceano et vicomtesse de Bas, intitulé Carta de Logu, divisé en cent
quatre-vingt-dix-huit chapitres. Afin que les provinces, les régions et les
terres s’inclinent et se soumettent à la Justice pour mieux grandir et
s’élever, et que grâce aux bons articles de la loi l’orgueil des coupables et
des méchants soit freiné et réprimé et qu’ainsi les bons, les purs et les
innocents puissent vivre dans la tranquillité et sûrs face aux coupables car
ceux-ci craignent les châtiments, et que ces mêmes bonnes personnes soient
obéissantes aux chapitres et aux ordonnances de cette Carta de Logu en vertu de l’attachement, nous Eleonora par la grâce
de Dieu juighissa d’Arborea, comtesse
du Goceano et vicomtesse de Bas, désirant que les fedelis (les vassaux continentaux) et les sujets de notre royaume
d’Arborea soient informés des chapitres et ordonnances grâce auxquels ils
pourront vivre et rester sur la voie de la vérité et de la Justice, et en bon,
pacifique et tranquille état, en l’honneur de Dieu tout-puissant et de la
glorieuse vierge Sainte Marie sa mère, et pour préserver la Justice et le
pacifique, tranquille et bon état du peuple de notre royaume, des églises, des
droits ecclésiastiques, des li(b)eros,
des bonos homines, et de tous les
gens de notre terre et du royaume d’Arborea, nous faisons les ordonnances et
les chapitres mentionnées ci-dessous et nous voulons et commandons expressément
qu’ils soient respectés et observés comme loi, aussi bien en jugement qu’en
dehors, par toute personne de notre “Giudicato” d’Arborea. La Carta de Logu qui fut faite grâce à une
importante disposition par feu le juge Mariano notre père, en qualité de
souverain légitime d’Arborea, et qui n’a pas été rectifiée depuis seize ans, et
qui par conséquent nécessite de corrections et d’amendements à cause de
l’évolution des temps qui l’ont suivie, et de la condition des hommes qui
depuis l’a beaucoup changée, d’autant plus que chacun est plus enclin à faire le
mal plutôt que le bien de la res publica
sarde, avec réflexion déterminée nous la corrigeons, nous la faisons et la
transformons de mieux en mieux, et nous ordonnons qu’il faut l’observer
intégralement à partir de Pâques de la façon susdite, et c’est-à-dire» (d’après
la traduction de F.C. Casula).
Sur les principes fixés
par Eleonora d’Arborea et sur la division du prologue, voir A. Era, Lezioni di storia delle istituzioni giuridiche ed economiche sarde. Parte I e II § 1, cit., 326 s.; Id.,
Le ‘Carte de logu’, in Studi sassaresi XXIX, cit., 15 ss.
[144] F. Crosara, Republica e respublicae.
Cenni terminologici dall’età romana all’XI secolo, in Atti del Congresso Internazionale di diritto romano e di storia del
diritto, Verona 27-29 XI 1948, a cura di G. Moschetti, IV, Milano 1953, 227
ss.
Sur l’utilisation du terme par rapport à Civitas et à Commune, voir entre autres: P.
Costa, Iurisdictio. Semantica del potere politico nella
pubblicistica medioevale (1100-1433), Firenze 1969, 232
ss.; M. Staszków, ‘Civitas’ et ‘Respublica’ chez les
glossateurs, in Studi in onore di
Edoardo Volterra, III, Milano 1971, 605 ss.; O. Banti, «Civitas» e
«Commune» nelle fonti italiane dei secoli XI e XII, in Id., Studi
di storia e di diplomatica comunale, Roma 1983, 1 ss.; I. Birocchi, v. Persona giuridica nel diritto medioevale e moderno, in Digesto. Delle discipline privatistiche,
XIII, Torino 1996, 407 ss.; Id., Contratto e persona giuridica pubblica.
Spigolature su “causa”, “communis utilitas” e diritto dei privati nell’età del
diritto comune, in I rapporti
contrattuali con la pubblica amministrazione nell’esperienza storico-giuridica.
Atti del Congresso internazionale della
Società Italiana di storia del diritto, Torino 17-19 ottobre 1994, Napoli
1997, 239 ss.
[145] Cf. Irnerio, Glo. ad l. Lex est, ff. De legibus, v.
reipublicae (ed. E. Besta, L’opera d’Irnerio. Contributo alla storia
del diritto italiano, II. Glosse
inedite d’Irnerio al Digestum Vetus, Torino 1896, 5): (reipublicae) scilicet populi, quod unum et idem est re ipsa; secundum
diversas inspectiones hec nomina recipit; populus universitatis iure precipit.
[146] Glossa, Reipublicae, in Authenticum, De haeredibus et Falcidia,
v. reipublicae (Reipublicae, idest totius imperii. Sic in prooemio ff. in princip. Et
nota quod tribus modis respublica dicitur. Primo Romanorum, ut hic. Item pro
civitate Romana tantum: et tunc proprie: ut ff. de verbo. signific. l. eum qui.
Item pro qualibet civitate: et tunc improprie: ut C. de offic. eius qui vicem al. iu. obt. l. j. Ponitur et quarto
pro quolibet municipio: ut ff. de pub. et vec. l. sed et hi. § penult.).
[147] R. Carta Raspi, Mariano IV, conte del Goceano, visconte di
Bas, giudice d’Arborea, Cagliari 1934, en particuluer 149 ss.; F.C. Casula, La Sardegna aragonese, 1. La
Corona d’Aragona, Sassari 1994, 263 ss.; 2. La Nazione sarda, cit., 377 ss.; Id.,
Cultura e scrittura nell’Arborea al tempo
della Carta de Logu, cit., 88 ss.
[148] Sur les caractéristiques intrinsèques de la protection juridique
réservée aux terrains cultivés, voir I. Birocchi,
La consuetudine nel diritto agrario
sardo, riflessioni sugli spunti offerti dagli Statuti sassaresi, in Gli Statuti sassaresi. Economia, Società,
Istituzioni a Sassari nel Medioevo e nell’Età Moderna. Atti del convegno di studi. Sassari, 12-14 maggio 1983, a cura di
A. Mattone e M. Tangheroni, Sassari 1986, 344.
[149] En Sardaigne, les racines du conflits
agriculture/élevage sont très anciennes; déjà pendant la domination romaine des
divergences entre bergers et paysans se vérifiaient assez fréquemment. Ceci est
attesté dans la documentation épigraphique:
La Tavola di Esterzili. Il conflitto tra pastori e contadini nella ‘Barbaria’ sarda. Convegno di Studi.
Esterzili 13 giugno 1992, a cura di A.
Mastino, Sassari 1993. Pour la
“continuité” de ce conflit à l’époque moderne et contemporaine, voir les pages
consacrées à la Sardaigne centrale par M. Le Lannou,
Pâtres et paysans de la Sardaigne,
Tours 1941.
[150] A. Era, Il codice agrario di Mariano IV d’Arborea,
in Testi e documenti per la storia del
Diritto agrario in Sardegna, cit., 15 ss.; et Barbara Fois, Il “Codice rurale” di Mariano IV d’Arborea,
in Medioevo. Saggi e rassegne VIII,
1983, 41 ss.
[151] Cf. E. Besta, La Carta de Logu quale monumento
storico-giuridico, cit., 13; A. Era,
Il codice agrario di Mariano IV d’Arborea,
cit., 5; E. Cortese, Il diritto nella storia medioevale, II. Il basso medioevo, cit., 350.
[152] C.G. Mor, Le disposizioni di diritto agrario nella Carta
de logu di Eleonora d’Arborea, in Testi
e documenti per la storia del Diritto agrario in Sardegna, cit., 35.
[153] Sur la définition de ces concepts,
assimilables aux concepts de causa publica utilitas et de bonum commune, voir quelques aperçus sommaires
de I. Birocchi, Contratto e persona giuridica pubblica. Spigolature su “causa”, “communis
utilitas” e diritto dei privati nell’età del diritto comune, in I rapporti
contrattuali con la pubblica amministrazione nell’esperienza storico-giuridica,
cit., 260 ss.
[154] Dans les éditions imprimées de la Carta de Logu, le prologue du “Code
rural” suit le chapitre cxxxii.
[155] Sur utilitas, avec un
important recueil de textes juridiques romains, voir F.B. Cicala, Il concetto di “utile” e sue applicazioni in diritto romano,
Milano-Torino-Roma 1910; M. Navarra,
Ricerche sulla utilitas nel pensiero dei giuristi romani,
[Collectanea Graeco-Romana, 4] Torino 2002.